Les huissiers et les chauffeurs des membres du Conseil fédéral sont pour certains l'âme de leur département. Fidèles, loyaux et discrets, ils assistent les conseillers, transportent leurs documents, exécutent pour eux des missions de toutes sortes, sont responsables du trafic postal et de la circulation des dossiers, leur servent du café, les conduisent jour et nuit. Le salaire que ces fidèles perçoivent n'est pas exorbitant: un huissier gagne au maximum 7500 francs par mois, tout comme les chauffeurs du gouvernement.
Mais la ministre des Finances Karin Keller-Sutter (PLR) est en train de remettre en question ces «institutions», pour des raisons d'économie. Depuis l'année dernière, elle renonce au véhicule de présentation et à avoir son propre chauffeur. A la place, elle loue une voiture et son chauffeur à une entreprise privée.
La ministre des Finances a également décelé un potentiel d'économies chez son huissier. Selon les observateurs, on lui aurait annoncé que son temps de travail serait réduit à 60%. Ce dernier aurait alors démissionné.
Toutefois, selon Pascal Hollenstein, chef de la communication de la ministre des Finances, cette version des faits n'est pas correcte. Il n'était pas question de réduire le temps de travail de la personne concernée. Ni même de faire des économies. On a constaté que la personne concernée n'était pas suffisamment occupée par son travail d'huissier. C'est pourquoi il a été envisagé de l'employer partiellement au service de restauration du «Bernerhof».
L'huissier aurait ainsi lui-même décidé de prendre un poste à l'Office fédéral des constructions et de la logistique (OFCL). Ueli Maurer, ancien conseiller fédéral, avait déjà agi ainsi en laissant son huissière travailler partiellement dans la restauration. La nouvelle huissière du Département des finances travaille également de cette manière.
En ce qui concerne la renonciation à un chauffeur personnel et à une voiture d'Etat, selon le Département des finances (DFF), la solution introduite en 2023 après la retraite du précédent chauffeur s'est avérée efficace.
A la question de savoir combien avaient été économisés, le DFF a répondu que «les trajets effectués l'année dernière pour la cheffe du Département représentaient un taux d'activité d'environ 30 %.»
Dans la pratique, l'huissier, le chauffeur et le véhicule entretenu par la Confédération font également partie du dispositif de sécurité entourant les membres du Conseil fédéral – l'ancien huissier de Karin Keller-Sutter était un ex-lutteur. Et le personnel employé par la Confédération est soumis au secret de fonction, ainsi qu'à des contrôles de sécurité relatifs aux personnes (PSP) afin d'éviter autant que possible les mauvaises surprises et les risques. Les voitures sont régulièrement contrôlées par le Service fédéral de sécurité (SFS).
Qu'en est-il des chauffeurs qui travaillent pour des entreprises privées? Et qui s'assure de la sécurité de véhicules? Le DFF estime que de telles préoccupations sont infondées.
Il ne donne pas le nom de l'entreprise. Celle-ci est enregistrée auprès de la Base logistique de l'armée (BLA) en tant qu'entreprise partenaire civile et effectue également d'autres missions pour cette dernière, «notamment pour d'autres magistrats».
En cas d'intervention relevant de la sécurité, les chauffeurs sont en contact avec le SFS ainsi qu'avec les polices cantonales compétentes.
Le Département ne voit pas non plus de problème au niveau du véhicule: la voiture utilisée, une Mercedes S500 4Matic de 2014, «est utilisée par l'entreprise exclusivement pour les trajets avec la conseillère fédérale et se trouve dans un garage individuel».
Traduit et adapté par Team watson