Suisse
Marcus Ritter

Ritter ou Pfister au Conseil fédéral: les critères d'élection

Martin Pfister et Markus Ritter, le Palais fédéral en arrière-plan.
Martin Pfister et Markus Ritter, le Palais fédéral en arrière-plan. image: montage watson

Pfister ou Ritter? Ces 6 critères feront l'élection au Conseil fédéral

Défense européenne, bilatérales, canton, grade à l'armée, promesses, personnalité: ces critères décideront de l'élection de Markus Ritter ou de Martin Pfister mercredi au Conseil fédéral.
10.03.2025, 18:5012.03.2025, 09:52
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Il y a six semaines encore, tout le monde semblait fuir ce département réputé ingrat qu’est la Défense, le DDPS. Pas sûr que tout le monde, à présent, se battrait pour lui, mais les bouleversements stratégiques provoqués dans l’intervalle par le changement de pied américain le place au centre du jeu, du moins en Europe. Si bien qui celui qui sera élu à sa tête mercredi à Berne, Markus Ritter ou Martin Pfister, sera en droit de rouler les mécaniques aux séances hebdomadaires du Conseil fédéral.

La coopération avec l'Europe de la défense

Justement, le bouillonnement stratégique européen suscité par Donald Trump et Vladimir Poutine jouera-t-il un rôle dans le choix du successeur de Viola Amherd? Depuis que le Conseil national a adopté, le 6 mars, par 115 voix contre 66, ces dernières quasiment toutes UDC, une déclaration invitant le Conseil fédéral à coopérer davantage avec l’Europe en matière de défense, on se dit que Martin Pfister tient la corde. Le Zougois passe en effet pour plus ouvert que son concurrent saint-gallois sur les dossiers européens, le militaire en particulier.

Sauf que, sur l’Europe, les deux candidats du Centre se sont, paraît-il, montrés prudents lors de leurs auditions par les groupes parlementaires. Il s’agissait pour eux d’éviter tout faux pas qui les rangerait dans des catégories extrêmes disqualifiantes: l’isolationnisme d’une part, l’europhilie béate d’autre part. Markus Ritter, l’actuel président de l’Union suisse des paysans, supposément moins disposé à coopérer avec l'Europe, serait «très conscient des enjeux liés à la défense européenne et à la préservation de la Genève internationale», selon un parlementaire fédéral.

Le soutien aux bilatérales III

Le dossier des bilatérales III ne permettrait pas plus de départager Markus Ritter et Martin Pfister. Tous deux les soutiennent. Mais le second sait tout l’avantage que représentent pour son canton, Zoug, les relations économiques avec l'Allemagne, le principal partenaire commercial de la Suisse. Il pourrait être plus investi, pense-t-on, dans la défense des bilatérales III que le Saint-Gallois, dont l’activité paysanne tire parti d’un certain protectionnisme.

Si la gauche devrait voter pour Martin Pfister, qu'elle perçoit comme plus progressiste que Markus Ritter, pour qui votera la «gauche Maillard», celle incarnée au Parlement par le président de l’Union syndicale suisse, le conseiller aux Etats vaudois Pierre-Yves Maillard?

Cet élu écologiste estime qu’il y a «beaucoup de tactique» dans l’attitude du Vaudois face aux bilatérales III.

«L'intransigeance syndicale de Pierre-Yves Maillard vise à obtenir le plus de concessions possibles de la droite patronale. Je ne crois pas à un vote Maillard anti-Pfister dicté par la question européenne»
Un élu écologiste

L'importance de l'origine cantonale

Outre les grands dossiers, ce sont des aspects liés à la personnalité et à l’origine cantonale qui pourraient décider, in fine, du sort de l’élection. Markus Ritter est saint-gallois, or il y a déjà un conseiller fédéral, en l’occurrence une conseillère fédérale du canton de Saint-Gall au Conseil fédéral, Karine Keller-Sutter. L'origine cantonale n’est pas rédhibitoire, sinon Markus Ritter ne se serait pas lancé dans la course, mais cet argument peut opérer à la marge.

Le grade à l'armée

Martin Pfister est colonel à l’armée. Potentiellement, un atout par rapport à son adversaire, simple appointé. Mais la démocratie suisse ne cultive pas l’élitisme, si bien que cet important saut hiérarchique militaire entre les deux hommes pourrait n’avoir aucune importance. Sauf si une majorité de l’Assemblée fédérale estime que le grade élevé du Zougois présente un avantage pour prendre la direction du DDPS, qui plus est dans l’actuelle incertitude stratégique prévalant en Europe et alors qu’il faudra repourvoir deux postes éminents dans les prochains mois, celui de chef de l’armée et celui de chef des renseignements.

Lequel respectera le plus ses promesses?

Autre condition à laquelle les parlementaires semblent accorder de l’importance: le sérieux de l’engagement. Au moment où le DDPS, secoué par des affaires, a besoin de retrouver le calme et un cap, il a été demandé à Ritter comme à Pfister de s’engager à ne pas lâcher la Défense pour un autre département à la moindre occasion. Ils ont promis fidélité, mais personne n’est dupe.

L’Economie, qui chapeaute l’agriculture, pourrait être libre en 2027 si l’UDC Guy Parmelin, son titulaire, s'en va au terme de son année présidentielle de 2026. Une possible rocade alors et l’éventualité que ce soit Markus Ritter, le patron du puissant lobby paysan, qui hérite de l’Economie, pourraient nuire aux chances du Saint-Gallois mercredi, le Parlement souhaitant limiter le «pouvoir paysan» sous la coupole fédérale.

Un autoritaire ou un consensuel?

Reste la personnalité proprement dite. Celle de Markus Ritter est réputée directive, voire autoritaire, ce qui peut avoir tout son intérêt à la tête de la Défense, si l’on pense que ce département a besoin d’un patron. Celle de Martin Pfister apparaît comme plus consensuelle. Cela pourrait plaire à une majorité de l’Assemblée fédérale, dès lors qu’elle attendrait du nouvel élu qu'il compose avec ses collègues du Conseil fédéral sans faire d’esclandre.

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