Les étés sont de plus en plus chauds en Suisse: voici à quel point
Quand, en juillet dernier, certains météorologues avaient déclaré que l'été de cette année pouvait ressembler à celui de 2003, de nombreuses personnes ont dû avoir des sueurs froides. Maintenant que la belle saison est définitivement derrière nous, on peut affirmer que le scénario du pire ne s'est pas produit. Pourtant, ces deux étés présentaient effectivement des similarités: dans les deux cas, les mois de juin et d'août ont été extrêmement chauds, alors que juillet a été plutôt frais.
Le record de 2003 a, d'ailleurs, failli être battu en juin, qui a été le deuxième le plus chaud de l'histoire, après celui d'il y a 22 ans. Le soleil a tapé très fort également en août 2025, qui se classe au huitième rang. L'été dans sa globalité a été le septième le plus chaud depuis le début des mesures, en 1894. Il est précédé par ceux de 2003, 2022, 2023, 2015, 2018 et 2024.
Comme ces chiffres le suggèrent, la hausse des températures devient de plus en plus rapide. Six des sept étés les plus chauds de l'histoire ont eu lieu lors des dix dernières années. MétéoSuisse confirme:
Pour comprendre à quel point le climat se réchauffe en Suisse, nous avons jeté un coup d'oeil à plusieurs indicateurs: l'évolution du nombre de journées et des nuits tropicales, la durée des vagues de chaleur et la progression de la mortalité. Comme MétéoSuisse ne dispose pas de données relatives à tout le pays, nous avons sélectionné plusieurs stations de mesure situées en terres romandes.
Journées tropicales
On parle de journée tropicale lorsque la température maximale atteint 30°C ou plus. Au cours des dernières décennies, elles sont devenues plus fréquentes, indique MétéoSuisse. Cela est clairement visible dans le graphique ci-dessous, montrant le nombre de jours tropicaux par année à Genève. Malgré d'importantes fluctuations - on se souvient par exemple de l'été 2021, frais et pluvieux -, la tendance globale est nettement à la hausse.
A l'exception de 2003, les années cumulant le plus grand nombre de journées tropicales ont eu lieu lors des dix dernières années. Depuis quelque temps, ces jours peuvent également se produire en mai ou septembre, alors que, au 20e siècle, ils ne se manifestaient qu'entre juin et août.
Les données relatives à la ville de Sion montrent la même tendance. Avec 49 journées tropicales, l'été 2022 a frôlé le record de 2003 (50). Cette année également, le nombre de jours de chaleur a été très élevé (36).
La hausse des températures n'épargne pas les localités de montagne. Château-d’Œx (VD), commune située à environ 1000 mètres d'altitude, a connu très peu de journées tropicales pendant les années 1980 et 1990. Depuis 2015, et malgré les fluctuations, leur nombre explose.
Nuits tropicales
Les journées caniculaires s'accompagnent souvent de nuits tout aussi chaudes. Elles sont qualifiées de «tropicales» lorsque la température minimale ne descend pas au-dessous des 20°C.
«Jusqu'au début du 21e siècle, il n'y avait pratiquement pas de nuits tropicales en Suisse et elles n'apparaissaient que de temps en temps au Tessin», rapporte MétéoSuisse. Depuis quelques années, leur nombre est pourtant en train d'augmenter.
Neuchâtel illustre parfaitement cette situation. La ville n'a connu presque aucune nuit tropicale jusqu'à la canicule de 2003. Depuis, elles sont de plus en plus nombreuses. MétéoSuisse en a recensé 14 en 2015, 11 en 2023 et 2025, ainsi que 8 en 2018.
Même scénario à Genève, où les nuits tropicales augmentent de manière marquée depuis quelques années. La distinction entre le 20 et le 21e siècle est particulièrement frappante.
«Si les émissions globales de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement réduites, il faut s'attendre à une forte augmentation du nombre de nuits tropicales dans les régions de basse altitude de la Suisse d'ici le milieu de ce siècle», prévient MétéoSuisse.
Vagues de chaleur
Les températures tropicales peuvent devenir particulièrement désagréables lorsqu'elles durent pendant plusieurs jours d'affilée. C'est ce qu'on appelle une vague caniculaire. En 2025, la Suisse a vécu deux épisodes de ce type, en juin et en août. Le deuxième a été particulièrement chaud et long.
L'été 2003 détient encore le record de la plus longue vague de chaleur, comme le montre le graphique ci-dessous, relatif à la station de mesure de Pully, près de Lausanne. Cette année-là, la canicule a duré 12 jours de suite. Là encore, la tendance est à la hausse: les épisodes de forte chaleur sont de plus en plus longs.
Selon les prévisions de MétéoSuisse, notre pays doit s’attendre à une nouvelle augmentation et à une intensification des canicules d’ici la fin du 21e siècle.
La mortalité
L'augmentation des températures a un impact direct sur la santé. «Les canicules représentent une charge extrême pour le corps humain et peuvent le mettre en danger», explique MétéoSuisse. La forte chaleur peut notamment entraîner des maladies cardiaques, circulatoires et respiratoires et réduire les performances mentales et physiques.
Les nuits tropicales peuvent également se révéler dangereuses, surtout pour les individus vulnérables, tels que les personnes âgées et malades, les femmes enceintes et les enfants en bas âge.
La bonne nouvelle est que le nombre de morts attribués à la chaleur ne suit pas l'évolution des températures. A l'exception du pic de l'été 2003, les autres années affichent des valeurs plus contrastées.
«L'impact sur la mortalité est aujourd'hui plus faible que par le passé», commente l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). «Cette observation indique que la société s'est partiellement adaptée à la charge croissante de chaleur». Les mesures de prévention adoptées ces dernières années semblent donc porter leurs fruits.
Pourtant, le taux de mortalité a augmenté lors des journées chaudes et très chaudes, complète l'OFEV. La raison? «Une plus grande fréquence de ces jours».
