La différence est significative: 740 décès de moins entre le 20 janvier et le 27 avril, sur un total de 1687 morts enregistrés. Cela représente une baisse de 31% par rapport à la moyenne observée sur la même période entre 2017 et 2019.
Interrogé sur cette anomalie dans les statistiques hebdomadaires des décès, l'Office fédéral de la statistique répondait, il y a deux semaines, qu'aucune modification n'avait été apportée à la méthode de collecte des données. Berne confirmait que la mortalité des 0 à 64 ans est effectivement relativement faible depuis le début de l'année 2025 et soulignait que les raisons de ce phénomène restaient encore inconnues.
De meilleurs traitements contre le cancer? Moins de morts sur les pistes de ski? Les suppositions étaient nombreuses. En réalité, la sous-mortalité observée s'expliquerait par des données manquantes ou erronées.
C'est Dominik Steiger, expert zurichois en numérisation dans le domaine de la santé, qui a levé le voile sur cette anomalie. Depuis la pandémie, il suit de près les variations de surmortalité et de sous-mortalité et cette baisse soudaine ne lui a pas échappé. En observant l'évolution de la courbe des décès, il avait déjà relevé une sous-mortalité étonnante à la fin de l'année 2024. Mais le 4 mars 2025, cette chute avait soudainement disparu des statistiques.
En effet, l'Office fédéral de la statistique avait ajouté de nombreux décès, principalement répartis sur les mois de novembre et décembre 2024:
Effectivement, Hagen Zandt, responsable du suivi de la mortalité à l'Office fédéral de la statistique (OFS), explique que l'OFS procède entre janvier et juin au traitement annuel final de toutes les données démographiques de l'année précédente. Ce processus permet de vérifier et de corriger les anomalies. Ainsi, selon Hagen Zandt, 1600 décès supplémentaires ont été ajoutés à la base de données pour l'année 2024, le 4 mars dernier.
Il est logique de penser que la sous-mortalité observée entre janvier et avril est liée au même phénomène. Steiger déclare:
Pourquoi l'OFS n'a-t-il pas signalé ces mises à jour tardives quand nous l'avons interrogé? Aucune réponse n'a encore été apportée. Hagen Zandt se contente d'expliquer que les données sont fournies par les offices d'état civil:
Cependant, le problème ne semble probablement pas venir des cantons, puisque cette sous-mortalité hivernale a été observée partout, à trois exceptions près.
Sur la page de l'OFS dédiée au suivi de la mortalité, il est indiqué que le flux des déclarations des offices d'état civil est normalement considéré comme stable:
Ainsi, seules 2,5% des déclarations sont enregistrées plus tard dans l'année.
Le fait que la clôture de l'année statistique entraîne des fluctuations aussi importantes que celles observées fin 2024 ou début 2025 est donc exceptionnel:
Un élément qui reste à élucider. Les données des offices d'état civil sont collectées par l'Office fédéral de la justice via le registre électronique Infostar. Elles sont ensuite transmises à l'OFS par le biais du service de données Sedex. C'est quelque part à ce niveau que le dysfonctionnement se produit.
Traduit et adapté par Noëline Flippe