L'UDC Jura a affiché mercredi soir lors de son assemblée ses divisions sur le Concordat réglant le transfert de Moutier (BE). Après de longs débats parfois émotionnels, le parti recommande par 9 voix contre 8 et 10 abstentions d'accepter cet accord qui sera soumis le 22 septembre simultanément à la population des cantons de Berne et du Jura.
Pour une très courte majorité des membres, il faut clore la question de Moutier. Les débats ont essentiellement porté sur des questions financières, mais il aussi été question de la place de l'Ajoie dans un canton du Jura avec Moutier. Certains membres redoutent que l'arrivée de la cité prévôtoise ne prétérite cette région.
«On n'a pas les moyens d'accueillir Moutier, c'est une catastrophe financière pour le canton», a déclaré le député Yves Gigon:
Pour l'élu, le transfert de Moutier coûtera au bas mot 100 millions.
«On ne sera ni plus pauvre ni plus riche», a déclaré de son côté le député Philippe Rottet qui a défendu le oui:
Le conseiller national Thomas Stettler a lui aussi appelé à accepter le Concordat. «A terme, on sera un canton plus fort».
«Un oui clôt définitivement la Question jurassienne», a affirmé le vice-président de la section jurassienne de l'UDC John Moser, estimant qu'il faut montrer un signe à «nos amis prévôtois» et respecter leur choix de rejoindre le canton du Jura.
Avant l'UDC, le Centre, le PLR et les Vert-e-s se sont prononcés en faveur du Concordat. Dans le canton de Berne, l'UDC a appelé au rejet du texte alors que le PLR recommande son approbation.
Si le 22 septembre la population de l'un des deux cantons devait dire non, le processus de transfert serait abandonné et Moutier resterait bernoise. Un tel scénario ouvrirait la voie à une période d'incertitude, situation que les deux cantons veulent éviter. Il n'y a pas de possibilité de renégocier le Concordat.
Jusqu'au 1er janvier 2026, date de l'accueil de Moutier, les coûts vont s'élever à 13 millions de francs. Il s'agit pour l'essentiel de dépenses liées à l'engagement de personnel. Le transfert va aussi entraîner un manque à gagner de l'ordre de 65 millions de francs avec l’adaptation décalée de la péréquation financière fédérale.
Le Parlement avait approuvé le Concordat en 2e lecture par 53 voix contre 1 et 5 abstentions. Lors des débats, des élus UDC avaient déjà affiché leur crainte que l'arrivée de Moutier ne pèse sur les finances cantonales.
Une fois le Concordat adopté, il reviendra à l’Assemblée fédérale d’approuver, en 2025, la modification du territoire. Une décision surtout formelle. C'est le 28 mars 2021 que les citoyens prévôtois ont choisi par 2114 voix contre 1740 de rejoindre le Jura. (jch/ats)