Conformément au tournus, la Suisse assume mardi pour la deuxième (et pour l'instant dernière) fois la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU. Un mois extrêmement chargé attend les diplomates suisses au vu des nombreux foyers de crise dans le monde. Au Proche-Orient, par exemple, une conflagration régionale menace.
Au Soudan, des millions de personnes souffrent de la famine causée par une guerre civile prolongée. Et dans la guerre d'Ukraine, la pression semble s'accroître sur le gouvernement de Kiev pour qu'il s'engage dans une solution négociée avec la Russie.
Tôt ou tard, de tels problèmes atterrissent au Conseil de sécurité des Nations unies, sans doute l'organe international le plus important. En tant que présidente de séance, l'ambassadrice de l'ONU Pascale Baeriswyl sera chargée de veiller à ce que des débats sérieux aient lieu. «Nous soutenons tous les efforts visant à stopper la spirale de la violence», déclare la diplomate en poste à New York depuis 2020.
Et bien sûr, la Suisse souhaite éviter que d'éventuelles propositions de solution soient bloquées par l'une des cinq puissances de veto. Les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni et la France peuvent bloquer les décisions prises à la majorité par le Conseil de sécurité en s'y opposant via un veto. Au cours des premiers mois de l'année 2024, cela s'est produit lors de cinq réunions, la Russie (trois fois) et les Etats-Unis (deux fois) ayant fait le plus souvent usage de leur droit de veto.
La Suisse, membre de l'ONU depuis 22 ans, jouit d'une excellente réputation au siège de New York - et pas seulement depuis l'élection du pays au Conseil de sécurité, où la Suisse, en tant que membre non permanent, pourra participer aux discussions autour de la table en fer à cheval en 2023 et 2024. Baeriswyl et son équipe de diplomates sont sûrs de leurs dossiers et toujours bien préparés, dit-on à New York. Ce sont des qualités utiles dans un comité qui se bloque souvent lui-même.
On peut supposer qu'en octobre, quelques conseillers fédéraux suivront également ces discussions à New York. Lorsque la Suisse a présidé pour la première fois le Conseil de sécurité en mai 2023, trois représentants du gouvernement ont fait le même voyage. Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis s'est rendu deux fois à New York, tandis que le président de la Confédération de l'époque, Alain Berset, et la ministre de la Défense Viola Amherd ont traversé l'Atlantique une fois chacun.
Reste à savoir quelle ombre la campagne électorale pour la présidence américaine jettera sur le fonctionnement du Conseil. Le gouvernement du président Joe Biden n'a aucun intérêt à faire parler de lui avec des décisions controversées en matière de politique étrangère à moins de 35 jours du scrutin, car cela pourrait nuire politiquement à la vice-présidente Kamala Harris, candidate démocrate à la présidence. A cet égard, les débats sur la situation au Proche-Orient sont particulièrement délicats.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)