Chaos dans la rue: «Il faut traiter les antifas comme les hooligans»
Berne panse ses plaies après le passage de plusieurs dizaines de casseurs, samedi, lors d’une manifestation propalestinienne non-autorisée. Près de 60 bâtiments ont été endommagés, alors que 20 personnes, dont 18 policiers, ont été blessées dans des heurts avec des éléments appartenant visiblement à la mouvance antifa. Les dommages sont estimés à plusieurs millions de francs.
«Le plus grand groupe était des Vaudois»
Le canton de Vaud en a pris pour son grade dans les déclarations du directeur de la sécurité de la ville de Berne dimanche à la RTS, Alec von Graffenried. Parmi les 536 personnes interpellées par la police anti-émeutes, «le plus grand groupe était des Vaudois», a-t-il indiqué, l’air excédé.
Joint par watson, le conseiller national et syndic de Sainte-Croix, l’UDC Yvan Pahud, annonce vouloir porter ces incidents devant le parlement fédéral lors de la prochaine session, en décembre. L’élu du Nord-vaudois propose d’élargir aux membres violents des mouvements extrémistes les mesures de contraintes appliquées aux hooligans. Ceux-ci peuvent être interdits de stade et obligés de se présenter devant une autorité compétente à des heures coïncidant avec la tenue de manifestations sportives.
Pour Yvan Pahud, «le problème de la violence politique, en dehors de l’islamisme radical, concerne principalement l’extrême gauche, autrement dit les antifas». Le député national-conservateur renvoie au dernier rapport sur la sécurité de la Suisse du Service de renseignement de la Confédération (SRC), où le nombre d’«événements violents» imputés à l’extrémisme de gauche de 2016 à 2024 oscille entre 53 et 115 par année, entre 1 et 5 s’agissant de l’extrémisme de droite.
A cinq mois des élections communales dans le canton de Vaud, la bataille à Lausanne la rose-rouge-verte s’annonçant homérique, la sécurité se profile comme un thème majeur de campagne, sur fond d’accusations de racisme contre la police lausannoise et de manifestations propalestiniennes non-autorisées dans le chef-lieu. Yvan Pahud ne se prive pas d'enfoncer le clou:
«Allez-y, c’est open bar!»
Le député PLR au Grand Conseil vaudois Xavier de Haller fait peu ou prou la même analyse.
L’élu PLR ajoute: «Contrairement à ce que les organisateurs de ces manifestations non-autorisées prétendent, ces dernières sont rarement animées de sentiments pacifiques. Celle qui, le 18 septembre à Lausanne, entendait protester contre la tenue le même jour d’un rassemblement pro-Israël et contre l’antisémitisme, ne l’était clairement pas, comme en attestaient les tenues masquées portées en tête de cortège.»
«Le fichage des gens, ça ne me séduit pas»
Ficher les extrémistes violents à la manière des hooligans? «Fondamentalement, le fichage des gens n’est pas une mesure qui me séduit», répond le vice-président du Parti socialiste vaudois et député au Grand Conseil, Alexandre Démétriadès, indiquant qu’il n’était pas «samedi à la manif de Berne». Sur les violences qui l’ont émaillée, l’élu PS réserve sa réponse.
Revenons au fichage des individus jugés dangereux. Le vice-président des socialistes vaudois «rappelle que le Service de renseignement de la Confédération peut déjà, aujourd’hui, ficher à des fins de surveillance les individus qu’il estime dangereux».
Il ajoute:
A noter qu’un projet de révision de la LRens est en cours pour donner de nouvelles compétences au SRC dans le domaine du numérique.
Lui non plus, Vincent Keller, n’était pas «à la manif» qui a dégénéré samedi à Berne, «mais je peux m’imaginer qu’il y a eu des débordements comme cela arrive parfois». Cet élu POP au Grand Conseil vaudois, «à la gauche du Parti socialiste», indique-t-il, se dit tout à fait opposé à un «fichage des individus en raison de leur idées et activités politiques».
Vincent Keller en est certain:
Le député POP s’oppose à «toute tentative de la droite et de l’extrême droite d’assouplir les garde-fous encadrant l’actuelle loi sur le renseignement, ce serait très dangereux».
«Laxisme»
La mise en cause de casseurs lausannois par la police bernoise intervient une semaine après l’affaire du t-shirt floqué «ACAB» (en français: tous les flics sont des salauds), porté en plein conseil communal de Lausanne par un élu d’Ensemble à gauche, Loris Socchi. De leur côté, les élus UDC du législatif du chef-lieu, par la voix de Patrizia Mori, candidate à l’exécutif, qui déplore à son tour «le laxisme de la municipalité lausannoise», ont déposé deux résolutions en réaction à la contre-manifestation du 18 septembre.
Elles demandent que la municipalité dénonce systématiquement les infractions commises durant les manifestations non autorisées et que toute mesure soit prise pour éviter que la liberté de manifester serve de prétexte à toute forme d’intimidation. Dans le même temps, la gauche presse la municipalité de s’expliquer sur son usage de la force en réponse à cette même contre-manifestation.