«L'école obligatoire est à bout de souffle», estime le Parti libéral-radical (PLR), dans un plan d'action présenté vendredi. Il regrette que trop d'élèves en fin de scolarité ne sachent plus calculer, ni lire correctement, que l'école inclusive «laisse tomber» les enfants en difficulté d'apprentissage comme les enfants doués et que le corps enseignant doive faire face à de plus en plus de bureaucratie.
Alors que les libéraux-radicaux ont introduit la gratuité de l'école obligatoire il y a environ 200 ans, la tâche leur revient à nouveau de conduire le système scolaire «vers un avenir prometteur», selon le parti.
Une formation solide et une école obligatoire fonctionnelle sont importantes pour la société, pour l'égalité des chances et pour une économie innovante, a indiqué le président du parti Thierry Burkart devant les médias à Berne.
Le PLR a donc déposé, ou va le faire, cinq interventions types dans les parlements cantonaux, «pour une école forte». Florence Bettschart-Narbel, vice-présidente du parti suisse et présidente du PLR Vaud, a parlé de «vision d'avenir pour nos enfants, à qui nous devons une formation de base excellente».
La première intervention demande des classes de soutien au lieu de l'école inclusive «à tout prix». Le parti plaide pour un enseignement adapté aux besoins de chaque enfant et pour une charge moins grande pour le corps enseignant. Cette intervention a été déposée à Genève, en Argovie, à Berne, à Bâle-Ville, à Lucerne, à Nidwald et à Soleure.
La deuxième exige des classes de langue pour les élèves allophones, pour qu'ils comprennent la langue locale avant d'intégrer une classe ordinaire. Pour réussir son parcours scolaire et sa formation, il est indispensable de disposer de compétences linguistiques suffisantes dans la langue d'enseignement, d'après le parti.
Il a déposé une intervention en la matière en Argovie, à Bâle-Ville et à Saint-Gall notamment. Les cantons romands connaissent déjà des classes d'accueil pour des enfants qui ne parlent pas français, et c'est un succès, a souligné Florence Bettschart-Narbel.
Dans les cantons de Neuchâtel, de Zoug, de Genève et d'Argovie, le PLR souhaite qu'il y ait moins de bureaucratie. Cette mesure doit permettre de pallier la pénurie de personnel.
Citant une étude de l'association des enseignants de Bâle-Campagne, la Vaudoise a relevé que plus de 90% des enseignantes et enseignants interrogés disent que les tâches administratives leur prennent beaucoup de temps. Elle a aussi mentionné l'école inclusive, qui implique de nombreux rapports à écrire, ce qui ne leur laisse que peu de temps à consacrer à l'enseignement, leur activité principale.
Le parti demande encore de «garantir la neutralité politique de l'école obligatoire», ne voulant «pas d'endoctrinement idéologique des enfants». Fustigeant la «publicité pour des idéologies de gauche», par exemple pour la grève du climat ou la grève féministe, il insiste sur «un climat de discussion ouvert». Les élèves doivent pouvoir se confronter à diverses opinions et perspectives.
Enfin, tout en saluant l'apport du numérique dans la formation, le PLR estime que les smartphones et appareils connectés n'ont pas leur place en classe, sauf s'ils font partie du cours. Il souhaite donc «une utilisation saine des téléphones portables». Sans cela, les élèves, distraits, connaissent des retards d'apprentissage ainsi que des problèmes de santé mentale. Les sections saint-galloise et neuchâteloise ont déposé une intervention en ce sens.
Sabina Freiermuth, présidente du PLR d'Argovie, a salué les travaux déjà commencés dans certains cantons. Une initiative populaire lancée par le parti pour réintroduire les classes de développement a été déposée à Zurich. A Bâle-Ville, les classes d'accompagnement seront à nouveau autorisées, après une pause de treize ans.
Au Tessin, une réorganisation de la grille horaire a été proposée pour rendre l'école plus moderne, plus flexible et plus orientée. Et en Suisse romande, diverses interventions visant notamment à réduire la bureaucratie ont été déposées.
Le PLR se tourne également vers les enseignantes et enseignants, les autres collaborateurs des écoles, les élèves et leurs parents afin de compléter leur «boîte à outils» avec des modèles d'interventions supplémentaires. Il dit respecter le fédéralisme, tout en se tenant prêt à intervenir si des lois fédérales devaient être adaptées, a précisé Thierry Burkart.
(sda/ats)