Fedpol se prépare à grossir face aux menaces
Le verdict a été clair: 131 voix pour, 58 contre et 6 abstentions. Seule l’aile dure de l’UDC a rejeté le projet d’«augmentation stratégique des effectifs de l’Office fédéral de la police». Au sein du parti, huit élus ont tout de même osé s’écarter de la ligne officielle.
L'Office fédéral de fédérale (Fedpol) devrait donc être renforcée de 10 à 20 postes par an durant la prochaine décennie, soit 100 à 200 postes supplémentaires d’ici 2035, selon Jacqueline de Quattro (PLR/VD), rapporteuse de la commission et fervente défenseuse de la motion. Les quelque 1000 postes actuels de Fedpol augmenteraient ainsi de 10 à 20%, permettant au Ministère public de la Confédération de mener davantage de procédures contre les criminels de haut vol.
Pour l’ancienne cheffe de la sécurité vaudoise, il y a urgence: rien que l’an dernier, les infractions enregistrées au code pénal ont progressé de 8%, franchissant le cap des 563 000 délits. Et avec seulement 214 policiers pour 100 000 habitants, la Suisse n’occupe que le 31e rang sur 34 pays européens.
La socialiste schaffhousoise Linda De Ventura, également rapporteuse de la commission, a averti:
Le ministre de la justice et de la police Beat Jans (PS) a reconnu que «la situation sécuritaire en Europe et en Suisse» s’est détériorée:
Mais au nom de la majorité du Conseil fédéral, il a demandé de rejeter la motion: toute augmentation de ressources doit passer par la procédure budgétaire ordinaire et ne pourrait intervenir «au plus tôt qu’en 2027».
L’UDC freine Fedpol
Seule l’UDC a cherché à bloquer l’extension des effectifs. Pas de précipitation, a plaidé Mauro Tuena (ZH), réclamant un état des lieux complet. Et ce malgré les avertissements du Contrôle fédéral des finances, du Ministère public de la Confédération et de son autorité de surveillance, tous unanimes: il faut urgemment renforcer la Fedpol. Le conseiller national saint-gallois Walter Gartmann a en outre accusé cette dernière de «se concentrer sur les mauvais dossiers», avançant l’exemple – faux, comme démontré la veille – selon lequel l'Office fédéral aurait interdit d’utiliser la couleur de peau comme critère de recherche par «correction politique».
Pour Sarah Wyss (PS/BS), présidente de la commission des finances, une telle augmentation pourrait être effective rapidement. Le processus budgétaire pour l’an prochain est en cours, et si les 10 à 20 postes supplémentaires y sont intégrés et validés par les deux Chambres lors de la session d’hiver, ils pourraient déjà être créés en 2026. «Une compensation dans d’autres domaines peut également être discutée», a-t-elle précisé. La balle est désormais dans le camp du Conseil des Etats.
Adapté de l’allemand par Tanja Maeder
