La «dotation en personnel pour les enquêtes de la police criminelle fédérale» n’est pas suffisante, certains dossiers «sont retardés, voire jamais ouverts». Cela «compromet la sécurité intérieure de la Suisse». C’est ce qu’écrit le Contrôle fédéral des finances dans un nouveau rapport. Le Conseil fédéral lui a demandé d’évaluer les ressources de l’Office fédéral de la police (Fedpol).
Le Contrôle fédéral des finances arrive aux mêmes conclusions que Fedpol, que le Ministère public de la Confédération (MPC) et son autorité de surveillance AB-BA. Le procureur général Stefan Blättler dénonce depuis des années le manque d’enquêteurs au sein de Fedpol, l’obligeant à mettre de côté des procédures contre la mafia.
Pour autant, la CDF ne veut pas accorder davantage de postes à Fedpol, qui compte environ 1000 collaborateurs. Certes, elle soutient «un renforcement progressif des divisions d’enquête de la police criminelle fédérale», aujourd’hui dotées de 390 postes. Elle reconnaît aussi à Fedpol un travail de qualité malgré une surcharge chronique.
Mais, selon elle, ce renfort doit se faire «autant que possible grâce aux économies et optimisations relevées dans le rapport», sans budget supplémentaire. Or, peu de mesures concrètes et rapides figurent dans ses propositions. La CDF suggère par exemple à Fedpol de «clarifier ses missions et de développer son personnel de manière plus ciblée».
De quoi laisser nombre d’observateurs perplexes, comme on le confie à Berne:
Si Fedpol, dirigé depuis peu par Eva Wildi, approuve globalement ces recommandations, le procureur général Stefan Blättler se montre plus critique. Pour la CDF, le problème réside dans le fait que le MPC a engagé davantage de procureurs, sans que Fedpol ne suive au niveau des enquêteurs. Stefan Blättler, cité dans le rapport, rétorque: si d’autres autorités «ne sont pas prêtes ou capables de se battre pour les ressources nécessaires», il ne va «pas rester les bras croisés».
Autre point notable: Fedpol se distancie de son ancienne direction. «Les critiques sur une culture hiérarchique trop stricte sont prises au sérieux», écrit l’office en réponse au rapport, avant de poursuivre:
Les premières mesures seraient déjà lancées.
L’avenir des postes à Fedpol se jouera rapidement: la semaine prochaine, le Conseil national doit se prononcer sur une motion de sa commission de la sécurité. Celle-ci demande une «augmentation stratégique des effectifs» à Fedpol. L’UDC s’y oppose.