Les polices cantonales zurichoise et bâloise continueront de mentionner la couleur de peau des personnes recherchées dans le système Ripol. Elles vont ainsi à l'encontre de la nouvelle directive de l'Office fédéral de police (Fedpol), alors qu'aucune décision n'a encore été prise dans plusieurs autres cantons.
La police zurichoise a confirmé qu'elle continuera à faire mention de toutes les caractéristiques importantes qui incluent, selon elle, la couleur de peau. Mercredi dans la NZZ, le conseiller d'Etat en charge de la Sécurité Mario Fehr a jugé cette directive, qui a pour but de suivre une pratique répandue à l'international, «peu utile» et «politiquement motivée».
La police de Bâle-Ville continuera elle aussi de mentionner la couleur de peau, indique-t-elle. De leur côté, les polices cantonales bernoise et genevoise ont pris acte de la directive émise la semaine pasée par Fedpol.
Son application requiert «une analyse approfondie du contexte opérationnel, notamment», explique la police cantonale genevoise. La police tessinoise rappelle quant à elle que Ripol relève de la compétence de Fedpol.
Selon l'office fédéral, la mention de la couleur de peau blanche, noire ou rouge dans le cadre d'un signalement était remise en question depuis un certain temps déjà en son sein. Les échanges avec des autorités partenaires étrangères ont montré que la couleur de peau n'était pas utilisée comme description précise dans certaines agences, notamment Interpol.
En conséquence, ce critère n'était déjà pratiquement plus utilisé comme élément de signalement dans le système de recherche suisse, où il n'apparaissait que dans moins de 1% des cas.
Selon Patrice Zumsteg, chercheur et enseignant en droits fondamentaux et en droits de la police à la Haute école spécialisée de Zurich (ZHAW), il existe différents types de profilage. Le profilage descriptif est utilisé dans les enquêtes criminelles: il sert à savoir à quoi ressemble une personne recherchée. Dans ce contexte, la couleur de peau peut être un critère utile, selon lui.
Cela ne devient problématique que lorsque l'on adopte l'approche inverse. Cette dernière suppose qu'une personne est criminelle simplement parce qu'elle appartient à un certain groupe ethnique. On parle alors de profilage racial. Ainsi, selon Patrice Zumsteg, les chasses à l'homme ciblées et le profilage racial sont deux choses bien distinctes.
La suppression de typologies telles que «asiatique», «oriental» ou «slave» n'a pas posé problème. Ces termes sont d'ailleurs plus fréquemment utilisés. Cela rend la décision de Fedpol «absurde» aux yeux de Patrice Zumsteg, car de tels termes sont liés à des stéréotypes et pourraient aussi être discriminatoires. (jah/ats)