Le projet du conseiller fédéral Albert Rösti (UDC) de supprimer la compensation du renchérissement à la SSR a mis la direction de la radio et de la télévision en émoi. Mais l'argent continue de couler à flot. Pour l'année en cours, la compensation s'élève à 69 millions de francs.
Les responsables de la SSR s'en réjouissent – du côté des élus UDC, en revanche, ça grogne. Pour rappel, le parti veut réduire la redevance radio-TV de 335 aujourd'hui à 200 francs. Ironie de l'histoire, Albert Rösti, aujourd’hui conseiller fédéral et ministre de l’Environnement, des Transports, de l’Energie et de la Communication (Detec), avait d’ailleurs contribué à l’élaboration de cette initiative lorsqu’il siégeait encore au Conseil national. Cette proposition sera probablement soumise au vote des Suisses en 2026.
Le conseiller national Gregor Rutz est l'un des politiciens le plus profilés de l'UDC en ce qui concerne le débat sur le financement des médias. Il ne mâche pas ses mots: «Le fait que la SSR reçoive tout de même une importante compensation du renchérissement prouve à quel point l'Office fédéral de la communication (Ofcom) fait une fixation sur la SSR.»
Rutz estime que l'office fédéral souligne constamment l'importance économique de la radiodiffusion et ne parle jamais de l'importance économique des médias privé:
Les critiques de Rutz s'adressent à «son» conseiller fédéral. Au sein de l'UDC, les dirigeants attendent de Rösti qu'il mette la SSR au pas avec plus de vigueur. Le ministre des médias a, en effet, convaincu l'ensemble du Conseil fédéral d'abaisser la redevance médias à 300 francs d'ici à 2029 et veut que cela soit vu comme un contre-projet à l'initiative des 200 francs de son parti.
En réaction, Susanne Wille, directrice générale de la SRG, a publié un communiqué où elle déclare que le diffuseur devra économiser 270 millions de francs d’ici 2029. Une annonce qui a fait l’effet d’un électrochoc, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise.
Ce montant élevé étonne à l'intérieur comme à l'extérieur de l'entreprise. Un coup d'œil sur les chiffres clés de la SSR le montre: l'année dernière, la radio-télévision publique a encaissé un total de 1,54 milliard de francs.
Le Conseil fédéral a annoncé que la SSR pourrait compter sur des redevances à hauteur de 1,2 milliard par an, même après la baisse de la redevance médias. La différence entre le revenu total actuel et l'afflux de redevance toujours garanti est de 340 millions de francs.
Alors, d’où viennent ces économies drastiques annoncées par la SSR? D’après Susanne Wille, elles s’expliqueraient par une chute prévisible des revenus publicitaires et commerciaux, qui s’élèvent aujourd’hui à 277 millions. Pour que son scénario se réalise, ces revenus devraient s’effondrer de 75% en quatre ans, atteignant à peine 70 millions. Un scénario catastrophe envisageable uniquement en cas de récession prolongée.
Certains soupçonnent la SRG de dramatiser la situation pour contrer les coupes budgétaires envisagées par le Conseil fédéral, comme la suppression de la subvention de 19 millions de francs destinée à Swissinfo, son service international. Cette stratégie pourrait également viser à s'assurer que la SRG continue de bénéficier d’un ajustement à l’inflation généreux à l’avenir.
La bataille sur les frais médias est donc loin d’être terminée.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci