L'initiative vise à augmenter progressivement l'âge de la retraite à 66 ans d'ici 2033, puis à lier l'âge de la retraite à l'espérance de vie. L'augmentation ne serait toutefois que de 80% de l'augmentation de l'espérance de vie à chaque fois. Par exemple, si l'espérance de vie augmentait d'un mois en un an, l'âge de la retraite serait simultanément augmenté de 24 jours. En outre, l'âge de la retraite ne devrait pas augmenter de plus de deux mois par an.
L'initiative a été déposée par les jeunes libéraux-radicaux. Parmi les partis établis, seul le PLR s'est prononcé en faveur de l'initiative. L'UDC décidera de son mot d'ordre le 27 janvier 2024. L'Union patronale, l'Union des arts et métiers, l'Union des assurances et l'Union des entrepreneurs sont également favorables à l'initiative.
Quelques jeunes partis cantonaux des Vert'libéraux, du Centre ainsi que les Jeunes UDC soutiennent également l'initiative.
Contrairement à de nombreux autres pays d'Europe occidentale, la Suisse n'a jusqu'à présent pas augmenté l'âge de la retraite à 67, voire 68 ans. C'est la quatrième solution, avec la réduction des rentes, l'augmentation de la TVA et des charges salariales, d'assurer le financement de l'AVS. Selon les partisans de l'initiative, il s'agirait même de la «variable d'ajustement centrale».
Selon eux, en liant l'espérance de vie à l'âge de la retraite, on propose une solution qui tient aussi compte des changements démographiques futurs de notre société.
Le comité interpartis contre l'initiative sur les retraites regroupe l'UDC, le PS, le Centre, les Verts, les Vert'libéraux et Travailsuisse, l'association faîtière des travailleurs.
Les opposants affirment que la proposition de réforme est «antisociale, technocratique et antidémocratique». Une adaptation automatique de l'âge de la retraite entraînerait plus d'insécurité pour les travailleurs et une charge administrative importante. Comme ni le Conseil fédéral, ni le Parlement, ni la population n'auraient un droit de regard sur la fixation de l'âge de la retraite, l'initiative ne serait pas compatible avec la démocratie suisse.
Le comité voit une autre raison de refuser l'initiative: elle exacerberait des inégalités sociales déjà existantes. Les personnes moins qualifiées sont en moins bonne santé à l'âge de la retraite et ont donc une espérance de vie plus courte. Pour fixer l'âge de la retraite, il faudrait donc aussi tenir compte du nombre d'années passées en bonne santé après la retraite.
La classe moyenne et les bas revenus seraient particulièrement touchés par cette réforme, sans pour autant que l'AVS soit significativement mieux financée en cas d'acceptation.
Le Conseil fédéral et une majorité du Parlement s'opposent à l'initiative. L'âge de la retraite ne devrait pas être adapté automatiquement par une formule mathématique, mais devrait plutôt tenir compte de l'évolution du marché du travail.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci