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Gerhard Pfister se fait draguer par la gauche et la droite

Gerhard Pfister se fait draguer par la gauche et la droite
Le Centre veut que les couples mariés reçoivent deux rentes AVS complètes au lieu d'une et demie au maximum comme aujourd'hui.Image: watson / dr

L'UDC et les syndicats draguent cet élu pour améliorer nos rentes AVS

Gerhard Pfister est très courtisé. Des marchés lui sont proposés à droite et à gauche par le président de l'UDC Dettling et le syndicaliste Maillard. La raison? L'initiative du Centre pour de meilleures rentes de couple. Pour la première fois, Pfister dit ce qu'il pense des idées de ses concurrents.
04.11.2024, 18:49
Stefan Bühler / ch media
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Le parti du Centre, présidé par Gerhard Pfister, porte une attention toute particulière sur personnes mariées. L'ancien parti démocrate-chrétien avec son initiative «Oui à des rentes AVS équitables aussi pour les couples mariés», veut obtenir que ces derniers reçoivent deux rentes AVS complètes au lieu d'une et demie au maximum comme aujourd'hui. On parle d'un plafond de rente de 150%, qui est justifié par d'autres avantages pour les couples mariés, comme la rente de survivants. Et le fait qu'un couple qui vit en ménage commun à moins de frais quotidiens qu'une personne seule.

Le parti du Centre argumente qu'aujourd'hui, de nombreux couples non mariés vivent en ménage commun et reçoivent malgré tout deux rentes complètes. Cette inégalité de traitement au détriment des personnes mariées devrait être supprimée. Cet argument n'a pas réussi à convaincre le Conseil fédéral: par deux fois déjà, celui-ci a recommandé le rejet de l'initiative du Centre sans contre-projet. Notamment en raison des coûts: environ 3,8 milliards de francs seraient nécessaires pour la financer.

Mais la balle est désormais dans le camp du Parlement, et les choses commencent à bouger dans ce dossier. Vendredi, le président de l'UDC Marcel Dettling a esquissé dans les colonnes du Blick un accord sur l'AVS avec lequel il veut faire des concessions au Centre sur la rente de couple. Et deux jours plus tôt, on apprenait que le président de l'Union syndicale suisse, le conseiller aux Etats socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard, élaborait lui aussi des plans pour mettre en œuvre les exigences de l'initiative du Centre.

Interrogé sur le sujet, le président du Centre Gerhard Pfister prend pour la première fois position sur les avances de la droite et de la gauche.

«Les propositions montrent que tant Pierre-Yves Maillard que Marcel Dettling partent du principe que notre initiative a de bonnes chances en votation populaire»

Les deux propositions «reviendraient en fait à un contre-projet à notre initiative pour des rentes équitables pour les couples mariés».

Augmenter les rentes des couple, réduire celles des veuves

Toutefois, il reste encore beaucoup à discuter. Car les idées de Maillard et la proposition de Dettling sont loin d'être identiques. Ainsi, le président de l'UDC a déclaré dans le Blick:

«Nous tendons la main à l'adaptation des rentes de veuves si, en contrepartie, le plafond du couple marié dans l'AVS est porté à 175% au moins.»

Il faisait ainsi référence à une autre décision du Conseil fédéral qui veut supprimer les rentes de survivants à vie pour les veuves. A la place, les veuves et les veufs recevront à l'avenir une rente jusqu'aux 25 ans de leur plus jeune enfant. Aujourd'hui, les veuves reçoivent une rente à vie, même si elles n'ont pas d'enfant à charge. Les veufs, en revanche, ne la reçoivent que jusqu'à la majorité de leur plus jeune enfant. Avec cette proposition, le Conseil fédéral réagit à un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme qui oblige la Suisse à mettre fin à cette inégalité de traitement.

Le Conseil fédéral a profité de l'arrêt du tribunal de Strasbourg pour présenter un projet d'économie – l'AVS pourrait ainsi être allégée de 350 millions d'ici 2030. La gauche s'insurge contre cette proposition, tandis que la majorité des partis bourgeois la saluent.

Mais visiblement, la direction de l'UDC autour de Marcel Dettling est arrivée à la conclusion qu'un projet de démantèlement pur et simple aurait du mal à passer lors d'un référendum. D'autant plus que la base de l'UDC vote toujours majoritairement comme les partis de gauche sur les projets AVS. En faisant passer le plafond des rentes pour les couples mariés de 150% à 175%, Dettling pourrait rassurer sa base – et en même temps couper l'herbe sous le pied de l'initiative du Centre de Pfister.

Augmenter les rentes des couple, jongler avec les pourcentages salariaux

«On a l'impression que l'UDC commence à écouter sa base», commente le patron des syndicats Maillard à propos de la proposition de Dettling. Et il constate:

«Au moins, nous avons maintenant des chances de concrétiser enfin un revirement sur les retraites»

Sur le fond, Maillard rejette toutefois la proposition de Dettling: «Pour des raisons évidentes, l'augmentation de la rente de couple ne peut pas être une compensation pour les veuves concernées par la réduction de leur rente». Il souhaite lier le financement de l'extension des rentes de couple au financement futur de l'AVS, y compris à la 13e rente AVS décidée par le peuple.

Au total, il devrait s'agir de plus de huit milliards de francs par an. Et la gauche ne souhaite pas financer cette somme uniquement par des pourcentages supplémentaires de TVA, mais aussi par des pourcentages sur les salaires. Maillard a les déductions salariales pour l'assurance-chômage (AC) dans le collimateur. En effet, ses caisses sont pleines – tellement pleines que les cotisations salariales pourront ou «devront» probablement être réduites en 2028, comme le dit le syndicaliste:

«Il y a un frein à la fortune pour l'AC, elle ne peut pas accumuler de l'argent de manière illimitée.»

Les cotisations salariales resteraient globalement plutôt stables, c'est pourquoi il y a «de la place pour un bon compromis».

En d'autres termes, au lieu de répercuter la réduction des cotisations AC sur les travailleurs, les pourcentages salariaux de l'AVS seraient augmentés. Rien ne changerait dans le porte-monnaie des travailleurs, ni en bien ni en mal. Selon un article de la NZZ, Maillard a déjà obtenu, la semaine dernière, de la commission compétente du Conseil des Etats, que l'administration fédérale procède à des clarifications supplémentaires sur la situation financière de l'AVS. Y compris l'augmentation de la rente de couple.

Pfister se repose et savoure

Mais laquelle des offres plaît le plus à Gerhard Pfister, celle de la gauche ou celle de la droite? «Les deux veulent augmenter le plafond pour les couples mariés», constate le président du Centre. Il s'en tient cependant à la compensation intégrale à 200% et déclare:

«J'exclus que nous retirions l'initiative. Pourquoi la retirer si même la concurrence lui accorde la capacité de réunir une majorité?»

En deux phrases, il esquisse la marche à suivre: «Nous devons certes entrer en matière sur le projet de rente des veuves lors des débats préliminaires du Parlement, c'est un mandat de la Cour des droits de l'homme. Nous devons donc agir», dit-il. «Mais ensuite, nous devrions le renvoyer au Conseil fédéral jusqu'à ce que le peuple se soit prononcé sur notre initiative». Pfister n'abandonne pas si vite son atout.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

Des photos vintage de passages piétons en Suisse:

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Des photos vintage de passages piétons en Suisse:
«Oups, c'était limite!» - Photo prise en mai 1957 à Zurich, où un homme est presque renversé par une voiture.
source: photopress-archiv / bischof
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