Le 11 octobre 2022, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) à Strasbourg a jugé que l'inégalité de traitement des veufs et des veuves en Suisse était discriminatoire et qu'elle devait par conséquent être adaptée. Le Conseil fédéral a suivi cette recommandation et a adopté une réforme de la rente de survivant de l’AVS à l'intention du Parlement.
Désormais, les veufs et les veuves recevront une rente jusqu'aux 25 ans du plus jeune enfant. Jusqu'à présent, les veufs ne touchaient une rente que jusqu'aux 18 ans du plus jeune enfant, tandis que les veuves recevaient une rente à vie.
La réforme a été largement approuvée par les partis bourgeois. L'UDC a d'abord salué l'adaptation dans son intégralité. Les Verts et le PS ont rejeté les projets de réforme et ont demandé une augmentation des rentes de veuf au lieu de l’écrêtement des rentes de veuve.
L'acceptation de la réforme permettra d'économiser environ 350 millions de francs en 2030. A long terme, ce montant pourrait atteindre un milliard de francs. Outre le PS, qui dénonce une coupe au couteau dans la politique sociale, cela dérange désormais aussi l'UDC.
Le président de l'UDC, Marcel Dettling, a déballé son sac dans le Blick en critiquant la réforme du Conseil fédéral. Le parti n'approuvera pas la réforme sans condition, dit-il, estimant que le Conseil fédéral devrait d'abord économiser ailleurs au lieu d'économiser sur le dos des veuves.
L'UDC se dit prête à réformer la rente de veuve, mais elle exige une contrepartie à sa révision. «La rente de veuve offre une protection dans le mariage que nous ne devons pas affaiblir unilatéralement», souligne le président du parti.
L'argent de l'UDC n'est toutefois pas tout à fait celui de la gauche. Pour Dettling, c'est la famille traditionnelle qui doit primer: des parents mariés avec des enfants, avec des rôles clairement répartis.
Pour atténuer les conséquences, Dettling a une idée concrète: il veut relever le plafond des couples mariés dans l'AVS:
Actuellement, les couples mariés reçoivent au maximum 150% d'une rente vieillesse, soit 3675 francs par mois au maximum. Les concubins, quant à eux, profitent de deux rentes individuelles qui peuvent atteindre ensemble jusqu'à 4900 francs - une inégalité que Marcel Dettling souhaite corriger.
L'UDC n'est pas le seul parti à vouloir adapter le plafond. Le Centre s'engage, lui aussi, pour une augmentation et demande même sa suppression complète par le biais d'une initiative populaire.
Pour Marcel Dettling, cette revendication offre un point de départ pour ce changement et envoie un «signal à la population». Au lieu de miser uniquement sur des mesures d'économie, «la situation des familles doit également être améliorée de manière ciblée, ce qui pourrait renforcer l'attractivité du mariage en tant que modèle de vie».
Un autre UDC d'importance, le chef de groupe aux Chambres Thomas Aeschi, présentera cette proposition la semaine prochaine à la commission compétente, celle de la santé et des affaires sociales. Si la proposition de l'UDC n'aboutit pas, l'affaire sera suspendue jusqu'à l'initiative du Centre sur la pénalisation du mariage, a déclaré Marcel Dettling.
Le PS rejette la proposition de l'UDC. Comme l’a expliqué Samira Marti, co-présidente du groupe parlementaire PS, au Blick, il est certes positif que l'UDC s'intéresse désormais à la politique sociale, mais elle estime inacceptable d'opposer les veuves et les couples mariés. Pour Samira Marti, l'UDC utilise les veuves comme des pions «facilement sacrifiables» dans ce «marchandage».
Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich