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Le Valais fait vaciller la stratégie énergétique suisse

Le Valais fait vaciller la stratégie énergétique suisse

Le Parlement prépare un grand projet quant à l'approvisionnement en électricité en Suisse. Mais le résultat de la votation sur les installations solaires dans les Alpes, en Valais, donne une nouvelle dynamique au projet.
13.09.2023, 18:3214.09.2023, 11:11
Benjamin Rosch / ch media
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Pour cette dernière session de la législature actuelle du Parlement, on a comme l'impression que la boucle est bouclée. La mandature a débuté par une victoire écrasante des Verts lors des dernières élections fédérales; et dimanche, les électeurs valaisans ont voté à 54% contre une procédure simplifiée pour la construction d'installations photovoltaïques alpines, une loi combattue par le parti écologique.

Pas étonnant que le président des Verts, Balthasar Glättli, ait été vu de bonne humeur au Palais fédéral, où le Conseil national s'est penché sur le prochain grand projet lié aux énergies: le projet de loi sur l'approvisionnement en électricité. Ce projet, qui prend des allures de monstre, doit permettre à la Suisse de réussir son tournant énergétique en développant les énergies renouvelables.

«La victoire en Valais a renforcé notre confiance en nous»
Balthasar Glättli, président des Verts

Plusieurs points d'accroche

Le rejet de la loi en Valais montre que le développement de l'éolien, de l'hydraulique et du solaire doit se faire en harmonie avec la nature pour être accepté en bonne et due forme par la population. Mais les points de litige de la loi sur l'approvisionnement en électricité sont nombreux:

  • Une obligation de poser des panneaux solaires sur toutes les nouvelles constructions ainsi que lors des rénovations importantes, notamment en cas de rénovation du toit.
  • Un assouplissement des prescriptions relatives aux débits résiduels pour les centrales hydroélectriques: à l'avenir, le Conseil fédéral devra abaisser le débit résiduel pour les poissons lorsqu'il y a risque de pénurie d'énergie.
  • Un assouplissement de la protection des biotopes: à l'avenir, les centrales électriques ne devraient pas être considérées comme impossibles, même dans les zones alluviales protégées.

Les citoyens semblent être en accord avec le premier argument, mais les deux derniers éléments de la modification de la loi ont le potentiel de provoquer un référendum de la part des associations de protection de l'environnement.

Toujours est-il que presque tout le monde partage la même préoccupation: une votation populaire sur cet objet prendrait du temps, alors que la course pour l'approvisionnement en électricité durable est effrénée. Il n'est donc pas étonnant que le résultat de la votation valaisanne ait été évoqué dans presque un discours sur trois lors des débats au Conseil national.

Une rédaction de projet de loi trop rapide

En Suisse alémanique, l'écho valaisan s'est fait sentir. Le conseiller national Stefan Müller-Altermatt (Centre/SO) est catégorique:

«Le Valais a tiré le frein d'urgence pour le Solarexpress. Le refus a été net. Si le Parlement ne présente pas un projet équilibré de la loi pour l'approvisionnement énergique, nous pourrions assister à un désastre total. On voit que le peuple accorde de l'importance à d'autres choses que la seule production d'électricité»
Stefan Müller-Altermatt (Centre/SO)

Le ministre de l'énergie, Albert Rösti, a toutefois tiré quelques points positifs de ce résultat: «Ce n'était pas un non général aux installations solaires alpines, mais plutôt l'expression de la crainte que la construction se fasse de manière inconsidérée. Avec le nouveau projet de loi, on apporte une réponse aux craintes du canton du Valais de voir des centrales apparaître n'importe où».

On y décèle également une critique concernant la rédaction précipitée de la loi il y a un an, lorsque le Parlement avait fait passer le Solarexpress à travers les deux chambres en une seule session.

Des compromis

Le Conseil national est finalement parvenu à des compromis. Il a nettement affaibli l'obligation d'utiliser l'énergie solaire, qui ne s'appliquera qu'à partir d'une surface de 300 m2 – ce qui ne devrait pas déranger la plupart des propriétaires de maisons.

Le Conseil fédéral règle la question du débit résiduel dans les situations d'urgence et, en ce qui concerne les biotopes, Albert Rösti a pu assurer que les zones alluviales suisses ne seraient pas envahies par des centrales électriques. Les Verts ont même retiré leur proposition minoritaire sur ce point.

«Le pire a été évité», a constaté un Balthasar Glättli finalement pas totalement euphorique. Le président des Verts regrette en particulier l'affaiblissement de l'obligation de recourir à l'énergie solaire et les espoirs déçus de mesures d'efficacité. Il estime toutefois que le risque de référendum est écarté en ce qui concerne l'environnement, du moins pour le moment. L'objet retourne maintenant au Conseil des Etats, qui s'en occupera la semaine prochaine.

Interprété de l'allemand par Tanja Maeder

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