Pour cette dernière session de la législature actuelle du Parlement, on a comme l'impression que la boucle est bouclée. La mandature a débuté par une victoire écrasante des Verts lors des dernières élections fédérales; et dimanche, les électeurs valaisans ont voté à 54% contre une procédure simplifiée pour la construction d'installations photovoltaïques alpines, une loi combattue par le parti écologique.
Pas étonnant que le président des Verts, Balthasar Glättli, ait été vu de bonne humeur au Palais fédéral, où le Conseil national s'est penché sur le prochain grand projet lié aux énergies: le projet de loi sur l'approvisionnement en électricité. Ce projet, qui prend des allures de monstre, doit permettre à la Suisse de réussir son tournant énergétique en développant les énergies renouvelables.
Le rejet de la loi en Valais montre que le développement de l'éolien, de l'hydraulique et du solaire doit se faire en harmonie avec la nature pour être accepté en bonne et due forme par la population. Mais les points de litige de la loi sur l'approvisionnement en électricité sont nombreux:
Les citoyens semblent être en accord avec le premier argument, mais les deux derniers éléments de la modification de la loi ont le potentiel de provoquer un référendum de la part des associations de protection de l'environnement.
Toujours est-il que presque tout le monde partage la même préoccupation: une votation populaire sur cet objet prendrait du temps, alors que la course pour l'approvisionnement en électricité durable est effrénée. Il n'est donc pas étonnant que le résultat de la votation valaisanne ait été évoqué dans presque un discours sur trois lors des débats au Conseil national.
En Suisse alémanique, l'écho valaisan s'est fait sentir. Le conseiller national Stefan Müller-Altermatt (Centre/SO) est catégorique:
Le ministre de l'énergie, Albert Rösti, a toutefois tiré quelques points positifs de ce résultat: «Ce n'était pas un non général aux installations solaires alpines, mais plutôt l'expression de la crainte que la construction se fasse de manière inconsidérée. Avec le nouveau projet de loi, on apporte une réponse aux craintes du canton du Valais de voir des centrales apparaître n'importe où».
On y décèle également une critique concernant la rédaction précipitée de la loi il y a un an, lorsque le Parlement avait fait passer le Solarexpress à travers les deux chambres en une seule session.
Le Conseil national est finalement parvenu à des compromis. Il a nettement affaibli l'obligation d'utiliser l'énergie solaire, qui ne s'appliquera qu'à partir d'une surface de 300 m2 – ce qui ne devrait pas déranger la plupart des propriétaires de maisons.
Le Conseil fédéral règle la question du débit résiduel dans les situations d'urgence et, en ce qui concerne les biotopes, Albert Rösti a pu assurer que les zones alluviales suisses ne seraient pas envahies par des centrales électriques. Les Verts ont même retiré leur proposition minoritaire sur ce point.
«Le pire a été évité», a constaté un Balthasar Glättli finalement pas totalement euphorique. Le président des Verts regrette en particulier l'affaiblissement de l'obligation de recourir à l'énergie solaire et les espoirs déçus de mesures d'efficacité. Il estime toutefois que le risque de référendum est écarté en ce qui concerne l'environnement, du moins pour le moment. L'objet retourne maintenant au Conseil des Etats, qui s'en occupera la semaine prochaine.
Interprété de l'allemand par Tanja Maeder