«Nous ne nous laisserons pas voler!» - les projets d’austérité du Conseil fédéral ont provoqué une réaction virulente du conseiller national tessinois de la Lega (extrême droite), Lorenzo Quadri. Ce dernier est également éditeur et rédacteur en chef de l’hebdomadaire tessinois Il Mattino della Domenica, l’organe officiel du parti. Dans un éditorial publié dans la dernière édition, il s’indigne contre l’intention du Conseil fédéral d’augmenter l’imposition des retraits en capital des deuxième et troisième piliers.
Sur la Une, on peut voir un photomontage douteux... La présidente de la Confédération et ministre des Finances Karin Keller-Sutter, tenant un pistolet dans le dos d'un retraité qui retire de l'argent.
Cette mise en scène pourrait avoir des conséquences juridiques pour le conseiller national et municipal de Lugano.
Le Département fédéral des finances (DFF) dirigé par Karin Keller-Sutter n’a pas précisé s’il envisage de porter plainte contre ce photomontage. «Le DFF ne commente pas cette représentation. Elle parle d’elle-même», a déclaré son porte-parole, Pascal Hollenstein. Il est probable que les autorités examinent d’abord les chances de succès d’une action en justice avant d’éventuellement déposer une plainte.
Les perspectives d’une action judiciaire pourraient être réelles. L’avocat Martin Steiger, spécialiste du droit des médias et du droit numérique, parle d’une «rupture de tabou». Selon lui, même si le montage est clairement identifiable comme tel, il pourrait porter atteinte aux droits de la personnalité de Keller-Sutter. Il estime notamment que son droit à l’image a été violé.
Cependant, Martin Steiger souligne qu’une réflexion est nécessaire avant d’engager une procédure judiciaire:
Les atteintes aux droits de la personnalité étant des infractions poursuivies uniquement sur plainte, c’est à la ministre des Finances de décider si elle souhaite déposer une plainte. En revanche, sur le plan pénal, les chances de succès d’une action en justice restent limitées, selon notre expert:
Ce n'est pas la première fois que le conseiller national Lorenzo Quadri, juriste de formation, repousse les limites de ce qui est légalement admissible avec son journal. En 2016, son hebdomadaire avait violemment attaqué les juges du Tribunal pénal fédéral, les accusant d’avoir infligé une peine trop clémente à un djihadiste. A la suite de cette polémique, une pétition avait exigé que le politicien présente des excuses pour cette dérive. Il s’y était refusé, tout en admettant qu’il avait peut-être «dépassé les bornes».
Traduit de l'allemand par Anne Castella