Suisse
Politique

Demokratis: l'outil pour la politique suisse financé par Migros

Ce site va vous permettre d'influencer les lois en Suisse

Des consultations pour tous: une toute nouvelle plateforme démocratique a été mise en ligne ce lundi. On la doit à une équipe de quatre entrepreneurs spécialisés dans le domaine du numérique et à la Migros qui finance le projet
30.04.2024, 18:48
Othmar von Matt / ch media
Plus de «Suisse»

Tout récemment a eu lieu une consultation sur la révision partielle de la redevance Serafe: 438 lettres ont été reçues (894 pages), elle a également suscité un nombre inhabituel de réactions.

En 2021, la consultation sur la révision du droit pénal en matière sexuelle avait généré plus de 12 000 réponses – dont 11 710 de particuliers. Ils répondaient à un appel des Femmes socialistes. Mais le record revient à la loi Covid: plus de 13 000 personnes ont participé à la consultation.

Les trois dernières années l'ont montré: de plus en plus de privés recourent à cet outil démocratique. Une tendance qui devrait bientôt nettement se renforcer.

Et pour cause: la plateforme Demokratis.ch a été mise en ligne ce lundi. Ouverte à tous, elle permet de repenser la procédure de consultation tout en la rendant plus accessible. Chaque Suisse pourra s'abonner aux consultations selon les thèmes qui l'intéressent.

Le pouvoir de la consultation en Suisse

Lors d'une consultation, la Confédération examine l'exactitude, la faisabilité et l'acceptabilité d'une idée. On invite en général les parties prenantes: cantons, partis politiques, associations faîtières des communes, des villes, des régions de montagne et de l'économie. L'intervention à titre privée est également possible. Et la force de la consultation n'est plus à prouver: elle a le potentiel de modifier grandement les projets de loi.

Fabian Ligibel est l'initiateur de la nouvelle plateforme de consultation Democratis. Font également partie de l'équipe - connectés sur la visioconférence - Lorenz Schäfer (à gauche), Marc B ...
Fabian Ligibel est l'initiateur de la nouvelle plateforme de consultation Demokratis (à gauche). Connectés sur la visioconférence: Lorenz Schäfer (à gauche), Marc Beauverd (en haut à droite) et Nicolas Saameli (en bas à droite).Image: Severin Bigler

Fabian Ligibel est à l'origine de cette plateforme. Cet entrepreneur, diplômé en relations internationales, en études de l'Europe de l'Est et en gestion des technologies, raconte qu'il s'est longtemps penché sur la question. Il a toujours voulu donner son avis de citoyen:

«Mais je me suis toujours demandé: comment puis-je le faire? Quand aura lieu la consultation sur ce sujet qui m'intéresse? Comment est-ce que je dois rédiger ma réponse?»

Des discussions avec son entourage lui prouvent qu'il n'y a pas que les «nerds» que cela interpelle. Son envie de développer un outil pour que tout le monde puisse participer aux consultations a trouvé un écho favorable. Fabian Ligibel et son collaborateur Marc Beauverd, alors tous deux à la tête d'une entreprise de conseil, se sont emparés de l'idée. Ils ont été rejoints plus tard par deux autres: l'ancien journaliste Nico Saameli et Lorenz Schäfer, philosophe de formation et développeur de logiciels.

Soutien du Fonds pionnier Migros à Demokratis.ch

La petite équipe a tenté sa chance auprès du Prototype Fund de l'association Opendata.ch, qui soutient des projets d'utilité publique dans le domaine des nouvelles technologies. Celui des deux collègues a séduit le jury et le fonds a décidé de soutenir la première phase de développement. C'est ainsi qu'une version bêta de la plateforme a vu le jour – un prototype un peu bricolé, se souvient Ligibel.

Ils ont présenté le résultat au Fonds pionnier Migros. Il accompagne les individus «avec des idées courageuses et de l'énergie et qui s'opposent à des structures trop rigides». La plateforme a également convaincu les responsables du fonds, qui ont débloqué un financement. Grâce à cette argent, l'équipe dispose maintenant de trois ans pour lancer et faire vivre Demokratis.ch.

Le logiciel un peu bricolé s'est entre-temps transformé en un outil abouti, qui a été lancé ce lundi. «Nous voulons créer un bien public», souligne Fabian Ligibel. Et Nico Saameli de préciser:

«Par la numérisation, nous cherchons à mettre à disposition de la société une infrastructure capable de la transformer».

Déjà 4700 références sur Demokratis

L'équipe a mis en ligne 4700 consultations fédérales et cantonales, répertoriées depuis 1992. La base de données peut être parcourue à l'aide de filtres et il est possible de s'abonner à des thèmes et à certaines procédures. Celles des cantons ne sont toutefois pas exhaustives, car certains d'entre eux ont par le passé supprimé ou repoussé des consultations au moment de leur clôture:

«Grâce à notre plate-forme, nous allons dès aujourd'hui les publier plus systématiquement»

Pour ce faire, les créateurs ont fait appel à POLITmonitor, une entreprise spécialisé dans la recherche dans les bases de données économiques de la Confédération et des cantons.

Dès cet été, Demokratis.ch offrira aux utilisateurs test la possibilité de rédiger et d'envoyer des prises de position. Un moyen pour les concepteurs de recevoir des retours d'expérience. «Par la suite, cela devrait aussi être possible pour toutes les organisations», explique Fabian Ligibel. Le WWF et Greenpeace ou Economiesuisse et l'Union patronale devraient ainsi être en mesure de rédiger une prise de position commune. «Ou bien d'étoffer des prises de position déjà existantes».

Pas de spams pour l'administration

Le calendrier n'est pour autant pas encore tout à fait fixé. «Nous voulons développer pas à pas un produit durable», poursuit Ligibel. Sa plus grande crainte: créer un lanceur de spams qui inonderait les administrations de prises de position. Tout l'inverse de la plateforme participative sérieuse qu'il imagine:

«Nous souhaitons collaborer avec les autorités et ne surtout pas les empêcher de faire leur travail»

Fabian Ligibel constate que le traitement de la consultation sur la loi Covid aurait été nettement simplifié pour l'administration fédérale si 12 500 des 13 000 prises de position avaient été reçues sous une seule et même forme.

Plus que sur l'intelligence artificielle, on mise ici sur la force d'une approche collaborative:

«Nous voulons que les gens utilisent notre plateforme ensemble pour donner leur avis. Si nous pouvons ensuite montrer de manière automatisée en quoi leurs contributions diffèrent, le traitement de ces données sera nettement plus facile»
Nico Saameli.

De quoi non seulement simplifier la procédure de consultation, mais aussi renforcer la démocratie dans son ensemble.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

Voici à quoi pourrait ressembler la Suisse en 2085
1 / 10
Voici à quoi pourrait ressembler la Suisse en 2085
partager sur Facebookpartager sur X
Un Youtubeur accusé de vouloir ruiner une startup
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
La majorité des occupants à l'EPFZ n'étaient pas des étudiants
Les plaintes déposées par la direction de l'EPFZ contre les militants pro-palestiniens ayant occupé les lieux révèlent que 23 personnes, sur les 28 dénoncées, ne sont ni des étudiants ni des employés de l'institution.

L'occupation du bâtiment central de l'EPF Zurich par des manifestants pro-palestiniens, la semaine dernière n'est pas restée sans suites pour ces derniers. Vingt-huit personnes ont été dénoncées à la justice dont 23 n'étaient ni étudiants ni employés de la haute école. Seuls cinq étudiants et une personne employée de l'EPFZ font partie du lot.

L’article