Un an après son succès aux élections fédérales, l'UDC persiste et signe avec des «prises de guerre» importantes dans plusieurs cantons. Ce week-end, c'était au Valais de confirmer cette réussite, lors du deuxième tour des élections communales, qui concernent les conseils généraux (légistlatif). Le parti agrarien gagne notamment 8 sièges à Martigny (où elle n'en avait aucun), 7 à Monthey, 3 à Sion et 2 à Sierre.
L'UDC a principalement progressé au profit des Verts, mais aussi du PLR. On décrypte cette actualité politique avec Pascal Sciarini, professeur en sciences politiques à l'Université de Genève.
Comment expliquer cette progression de l'UDC?
Pascal Sciarini: C'est dans la droite ligne de ce qu'on a pu observer depuis les élections fédérales d'octobre 2023. C'est un cas de figure classique: après les fédérales, on a des résultats similaires dans les cantons et les communes. Cela vaut aussi pour le PLR qui recule légèrement. Ce qui est intéressant, c'est que cela se manifeste dans les communes, alors que les enjeux ne sont pas les mêmes.
C'est-à-dire?
Au niveau national et fédéral, les thèmes portés par l'UDC, comme l'immigration ou la souveraineté, sont pertinents. Au niveau des communes, beaucoup moins. La seule thématique communale pertinente sur laquelle l'UDC se profile, ce serait la sécurité. Les résultats de cette élection représentent la suite d'une tendance générale, plutôt que la réponse à des enjeux communaux spécifiques.
Comment se porte le Centre valaisan?
Je n'aurais pas été surpris par un recul du Centre, et pourtant... Sa stabilité est surprenante, car on aurait pu penser que les électeurs conservateurs valaisans auraient voulu montrer dans les urnes qu'ils n'ont pas apprécié le changement de nom ou de ligne. Cela veut dire que le Centre a réussi à garder son électorat fidèle, notamment dans les familles, ainsi qu'au sein du tissu social et associatif.
Comment l'expliquer?
Je pense que le Centre est resté sur ses thématiques
et n'a pas cherché à singer l'UDC, comme le fait le PLR depuis plusieurs mois. Il tente d'aller chasser sur les terres de l'UDC en musclant son discours sur l'immigration.
Le parti avait déjà tenté cette approche au début des années 2000 et ça avait été un échec. Je ne comprends pas qu'il n'ait pas appris de cette époque. Cette stratégie, qui m'interpelle, ne peut que rapporter des voix à l'UDC, en tout cas en Suisse romande, où le PLR est plus libéral d'un point de vue sociétal. Il ferait mieux de rester sur ses thèmes de prédilection: l'économie, l'intégration européenne et les questions sociétales.
Que peut-on dire des candidats UDC locaux: sont-ils en train de réussir un ancrage à long terme en Valais?
Ce qui est sûr, c'est que le parti est historiquement plutôt récent en Valais, où il a créé sa branche locale en 1999. Il part d'assez loin, si on le compare au Centre, ancien Parti démocrate-chrétien, qui y est ancré depuis des décennies. Pendant longtemps, le problème de l'UDC, c'était d'avoir plus d'électeurs que de personnel politique adéquat, qui n'était pas toujours mûr ou qualifié.
Les élections cantonales valaisannes auront lieu en mars prochain. A quoi peut-on s'attendre?
Ce sera intéressant de voir si les tendances actuelles se confirment. On aura plus de distance par rapport aux fédérales. Pour le PLR, le contexte ne sera pas favorable, avec le conseiller d'Etat Frédéric Favre qui ne se représente pas. On verra peut-être une répétition de ce à quoi on assisté ce week-end.