Le pollen des arbres, des herbes et des graminées provoque chaque année des allergies saisonnières chez environ un cinquième de la population suisse. Les allergies au pollen sont une forme de rhinite allergique: elles se caractérisent par des démangeaisons oculaires et des éternuements fréquents, le rhume des foins. Toutefois, le pollen peut également déclencher de l'asthme en raison d'une inflammation systémique.
Des chercheurs ont depuis longtemps soupçonné que le pollen pourrait également influencer le système cardiovasculaire. Jusqu'à présent, une preuve concrète faisait défaut. Une équipe de chercheurs du Swiss TPH, l'Institut Tropical et de Santé Publique à Bâle, a examiné cette question et publié une étude à ce sujet dans la revue spécialisée Environmental Research.
Ils ont examiné 396 personnes, à la fois allergiques et non allergiques, pour déterminer si le pollen affecte la pression artérielle. Sur une période de 16 jours, ils ont effectué et analysé un total de 6223 mesures de pression sanguine sur les participants. Les résultats étaient clairs: chez les allergiques, la pression artérielle augmente en présence de pollen. Pour ceux qui ne sont pas allergiques, c'est-à-dire ceux qui ne souffrent pas de rhume des foins, aucune différence n'a été observée.
Les auteures de l'étude dirigée par la chercheuse Marloes Eeftens ont observé que la pression artérielle augmentait considérablement lorsque les allergiques étaient exposés à des concentrations de pollen allant de 0 à 80 grains par mètre cube d'air. Tant la pression systolique que diastolique ont augmenté chez les personnes allergiques, ce qui correspond respectivement au «haut» et au «bas» de la pression artérielle, comme on dit communément. Pendant les jours où les concentrations de pollen étaient très élevées, la pression systolique a augmenté de 2,0 mmHg et la pression diastolique de 1,5 mmHg. Pour expliquer: la pression artérielle est mesurée en millimètres de mercure (mmHg), où 1 mmHg correspond à une pression d'environ 133 Pascal ou 0,00133 bar dans les vaisseaux sanguins.
Quand les concentrations de pollen étaient encore plus élevées, une augmentation supplémentaire mais modérée suivait. Cette augmentation était déjà observée lors d'une exposition courte au pollen. De plus, les résultats de l'étude montrent également que les personnes obèses et les femmes présentent une augmentation plus prononcée de la pression artérielle en raison du pollen.
Lors de leurs conclusions, les scientifiques de Bâle soulignent que les résultats renforcent l'idée que le pollen peut avoir des effets néfastes sur la santé systémique des allergiques, pouvant ainsi déclencher des problèmes cardiovasculaires.
D'autres études ont déjà mis en évidence un lien entre une forte concentration de pollen et une augmentation des hospitalisations. Les nouvelles découvertes montrent que les allergies au pollen constituent un problème croissant pour la santé publique.
Actuellement, les pollens de graminées sont très actifs, affectant 70% des allergiques. Compte tenu du fait qu'une personne sur cinq dans la population est allergique, environ 1,2 million de personnes en Suisse réagissent aux pollens de graminées. Cependant, selon les auteurs de l'étude, le type de pollen n'influence pas les résultats. Ils ont analysé les réactions des participants à différents types de pollen tels que celui des graminées, du bouleau et du noisetier. Bien que les allergiques ressentent les symptômes les plus forts pendant la saison des pollens de graminées, l'impact sur la pression artérielle n'était pas sensiblement différent de celui observé avec les pollens d'arbres.
Cependant, le Centre suisse des allergies aha! note que, en raison des changements climatiques, la saison des pollens de noisetier, de bouleau et de frêne commence environ deux à trois semaines plus tôt qu'il y a trente ans. Les graminées fleurissent en mai environ dix jours plus tôt, et certaines plantes continuent de fleurir plus longtemps jusqu'à l'automne. Les personnes souffrant de rhume des foins peuvent ainsi être affectées plus tôt dans l'année et peut-être plus longtemps, augmentant ainsi le risque de développer une hypertension artérielle.
Leurs découvertes devraient maintenant influencer les décisions politiques, selon Eeftens. Par exemple, en matière d'urbanisme et de biodiversité. Les arbres en ville sont cruciaux face au changement climatique pour fournir de l'ombre. Cependant, les bouleaux largement utilisés sont hautement allergènes, bien qu'il existe des alternatives, explique Eeftens.
Traduit et adapté par Noëline Flippe