Le peuple suisse se prononce le 24 novembre sur six projets de développement autoroutier. Un seul est romand. Il concerne l'axe Le Vengeron (GE) – Coppet (VD) – Nyon (VD), qui doit compter davantage de voies. Le montant total des coûts s'élève à quelque 956 millions de francs.
Ce projet ne faisait initialement pas partie des projets d'extension de l'étape d'aménagement 2023 du Conseil fédéral. Il a été ajouté au cours des débats parlementaires. A la suite de cet amendement du Parlement, le gouvernement a approuvé il y a un an le projet général pour ce tronçon.
Les travaux doivent commencer en 2033 pour une mise en service en 2041. Ils ont, selon le Conseil fédéral, pour but de fluidifier et de sécuriser le trafic autant sur l'autoroute que sur les jonctions autoroutières et sur la route cantonale.
Concrètement, l'autoroute A1 doit être élargie à deux fois trois voies sur une distance d'environ 19 km. L'axe autoroutier doit en outre être décalé sur quelque 2,8 km pour préserver un site de reproduction des batraciens inscrit à l'inventaire des sites de reproduction des batraciens d'importance nationale.
De nouvelles bretelles sont prévues à l'échangeur du Vengeron et à la jonction de Nyon. La jonction de Coppet doit aussi être réaménagée. Sur la route cantonale, des voies réservées aux bus seront planifiées, de même que des aménagements sécurisés pour la mobilité douce.
La campagne en vue de la votation est aussi régionale. Sur l'Arc lémanique, les deux camps se sont mobilisés, avançant des arguments supplémentaires à ceux évoqués au niveau national.
Par exemple, les milieux patronaux favorables aux projets invoquent des infrastructures qui ne correspondent plus à l'évolution démographique actuelle. Depuis les années 1950 et la construction de l'autoroute entre Lausanne et Genève, la région de Nyon a vu sa population tripler. L'autoroute, prévue pour 20'000 véhicules par jour, voit passer aujourd'hui 90'000 véhicules quotidiennement.
L'A1 élargie sera à nouveau saturée en dix ans et le trafic dans les localités va augmenter, répondent les organisations environnementales opposées au développement autoroutier. Durant ce laps de temps, le nombre de véhicules quotidiens devrait passer de 90'000 à 130'000, chiffrent-elles.
Citant l'Office fédéral des routes, elles avancent que, douze ans après la mise en service, 44'000 véhicules supplémentaires par jour pourraient emprunter l'échangeur du Vengeron, 8800 de plus la jonction de Coppet et 7000 celle de Nyon.
Les organisations environnementales trouvent en outre que le projet met en péril d'un point de vue technique et financier une nouvelle voie ferroviaire entre Genève et Lausanne. La topographie et la densité du bâti sur la Côte sont telles qu'il manquerait de place pour réaliser cette infrastructure une fois l'A1 agrandie.
Les milieux patronaux estiment eux que tant le réseau routier que le réseau ferroviaire doivent être adaptés. Les infrastructures liées au rail ont aussi été conçues à l'époque d'une Suisse qui comptait cinq millions d'habitants, contre neuf millions actuellement.
Les opposants estiment encore que l'élargissement autoroutier entraînerait la disparition de 3,2 hectares de surfaces agricoles et de 2 hectares de forêts. Et de déplorer un projet «bâclé», ajouté en cours de route, en vue du référendum, afin d'éviter qu'il n'y ait que des projets alémaniques. Ils regrettent que des alternatives n'aient pas été examinées, comme celle de la réaffectation des bandes d'arrêt d'urgence lors des pics de trafic. (tib/ats)