L'aérodrome de Lugano-Agno devrait connaître une effervescence inhabituelle en décembre 2026. Et pour cause: le sommet de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se tiendra au Tessin.
La Suisse assumera la présidence de l'OSCE l'année prochaine. Cette organisation internationale est l'une des dernières à compter la Russie à la fois parmi ses membres et à la table des discussions, aux côtés de l'Ukraine et des Etats-Unis. En 2026, le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis (PLR) prendra formellement la tête de l'organisation, qui rassemble 57 pays.
Un avion transportant le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, devrait selon toute vraisemblance atterrir à Lugano-Agno pour la rencontre. Il est d'usage que l'Etat qui assure la présidence invite les ministres des Affaires étrangères de tous les Etats membres au sommet annuel.
Lors de la rencontre de l'an dernier à Malte, Lavrov avait présenté le gouvernement ukrainien comme un régime néonazi. Il avait aussi accusé l'Occident d'avoir causé la guerre.
L'OSCE, ou plutôt l'organisation qui l'a précédée a été créée en 1975, pendant la guerre froide. Elle voulait proposer un cadre de dialogue entre l'Est et l'Ouest. La Suisse figurait parmi les 35 membres fondateurs.
Aujourd'hui, 57 Etats d'Europe et de l'ex-URSS ainsi que les Etats-Unis et le Canada en font partie. Elle constitue la plus grande organisation régionale de sécurité au monde. Ses objectifs: le maintien de la paix et la reconstruction après un conflit.
Mais des tensions internationales pèsent également sur l'OSCE, notamment liées à la guerre en Ukraine. En raison du principe d'unanimité, l'organisation bloque régulièrement sur des questions pourtant centrales. Plusieurs postes de haut niveau n'ont récemment pu être pourvus qu'après des mois de tractations. Par ailleurs, ce n'est plus un secret pour personne: les finances de l'organisation sont dans le rouge et elle ne fonctionne bien souvent qu'avec des budgets provisoires.
Dans ce contexte, le Conseil fédéral a fixé cinq priorités pour sa présidence. La Suisse entend entre autres, préserver la capacité d'action de l'OSCE et renforcer le dialogue inclusif entre tous les Etats membres.
Cela explique le renforcement de l'engagement de Berne en tant que médiateur potentiel dans le conflit russo-ukrainien.
Mercredi dernier, CH Media (dont watson fait partie) avait révélé que le diplomate suisse Gabriel Lüchinger se rendait cette semaine à Moscou pour une réunion d'importants conseillers en sécurité nationale organisée par le Kremlin.
Le voyage a été convenu avec des pays partenaires européens. Selon le Tages-Anzeiger, Gabriel Lüchinger s'est entretenu jeudi au téléphone avec Andrij Jermak, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne.
Contrairement à d'autres pays occidentaux, la Suisse n'a jamais complètement coupé les ponts avec Moscou. La préparation de la présidence de l'OSCE de l'année prochaine offre désormais de nouvelles possibilités de dialogue.
Reste à savoir si les efforts de médiation helvétiques actuels porteront leurs fruits. Vladimir Poutine a intensifié ses attaques en Ukraine et ne montre aucune volonté de mener des négociations substantielles.
La dernière fois que la Suisse a présidé l'OSCE, c'était en 2014 avec Didier Burkhalter. L'organisation avait alors joué un rôle central dans les négociations pour un cessez-le-feu aux combats dans l'est de l'Ukraine. Elle avait par la suite veillé à son respect sur le front. Mais cet engagement n'avait toutefois pas permis d'instaurer une paix durable dans la région.
Traduit et adapté par Valentine Zenker