Suisse
International

Paix en Ukraine: «La Suisse prête à offrir ses bons offices»

Paix en Ukraine: «La Suisse prête à offrir ses bons offices». La présidente de la Confédération suisse Karin Keller-Sutter (à droite) serre la main du président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) ...
La Suisse revient très souvent dans les discussions sur la paix entre l'Ukraine et la Russie. La présente helvétique à Moscou, possible unique représentante de l'Occident fin mai, met le pays au centre de l'attention.Image: LAURENT GILLIERON,AFP/imago/keystone, montage watson

Pourquoi la Suisse a décidé de dire oui à une invitation de Moscou

Le Kremlin organise une conférence sur la sécurité. Parmi les participants, un Suisse envoyé par le Conseil fédéral, probablement le seul représentant d’Europe occidentale. Que fait-il là?
22.05.2025, 12:1122.05.2025, 14:02
Stefan Bühler et Remo Hess, bruxelles / ch media
Plus de «Suisse»

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a confirmé l'information mercredi en fin d'après-midi:

«L'ambassadeur Gabriel Lüchinger, chef de la division sécurité internationale au DFAE, a reçu une invitation à la conférence qui se tiendra à Moscou du 27 au 29 mai et y participera»

Ce que la diplomatie suisse ne précise pas c'est que ce sera probablement l'un des rares, voire le seul représentant d'Europe occidentale. A Bruxelles, on indique en effet qu'aucun délégué de l'UE ne se rendra à l'événement.

Certes, il ne s'agit que d'une réunion de haut niveau entre conseillers à la sécurité, organisée cette année pour la treizième fois. Mais ce mois de mai, le régime russe de Vladimir Poutine en fait un événement de grande envergure: 150 pays auraient été conviés, ainsi que plusieurs organisations internationales. Plus d'une centaine auraient accepté l'invitation et, parmi eux, selon Moscou, les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ainsi que de nombreux gouvernements d'Asie et d'Afrique.

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis, la présidente de la Confédération Viola Amherd et l'ambassadeur Gabriel Luechinger, chef de la Task Force Conférence sur la paix en Ukraine et chef de la Div ...
En juin 2024 déjà, Gabriel Lüchinger s'affichait en compagnie du président Zelensky et de la présidente de Confédération Viola Amherd lors d'un sommet sur la paix en Ukraine.Image: keystone

Mercredi, l'agence russe RIA Novosti a par ailleurs rapporté que Moscou aurait également convié «un certain nombre de pays inamicaux». Malgré leur position «ouvertement antirusse», ces Etats auraient manifesté un intérêt pour la rencontre, selon l'agence. Seuls les Etats-Unis ont été mentionnés nommément. On ignorait toutefois mercredi soir si Washington entendait répondre à l'invitation.

Et la Suisse, dans tout ça?

Le déplacement à Moscou du principal conseiller en sécurité du Conseil fédéral intervient à un moment particulièrement délicat. L'Union européenne vient en effet d'adopter de nouvelles sanctions contre le régime de Vladimir Poutine.

Et mardi, le président américain Donald Trump, après un long entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, a clairement indiqué qu'il n'avait plus l'intention de jouer les médiateurs entre Moscou et Kiev.

Que cherche à obtenir la Suisse officielle de la mission de Lüchinger? Dans sa déclaration, le DFAE écrit:

«L'ambassadeur Lüchinger profitera de la conférence pour s'entretenir avec des représentants du gouvernement russe»

Il prévoit également des échanges avec certains membres des délégations étrangères venues en nombre du Sud global. La Suisse entend maintenir le dialogue avec toutes les parties:

«C'est l'un des éléments de l'offre de bons offices que de parler à la fois avec la Russie et avec l'Ukraine»

La référence aux bons offices suscite l'attention. Les indices se multiplient en effet: la Confédération semble vouloir jouer à nouveau un rôle plus actif dans les efforts de paix pour l'Ukraine. Dans une déclaration publiée sur la plateforme X à la suite de son entretien téléphonique avec Donald Trump, le président Zelensky a lui-même mentionné la Suisse. L'Ukraine, a-t-il affirmé, est prête à entamer des négociations directes dans n'importe quel format susceptible de produire des résultats:

«La Turquie, le Vatican, la Suisse: nous envisageons tous les lieux possibles»
Volodymyr Zelensky

Le DFAE indique avoir pris acte de la proposition de Volodymyr Zelensky, et réaffirme que la Suisse reste disposée à offrir ses bons offices pour soutenir «un véritable processus de paix». «Nous sommes en contact, à différents niveaux, avec toutes les parties impliquées», précise le DFAE.

Entretien entre Keller-Sutter et Zelensky à Rome

Manifestement, ces contacts ont lieu au plus haut niveau. A l'occasion de la réunion de la Communauté politique européenne dans la capitale albanaise, Tirana, la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, a rencontré vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Par la suite, Karin Keller-Sutter a déclaré devant les médias que la Suisse jouait un rôle particulier en raison de son engagement en faveur de la paix en Ukraine:

«L'Ukraine a notamment demandé que la Suisse assume un mandat de puissance protectrice vis-à-vis de la Russie»

Bien que ce mandat n'ait pas encore vu le jour, «nous jouissons d'une position de confiance en tant que médiateurs potentiels», a souligné la présidente de la Confédération.

Deux jours plus tard, lors de l'inauguration du nouveau pape à Rome, Keller-Sutter a de nouveau rencontré Zelensky pour un entretien de plus d'une demi-heure. Sur la plateforme X, elle a partagé une photo de leur rencontre en ajoutant:

«La Suisse reste prête à offrir ses bons offices»

Elle a probablement tenu les mêmes propos au secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, qu'elle a également rencontré brièvement sur la place Saint-Pierre à l'occasion de l'inauguration du pape. De même qu'avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Une photo de la cérémonie papale illustre bien la position de Keller-Sutter: on y voit le couple Zelensky, encadré par Ursula von der Leyen et la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter.

Au vu des nombreuses rencontres de haut niveau ces derniers jours, il est peu probable que la mission de l'aviseur en sécurité Lüchinger à Moscou soit une initiative solitaire de la Suisse. Le pays se positionne en vue de potentielles négociations de paix.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

Vladimir Poutine dans tous ses états
1 / 10
Vladimir Poutine dans tous ses états
Poutine en mode chasseur, 2010.
source: ap ria novosti russian governmen / dmitry astakhov
partager sur Facebookpartager sur X
Donald Trump, un pacificateur?
Video: twitter
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
Les Etats-Unis placent la Suisse en «risque niveau 1»
Les Etats-Unis ont émis un avis de voyage pour la Suisse. Les voyageurs doivent être particulièrement vigilants dans les grandes villes.

La Suisse est réputée dans le monde entier pour être un pays sûr. Pourtant, les Etats-Unis ont émis un avis de voyage officiel à son sujet, comme le rapporte le Blick.

L’article