Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a confirmé l'information mercredi en fin d'après-midi:
Ce que la diplomatie suisse ne précise pas c'est que ce sera probablement l'un des rares, voire le seul représentant d'Europe occidentale. A Bruxelles, on indique en effet qu'aucun délégué de l'UE ne se rendra à l'événement.
Certes, il ne s'agit que d'une réunion de haut niveau entre conseillers à la sécurité, organisée cette année pour la treizième fois. Mais ce mois de mai, le régime russe de Vladimir Poutine en fait un événement de grande envergure: 150 pays auraient été conviés, ainsi que plusieurs organisations internationales. Plus d'une centaine auraient accepté l'invitation et, parmi eux, selon Moscou, les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ainsi que de nombreux gouvernements d'Asie et d'Afrique.
Mercredi, l'agence russe RIA Novosti a par ailleurs rapporté que Moscou aurait également convié «un certain nombre de pays inamicaux». Malgré leur position «ouvertement antirusse», ces Etats auraient manifesté un intérêt pour la rencontre, selon l'agence. Seuls les Etats-Unis ont été mentionnés nommément. On ignorait toutefois mercredi soir si Washington entendait répondre à l'invitation.
Le déplacement à Moscou du principal conseiller en sécurité du Conseil fédéral intervient à un moment particulièrement délicat. L'Union européenne vient en effet d'adopter de nouvelles sanctions contre le régime de Vladimir Poutine.
Et mardi, le président américain Donald Trump, après un long entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, a clairement indiqué qu'il n'avait plus l'intention de jouer les médiateurs entre Moscou et Kiev.
Que cherche à obtenir la Suisse officielle de la mission de Lüchinger? Dans sa déclaration, le DFAE écrit:
Il prévoit également des échanges avec certains membres des délégations étrangères venues en nombre du Sud global. La Suisse entend maintenir le dialogue avec toutes les parties:
La référence aux bons offices suscite l'attention. Les indices se multiplient en effet: la Confédération semble vouloir jouer à nouveau un rôle plus actif dans les efforts de paix pour l'Ukraine. Dans une déclaration publiée sur la plateforme X à la suite de son entretien téléphonique avec Donald Trump, le président Zelensky a lui-même mentionné la Suisse. L'Ukraine, a-t-il affirmé, est prête à entamer des négociations directes dans n'importe quel format susceptible de produire des résultats:
Le DFAE indique avoir pris acte de la proposition de Volodymyr Zelensky, et réaffirme que la Suisse reste disposée à offrir ses bons offices pour soutenir «un véritable processus de paix». «Nous sommes en contact, à différents niveaux, avec toutes les parties impliquées», précise le DFAE.
Manifestement, ces contacts ont lieu au plus haut niveau. A l'occasion de la réunion de la Communauté politique européenne dans la capitale albanaise, Tirana, la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, a rencontré vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Par la suite, Karin Keller-Sutter a déclaré devant les médias que la Suisse jouait un rôle particulier en raison de son engagement en faveur de la paix en Ukraine:
Bien que ce mandat n'ait pas encore vu le jour, «nous jouissons d'une position de confiance en tant que médiateurs potentiels», a souligné la présidente de la Confédération.
Deux jours plus tard, lors de l'inauguration du nouveau pape à Rome, Keller-Sutter a de nouveau rencontré Zelensky pour un entretien de plus d'une demi-heure. Sur la plateforme X, elle a partagé une photo de leur rencontre en ajoutant:
Elle a probablement tenu les mêmes propos au secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, qu'elle a également rencontré brièvement sur la place Saint-Pierre à l'occasion de l'inauguration du pape. De même qu'avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Une photo de la cérémonie papale illustre bien la position de Keller-Sutter: on y voit le couple Zelensky, encadré par Ursula von der Leyen et la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter.
Au vu des nombreuses rencontres de haut niveau ces derniers jours, il est peu probable que la mission de l'aviseur en sécurité Lüchinger à Moscou soit une initiative solitaire de la Suisse. Le pays se positionne en vue de potentielles négociations de paix.
Vereint an der Amtseinsetzung von Papst Leo XIV. @Pontifex.
— Karin Keller-Sutter (@keller_sutter) May 18, 2025
Réunis à l’occasion de l’inauguration du pontificat de Léon XIV.
Riuniti per l’insediamento di Papa Leone XIV.
United at the inauguration of Pope Leo XIV. pic.twitter.com/o3XiYWBRv9
Traduit et adapté par Noëline Flippe