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Santé

La Suisse attend le médicament qui sauve les bébés du VRS

La Suisse craint une pénurie de ce médicament qui sauve les bébés

Il existe une nouvelle substance active contre les infections respiratoires dues au virus respiratoire syncytial (VRS), qui doit être injectée aux nourrissons juste après la naissance. Ce «vaccin» réduit de 80% la probabilité d'une maladie grave. Mais la Suisse recevra-t-elle cette substance active à temps?
06.10.2024, 06:51
Bruno Knellwolf / ch media
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La redoutable saison du VRS va bientôt commencer. Un premier nourrisson a déjà été hospitalisé à l'hôpital pédiatrique de Suisse orientale après avoir été infecté par le virus respiratoire syncytial. Les hôpitaux pédiatriques suisses n'ont pas été les seuls à être remplis de petits patients atteints du VRS ces deux derniers hivers: les vagues d'infection ont fait le tour du monde:

«Le VRS est la cause la plus fréquente d'hospitalisation des nourrissons pendant les mois d'hiver. En décembre dernier, il y a eu des périodes où tous les bébés hospitalisés l'étaient à cause du VRS»
Anita Niederer-Loher, infectiologue à l'hôpital pédiatrique de Suisse orientale.

Pendant la pandémie du Covid-19, ce virus n'a quasiment pas fait parler de lui. Les mesures d'hygiène du Covid ont permis d'éviter l'infection des enfants. En effet, le virus respiratoire syncytial est généralement propagé par des gouttelettes et des aérosols par les adultes et les enfants plus âgés, chez qui les symptômes ne sont généralement pas plus sérieux qu'un rhume.

Mais la situation est différente chez les nouveau-nés: les nourrissons infectés ont des difficultés à respirer et ne peuvent plus boire correctement. En plus de la fièvre et des otites, on observe le plus souvent chez les enfants de moins de deux ans des inflammations et une accumulation de mucus au niveau des voies respiratoires inférieures, voire des pneumonies.

Plus le bébé est jeune, plus le danger est élevé

C'est pourquoi les bébés infectés reçoivent de l'oxygène à l'hôpital et, selon la gravité de la maladie, une sonde gastrique pour s'hydrater. Certains nourrissons tombent également plus gravement malades et doivent être soignés en soins intensifs. Plus le bébé est jeune, plus le risque de maladie grave après une infection par le VRS est élevé. Tous les bébés sont à risque, même ceux qui sont en bonne santé.

Mais la substance active nirsevimab, vendue sous le nom de Beyfortus, donne désormais de l'espoir aux parents. Cet anticorps monoclonal est injecté peu après la naissance, au cours de la première semaine de vie.

«Le Beyfortus réduit la probabilité d'infection par le VRS d'environ 80%»
Anita Niederer-Loher

Deborah Wallrabenstein de l'Hôpital pédiatrique de Bâle le confirme: «La substance active est très efficace et a un excellent profil de sécurité».

La Commission fédérale pour les vaccinations (Ekif) et l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) ont recommandé cette substance «parce que les nourrissons contractent très souvent une infection à VRS durant leur premier hiver. Et parce qu'il existe un risque élevé d'hospitalisation, en particulier au cours des premiers mois de vie», explique Christoph Berger de l'Hôpital pédiatrique de Zurich.

Avant le Beyfortus, il existait déjà une substance active similaire appelée Synagis. Mais celle-ci n'agit pas longtemps et doit donc être injectée cinq à six fois au cours d'une saison de VRS. De plus, chacune de ces doses coûte plus de 1000 francs. C'est pourquoi ce médicament n'a été utilisé que pour les nourrissons particulièrement menacés. Le Beyfortus, en revanche, ne doit être injecté qu'une fois par saison.

Pour la première fois, des bébés âgés de quelques jours seulement ont reçu une injection de Beyfortus à l'hôpital. Les nourrissons nés pendant la saison du VRS reçoivent une dose de Beyfortus peu après la naissance, car le risque d'une infection grave est alors élevé. Pour les bébés nés entre avril et septembre, la substance active n'est injectée qu'au début de la saison du VRS, qui dure d'octobre à mars.

La Suisse n'a pas encore accès au Beyfortus

L'UE a autorisé la mise sur le marché de Beyfortus en novembre 2022, mais il a fallu attendre un an de plus pour que la Suisse fasse de même. La protection contre le VRS pour les bébés n'est donc pas encore disponible chez nous. Il est toutefois clair que les caisses d'assurance maladie prendront en charge les coûts de cette «vaccination contre le VRS». Le prix est également connu: la dose unique coûte 396 francs. Les pédiatres espèrent que les doses commandées à l'entreprise Sanofi arriveront en Suisse à partir de la mi-octobre.

«La demande de Beyfortus a été très élevée, tant en Espagne qu'en France», explique Niederer. Dans ces pays, jusqu'à 90% des nourrissons ont pu être immunisés. Cela montre que l'acceptation des parents était très élevée, bien que la France soit en général un pays plutôt sceptique en matière de vaccination. En Suisse, l'infectiologue s'attend à ce que le taux d'acceptation des parents soit à peu près le même. Elle craint toutefois qu'il ne soit pas possible de livrer suffisamment de doses et qu'il y ait une pénurie de la substance active en Suisse également.

Il y a déjà une pénurie en Allemagne, où le Beyfortus est recommandé depuis juin. La société pharmaceutique explique que la pénurie durera encore au moins jusqu'au 11 octobre. Un porte-parole de l'association professionnelle allemande des médecins pour enfants et adolescents estime que c'est un coup dur pour une immunisation en temps voulu pour la prochaine saison des refroidissements.

«Ce n'est pas un vaccin, mais un médicament»

En attendant, l'infectiologue Niederer-Loher est irritée par le fait que l'on parle partout de «vaccination contre le VRS»:

«Ce n'est pas un vaccin, mais un anticorps, un médicament que l'on injecte»

Cela fait une différence: une vaccination provoque une réaction de défense dans notre système immunitaire. Avec un composant viral dans le vaccin, notre corps est incité à produire des anticorps qui, en cas de menace, peuvent combattre le virus.

Le Beyfortus, en revanche, contient des anticorps déjà prêts. Ces anticorps monoclonaux protègent les nourrissons immédiatement après l'injection. En effet, en cas d'infection, les anticorps neutralisent directement les virus. Contrairement à une vaccination active, ou même à une infection, le système immunitaire ne doit pas d'abord fabriquer lui-même des anticorps. Le bébé est donc protégé immédiatement et non pas après quelques jours comme c'est le cas avec une vaccination.

Comme il s'agit d'un médicament et non d'un vaccin, il n'a pas les effets secondaires symptomatiques de la vaccination, comme la fièvre. Le Beyfortus est donc très bien toléré. Il se peut néanmoins qu'il y ait une rougeur ou un gonflement à l'endroit de la piqûre.

Il existe également un vaccin actif contre le VRS appelé Abrysbo. Le vaccin fabriqué par Pfizer n'est toutefois autorisé que pour les personnes âgées et, dans certains pays, pour les femmes enceintes, mais pas pour les enfants. Comme le risque d'une maladie plus grave due au VRS augmente à nouveau chez les seniors, le vaccin Abrysbo vise surtout les personnes âgées. Mais elle peut aussi aider indirectement les enfants en bas âge.

Vaccination des femmes enceintes

«L'idée de la vaccination des femmes enceintes est la même que celle de la coqueluche ou de la grippe. Après la vaccination, la mère produit des anticorps et les transmet à l'enfant via le placenta. Pendant les premiers mois de sa vie, il est donc protégé contre une infection grave. Toutefois, il n'existe pas encore de recommandation de l'Ekif pour la vaccination des femmes enceintes avec Abrysbo cet hiver, ni de prise en charge par les caisses d'assurance maladie».

Le vaccin ARNm mRESVIA de Moderna, également destiné à protéger les personnes âgées contre les infections à VRS, vient d'être autorisé par l'Agence européenne des médicaments (Ema). En Suisse, Swissmedic examine actuellement la demande d'autorisation, il n'y a en conséquence pas encore de recommandation.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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