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Santé

Suisse: le nouveau tarif médical risque de faire souffrir les enfants

Les maux d'oreilles sont déjà suffisamment désagréables. Le traitement pour les enfants pourrait bientôt empirer.
Les maux d'oreilles sont déjà suffisamment désagréables. Le traitement pour les enfants pourrait bientôt empirer.Image: Keystone

Le nouveau tarif médical sera «défavorable» pour les enfants suisses

A partir de 2026, un nouveau barème tarifaire s'appliquera aux médecins, qui devront accepter une certaine perte financière. Il apparaît que la qualité des soins pourrait également se dégrader.
18.10.2025, 07:0718.10.2025, 07:07
Anna Wanner / ch media

Le diagnostic porte le nom de mastoïdite, et il est aussi désagréable que son appellation le laisse deviner. Elle survient lorsqu'une otite moyenne ne guérit pas, se propage aux os du crâne des enfants et provoque une accumulation de pus. Dès l’année prochaine, son traitement pourrait devenir encore plus pénible.

En général, un scanner ou une IRM est nécessaire pour déterminer si le pus doit être drainé et s'il existe un risque de thrombose, explique la pédiatre Bettina Balmer. Comme les jeunes enfants ne peuvent pas rester immobiles, cet examen requiert une anesthésie. Jusqu'à présent, l'opération était réalisée immédiatement après, afin que l'enfant n'ait pas à être anesthésié une seconde fois.

Une nouvelle règle qui contraint à un choix

A partir de 2026, les règles vont changer. Les forfaits ambulatoires stipuleront qu'une seule intervention peut être réalisée par anesthésie, accompagnée de tous les examens complémentaires le même jour. La conseillère nationale Bettina Balmer (PLR/ZH) explique:

«Le médecin se trouve alors devant un choix: soit travailler à perte en réalisant le scanner ou l'IRM séparément de l'opération, soit facturer correctement, mais devoir procéder à deux anesthésies pour les deux interventions, ce qui est évidemment défavorable pour l'enfant.»

C'est un dilemme particulièrement désagréable. L'élue entend donc le faire évoluer.

La situation n'est pas simple. Le 1er janvier, l'entrée en vigueur du nouveau tarif médical Tardoc et ses nouveaux forfaits ambulatoires modifiera le système de facturation pour tous les médecins exerçant en pratique privée ainsi que pour les consultations ambulatoires hospitalières.

Comme elles doivent également composer avec certains inconvénients, plusieurs centaines de propositions de modification ont été soumises à la société tarifaire OTMA, couvrant presque toutes les spécialités. A court terme, seules les erreurs les plus flagrantes ont pu être corrigées. Et le calendrier des ajustements pour 2027 est déjà complet.

Jusqu'à présent, les modifications portaient sur des compensations financières, comme les prestations de garde pour les urgences ou le montant que les radiologues doivent percevoir pour une mammographie.

Le Conseil fédéral ne veut pas s'en mêler

Il était prévisible que l'introduction des nouveaux tarifs provoquerait de vives tensions. La révision entraîne des désavantages financiers immédiats pour certaines spécialités. Selon Bettina Balmer, il est inacceptable que ce soient les patients qui en pâtissent. Dans le cas des enfants nécessitant une anesthésie supplémentaire inutile, les inconvénients prennent une tout autre dimension. La conseillère nationale a donc récemment saisi le Conseil fédéral.

Mais à Berne, la réponse est restée tiède. Le gouvernement et le Parlement, qui ont eux-mêmes imposé l’introduction de ces forfaits jugés prématurés, se tiennent désormais prudemment en retrait.

Le Conseil fédéral précise, en réponse Bettina Balmer, que la négociation des tarifs relève des caisses maladie et des médecins. Il renvoie également à la loi, qui stipule qu'une prestation doit être efficace, appropriée et économique. Il conclut:

«Il incombe donc aux médecins de veiller à éviter les actes inutiles ou les consultations multiples»

Bettina Balmer ne conteste pas la nécessité d’une approche économique. Mais elle interroge: «Que faire quand la logique comptable entre en conflit avec la meilleure prise en charge?»

Les médecins face à un conflit de conscience

Il existe en effet le cas inverse, par exemple pour une dégénérescence maculaire, une détérioration de l'acuité visuelle qui survient fréquemment avec l'âge.

Grâce à de nouveaux médicaments plus coûteux, les patients ne reçoivent plus qu'environ quatre injections par an, contre dix auparavant. Ils doivent donc se rendre moins souvent chez le médecin et surtout supporter moins de douleurs.

Le médecin gagne en revanche moins lors d'une consultation, car la forfaitisation laisse moins de marge pour le médicament plus coûteux. Les médecins n'ont donc aucun intérêt à recourir à des traitements innovants.

Jusqu'à présent, les médecins privilégiaient le confort du patient. Désormais, la question se pose pour le praticien: faut-il toujours opter pour le meilleur traitement? L'option moins coûteuse pourrait suffire, et le médecin y gagnerait davantage.

C’est un vrai cas de conscience, résume Bettina Balmer:

«Soit on est cupide, soit on est stupide en laissant filer l’argent vers Big Pharma. Pourtant, la plupart des médecins veulent simplement bien faire leur travail.»

Mais pour cela, ils doivent pouvoir exercer sans perdre d’argent, faute de quoi c’est la qualité des soins qui en souffrira.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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