Vendre au lieu de jeter. Cette devise est suivie par de plus en plus de personnes dans notre pays, qu'il s'agisse d'un vieux VTT, mais encore en état de marche, des chaises de salle à manger désormais hors d'usage ou d'une robe de soirée que l'on n'a portée qu'une fois.
Plus encore, la vente de seconde main est devenue une sorte de sport national. En effet, dans aucun autre pays européen les particuliers ne sont aussi nombreux à vendre des produits d'occasion sur Internet qu'en Suisse. C'est ce qui ressort du dernier baromètre des cyberacheteurs du prestataire de services de livraison de colis DPD, pour lequel plus de 24 000 personnes ont été interrogées dans 22 pays, dont un bon millier en Suisse.
Parmi les acheteurs en ligne «réguliers», c'est-à-dire ceux qui font des achats sur Internet au moins une fois par mois, 57% utilisent des plates-formes «customer-to-customer» comme Ricardo, Tutti, Ebay ou Anibis pour leurs ventes. Les Pays-Bas et l'Espagne atteignent également des valeurs comparativement élevées avec 55% chacun. En revanche, en moyenne européenne, «seulement» 46% des acheteurs en ligne réguliers interrogés déclarent utiliser de telles plateformes de customer-to-customer.
Selon le baromètre DPD, les personnes interrogées dans notre pays justifient leur envie de vendre principalement par deux préoccupations: elles veulent donner des produits intacts mais dont elles n'ont plus besoin et contribuer ainsi à l'économie circulaire. Et elles veulent faire de la place chez eux. L'objectif pécuniaire, c'est-à-dire l'intention de gagner un peu d'argent avec la vente, n'arrive qu'en troisième position.
La situation est différente pour les acheteurs. La raison de loin la plus souvent citée (55%) pour faire du shopping sur Ricardo et autres est sans surprise le prix avantageux. Vient ensuite le soutien à l'économie circulaire, bien que celui-ci ne soit une préoccupation que pour un bon tiers.
Le nombre de personnes qui utilisent les plateformes customer-to-customer est en augmentation. L'année dernière, 76% des cyberacheteurs locaux indiquaient acheter et vendre des articles d'occasion sur Internet. Dans le dernier sondage, ils sont déjà 82% - dont 34% se présentent uniquement comme vendeurs. La part de ce groupe a même augmenté de manière disproportionnée par rapport à l'année précédente, ce qui renforce l'image du cas particulier du shopping en Suisse. Alors que dans notre pays, le nombre de personnes qui vendent des marchandises d'occasion sur Internet est supérieur à la moyenne, le nombre de personnes qui achètent sur des plateformes de seconde main est inférieur à la moyenne. Seuls 48% des cyberacheteurs réguliers achètent des objets sur Ebay et autres, alors que la moyenne européenne est de 58%.
En Suisse, les personnes interrogées achètent en moyenne onze fois par an quelque chose à des particuliers sur le net. La remise de la marchandise a lieu en personne dans 50% des cas. En moyenne européenne, ce chiffre n'est que de 32%.
Dans l'ensemble, le nombre d'utilisateurs et d'utilisatrices de plateformes de seconde main a augmenté «de manière significative» dans toute l'Europe depuis 2020, comme le montre le baromètre des achats en ligne. Et il va encore «fortement augmenter», comme l'ajoute Tilman Schultze, chef de DPD Suisse. Les auteurs de l'étude attribuent cette hausse à deux tendances essentielles:
La forte inflation a massivement réduit le pouvoir d'achat dans de nombreux pays, ce qui a probablement profité aux plateformes de seconde main moins chères.
En Suisse aussi, l'augmentation est due à la pandémie. Certes, le renchérissement y a été moins marqué. Mais beaucoup ont profité du lockdown pour faire le ménage dans leurs caves et leurs appartements. Cela expliquerait en tout cas pourquoi le manque de place est ici l'un des principaux moteurs de vente.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)