Commençons par la bonne nouvelle: la violence chez les jeunes, c'est-à-dire le nombre de condamnations pour des actes de violence légère à grave, reste stable, voire en légère baisse.
Mais à y regarder de plus près, on découvre une autre tendance. Le nombre de délits graves a presque triplé en sept ans. En 2024, il a atteint sa valeur la plus élevée depuis le début de la statistique des jugements pénaux il y a 25 ans: 125 jeunes ont été condamnés pour violence aggravée. Il s'agit principalement de lésions corporelles sévères. Le niveau de blessure des victimes est tel qu'il nécessite une hospitalisation prolongée.
Les viols arrivent en deuxième position. Ils ont augmenté l'année dernière, car le débat sur le durcissement du droit pénal en la matière a sans doute incité plus de femmes à déposer plainte. Mais, même sans cela, le phénomène aurait franchi des seuils inédits.
Elle est très fiable. Car, contrairement à la statistique de la criminalité, celle des condamnations pénales ne recense pas les suspects, mais les condamnés. Les faits sont donc prouvés. En plus, les cas les plus sérieux dépendent moins du comportement de dénonciation que les plus légers.
Une personne qui ne se sent «que» menacée ne portera pas forcément plainte. Cette tolérance peut évoluer avec le temps. En revanche, les délits de violence graves ont un caractère plus officiel. Un blessé grave admis à l'hôpital déclenchera forcément une intervention policière.
A cause d'une baisse des seuils d'inhibition. Dirk Baier, chercheur sur cette thématique, avance trois explications:
Ces raisons s'appliquent en principe à tous les jeunes, mais très peu d'entre eux tombent réellement dans la violence. Baier ajoute:
Le problème est avant tout masculin. 96% des auteurs sont des hommes. La plupart d'entre eux ont plus de 16 ans. Les filles commettent de plus en plus de délits de violence légère, mais presque jamais d'actes graves.
En 2024, un jeune délinquant violent sur deux ne détenait pas de passeport à croix blanche. Cette proportion n'a pas varié au cours des dernières années. Suisses et étrangers sont donc responsables à parts égales de la hausse.
Les seconds restent toutefois nettement surreprésentés, en considérant que leur part dans la population résidente dépasse légèrement les 25%. La plus grande partie des délinquants étrangers ont un permis de séjour et font donc partie de la population résidente.
La criminalité ne touche que 1% des jeunes. Et encore moins dans les cas graves: seul un jeune sur 6000 commet un tel acte. Le chercheur Dick Baier n'y voit donc pas de brutalisation de la jeunesse:
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)