Yverdon a testé le congé pour règles douloureuses: le bilan est surprenant
Les congés signifient normalement: plaisir, repos et détente. Il en va différemment pour le congé menstruel: il s'agit de permettre aux femmes, en cas de douleurs intenses pendant leurs règles, de s'absenter sans perte de salaire ni certificat médical.
L'Espagne a déjà inscrit ce droit dans la loi. En Suisse, ce sont surtout les villes dirigées par la gauche qui se sont emparées de ce dossier. Yverdon-les-Bains a pris de l'avance, rapidement suivie par Fribourg.
L'été dernier, la ville vaudoise de 31 000 habitants est devenue la première en Suisse à instaurer un congé menstruel, limité à trois jours par mois et douze jours par an. Carmen Tanner (Verts), cosyndique de la ville, fait le point après cette première année.
A quelle fréquence le congé menstruel a-t-il été employé jusqu'à présent?
Au cours de la première année suivant son introduction, du 1er juillet 2024 à fin juin 2025, treize femmes ont pris un congé menstruel. Une seule l'a utilisé plus d'une fois.
Les chiffres sont étonnamment bas. La ville d'Yverdon compte 1000 employées, dont environ un tiers de femmes en âge de procréer. Le congé menstruel serait-il donc superflu?
Pas du tout!
Cela se reflète non seulement dans les résultats de l'enquête à Zurich, mais aussi dans les estimations médicales, selon lesquelles au moins une femme sur dix souffre d'endométriose.
Comment expliquez-vous alors ces chiffres si bas?
Beaucoup de femmes continuent à travailler malgré la douleur, car elles y sont habituées.
Lors de son introduction il y a un an, les employées ont été informées, par e-mail et sur leur fiche de salaire.
Oui, mais un e-mail passe vite inaperçu. De plus, plusieurs modifications du règlement du personnel ont eu lieu en même temps. A la cafétéria, j'entendais souvent: «Quoi? Il y a un congé menstruel?»
Depuis, les absences ont tendance à augmenter, même si elles restent à un niveau faible.
Partout en Suisse, les femmes peuvent simplement se déclarer malades en cas de douleurs menstruelles. Les employées d'Yverdon ne prennent-elles donc pas le congé menstruel pour cette raison?
C'est possible, et cela constitue une autre explication à la faible utilisation jusqu'à présent.
Pourquoi un changement de système est-il nécessaire?
Le nombre de jours de maladie payés est limité. Si l'on doit s'absenter pour ses règles, ces jours peuvent alors manquer pour couvrir d'autres maladies.
Les critiques craignent que ce congé ne crée un nouveau stigmate et réduise la volonté des employeurs d'embaucher des femmes. Y a-t-il eu de telles expériences à Yverdon?
Non. Je n'ai observé aucun signe de stigmatisation. Je considère cette crainte comme exagérée, car la confidentialité est assurée: seuls les RH et, au maximum, un supérieur ou une supérieure hiérarchique connaissent le motif de l'absence. Pas les autres responsables.
Que conseillez-vous aux autres villes qui envisagent d'instaurer un congé menstruel?
Il est important de l'accompagner d'une campagne de sensibilisation.
A Yverdon, nous souhaitons maintenant analyser plus précisément les freins à l'utilisation du congé menstruel et identifier les améliorations possibles. Pour cela, nous allons collaborer avec une équipe de l'Université de Lausanne. Nous espérons que d'autres villes, comme Zurich et Lausanne, avec lesquelles nous échangeons, pourront bénéficier de ces enseignements.
Traduit et adapté par Noëline Flippe
