Donald Trump sabote un projet de Ricola
Il y a presque un an jour pour jour, Ricola dévoilait de grandes ambitions. Le confiseur de Laufon (Bâle-Campagne) voulait reprendre l’usine Hero de Lenzbourg (Argovie) et y installer sa propre production. A l’époque, la direction affirmait que le site était idéal: les infrastructures de Hero permettaient une transition rapide, un démarrage dès le premier trimestre 2026, et rejoindre Lenzbourg par les transports n'était pas une difficulté.
Ricola est mondialement connu pour ses bonbons aux herbes. Mais les tarifs douaniers américains compliquent désormais la donne.
Le rachat de l’usine Hero devait répondre à un problème de fond: les goulots d’étranglement de la production. Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, la demande pour les produits Ricola a explosé, surtout aux Etats-Unis et en Asie, avec des taux de croissance à deux chiffres. 
En mai, la demande de permis de construire avait révélé l’ampleur du projet: environ 19,9 millions de francs suisses pour transformer l’usine Hero. A court terme, 46 postes à temps plein devaient être créés, et jusqu’à 105 à terme. Si tout s’était déroulé comme prévu, les travaux devaient commencer cet automne.
Garder la tête froide
A l’époque, Ricola avait déjà été interrogé sur l’impact des droits de douane américains alors tout juste annoncés. Le service de presse reconnaissait que des mesures immédiates avaient été prises, mais qu’il restait encore beaucoup d’incertitudes. L’entreprise affirmait vouloir garder la tête froide «avant de prendre des décisions aux conséquences à long terme».
Depuis, un droit de douane de 39% frappe les importations de produits suisses aux Etats-Unis. De quoi menacer la croissance pourtant prometteuse de Ricola sur ce marché. Selon la chaîne régionale SRF Argovie-Soleure, cette mesure remet aussi en cause les projets de Lenzbourg.
Investissements reportés
Ricola aurait décidé de reporter l’ouverture des deux nouvelles lignes de production prévues. Son PDG, Thomas Meier, a confirmé à la télévision que l’entreprise ralentissait l’expansion à Lenzbourg. Elle n’investira dans l’ancienne usine Hero qu’une fois la situation douanière clarifiée.
Face à la hausse inévitable des prix de ses bonbons sur le marché américain, le patron souhaite garder toutes les options ouvertes. La priorité reste de produire en Suisse. Mais Thomas Meier n’exclut pas, si la situation devait perdurer, de délocaliser une partie de la fabrication à l’étranger.
