C'est un record peu glorieux: l'Office fédéral de l'aviation civile (Ofac) a recensé l'an dernier 1730 incidents impliquant des passagers récalcitrants à bord de compagnies suisses comme Swiss, Edelweiss, Chair ou Helvetic Airways. Un nombre record, et 30% plus élevé qu'en 2023.
Même l'année avant la pandémie de Covid, on n'avait enregistré «que» 1357 situations de ce genre, alors même qu'il y avait davantage de passagers qu'en 2024. En d'autres termes, le nombre de signalements a également augmenté en pourcentage.
432 cas ont été signalés, par exemple parce que des personnes ne voulaient pas attacher leur ceinture de sécurité, refusaient de ranger correctement leurs bagages ou ne voulaient pas éteindre leur ordinateur portable sur ordre de l'équipage.
Les dérapages verbaux envers les employés des compagnies arrivent en deuxième position (360 dénonciations), suivis du non-respect de l'interdiction de fumer (308) et de la consommation excessive d'alcool ou de drogues (201). Dans près de 100 situations, il est même fait état de recours à la violence.
L'Ofac a infligé 142 amendes au total l'année dernière, généralement pour des montants compris entre 400 et 1000 francs. La procédure administrative peut toutefois durer des mois, notamment parce qu'il manque souvent l'adresse exacte des contrevenants.
Chez Swiss, on observe aussi une tendance à la hausse des incivilités depuis dix ans. Même si 2024 n'a pas constitué un record absolu pour la filiale de Lufthansa. Les chiffres de 2024 sont plus élevés qu'en 2023, mais plus bas qu'entre 2020 et 2022. La compagnie ne communique cependant pas le nombre d'interdictions de vol qu'elle a prononcées l'an dernier.
Son porte-parole, Mike Pelzer, affirme que la sécurité à bord demeure une priorité absolue:
Le personnel de cabine apprend à évaluer différentes situations, à les désamorcer en premier lieu et à mettre en place des mesures de suivi si la tentative d'apaisement ne réussit pas du premier coup.
Swiss s'est confrontée à un cas de comportement particulièrement problématique. L'un des avions de la compagnie qui reliait New York à Zurich a dû interrompre son voyage au printemps. Un rapport du FBI a ensuite détaillé à l'automne les agissements scandaleux du passager concerné:
Selon ce document, le Belge David P.* (nom d'emprunt) a quitté son siège peu après le décollage et s'est dirigé vers une hôtesse de l'air. Il a agrippé ses seins, l'a secouée et lui a crié dessus. Il s'est ensuite éloigné d'elle, a couru vers l'avant de l'appareil et a tenté d'accéder au cockpit en donnant des coups de pied contre la porte.
Lorsqu'un agent de bord a tenté de l'en dissuader, le passager l'a attaqué, notamment à coups de poing. Plusieurs collègues ont finalement réussi à plaquer au sol le trouble-fête, qui bénéficie de la présomption d'innocence. Après un atterrissage à Newark, le Belge a été emmené par la police.
Autre événement sans risque mais qui figure aussi dans les statistiques: fin novembre, un couple s'est adonné à une fellation dans l'espace cuisine d'un Bangkok - Zurich. Un membre de l'équipage a filmé la scène grâce à une caméra de l'avion - la vidéo s'est ensuite répandue parmi les employés puis le grand public.
Ryanair veut, elle, en finir avec les clients désagréables. En effet, les incidents particulièrement graves qui entraînent des annulations de vol coûtent très cher aux compagnies aériennes. La société irlandaise exige donc de l'UE que les passagers ne puissent plus boire que deux boissons alcoolisées dans les aéroports, selon le portail de la branche Simple Flying.
Il est temps que les autorités européennes prennent des mesures, demande Ryanair dans une déclaration officielle:
Cet été, le patron de Ryanair, Michael O'Leary s'était plaint à la BBC. Chaque semaine, il y aurait des incidents dus à la consommation d'alcool et de drogues. Pour les employés de la compagnie, il est difficile de repérer les passagers ivres avant l'embarquement. Ceux-ci mettent ensuite en difficulté les membres de l'équipage et les autres voyageurs à bord.
Basée à Genève, la faîtière Iata déplore un vol sur 480 entaché par ce genre d'incidents en 2023. Un an auparavant, cela ne concernait qu'un vol sur 568.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)