Avec la fuite de Bachar el-Assad en Russie d'il y a dix jours, le régime dictatorial du clan Assad, qui dominait la Syrie depuis 54 ans, s’est brusquement effondré. Les nouveaux dirigeants à Damas sont les rebelles victorieux, dont la faction la plus puissante est le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), considéré par l’ONU comme une organisation terroriste. En accord avec l'ONU, la Suisse a d'ailleurs sanctionné le HTS et son chef, connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani (né Ahmed al-Chara), désormais l’homme fort de Damas.
Toutefois, après ce bouleversement en Syrie, le Conseil fédéral a entrepris d'établir des contacts diplomatiques. Comme d'autres gouvernements occidentaux, la Suisse a envoyé une représentante à Damas:
En plus de discuter avec des représentants gouvernementaux, l’ambassadrice Marion Weichelt a aussi rencontré des membres d'autres groupes politiques, de la société civile syrienne et d'organisations de l'ONU.
Aucun détail sur le contenu des entretiens ou l'identité des interlocuteurs n’a été dévoilé, si ce n'est:
Des représentants de pays proches des milices victorieuses, comme la Turquie ou le Qatar, se sont rendus à Damas immédiatement après le renversement. Mais ces derniers jours, des délégations occidentales, dont des représentants de l'Union européenne (UE), du Royaume-Uni et de la France, ont également rendu visite à la Syrie. Contrairement à la France, qui a hissé, lundi, le drapeau tricolore sur son ambassade fermée depuis 2012, la Suisse n’envisage pas pour le moment de rouvrir son ambassade, fermée depuis douze ans. Les relations diplomatiques et consulaires continuent d’être gérées depuis l'ambassade suisse à Beyrouth.
Depuis 2017, la Suisse dispose d'un bureau humanitaire dans la capitale syrienne. Ce bureau reste opérationnel, selon le DFAE. Il poursuit ses activités humanitaires en coopération avec des partenaires internationaux, des ONG et des agences multilatérales. Ce bureau est composé de cinq employés locaux et d’un chef de bureau, membre du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA). Actuellement, ce dernier se trouve hors de Syrie, mais un retour à Damas est prévu dès que possible.
Les sanctions imposées par l’ONU aux nouveaux dirigeants syriens posent également problème à plusieurs pays, dont la Suisse. Dimanche passé, lors de son arrivée à Damas, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a plaidé pour une réévaluation de la situation.
Une levée éventuelle des sanctions devrait être décidée par le Conseil de sécurité de l’ONU, dont la Suisse est membre jusqu'à la fin de l’année, ou par l’un de ses organes subsidiaires. A ce jour, une telle question n’a pas été formellement abordée, selon le DFAE. Toute modification des listes de sanctions décidée par le Conseil de sécurité s’appliquerait automatiquement et immédiatement à la Suisse.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder