Suisse
Tabac

Sans l'industrie du tabac, certains festivals s'essoufflent

Une part importante du financement des festivals pourrait disparaître

Les électeurs ont dit «oui» à l'initiative populaire «Enfants sans tabac». Pourtant, il est difficile de la mettre en œuvre le texte et les critiques des initiateurs sont vives.
10.07.2024, 18:55
Michael Graber / ch media
Plus de «Suisse»

Elles sont remarquablement discrètes. Au milieu de l'agitation générale, de grandes tentes sans inscription sont installées dans de nombreux festivals. L'entrée se fait uniquement après contrôle de l'âge (à partir de 18 ans). A l'intérieur, il y a du monde: DJ, boissons fantaisistes et publicité pour les cigarettes.

De nombreux festivals en plein air font encore allègrement de la publicité pour le tabac. Mais ces dernières années, la publicité est devenue plus discrète. Notamment parce que l'initiative populaire «Enfants sans tabac» a été adoptée en 2022.

Mais même sous sa forme la plus discrète, la publicité reste une épine dans le pied des initiateurs. L'ancien conseiller aux Etats Hans Stöckli (PS/BE) se dit d'ailleurs «abasourdi». La raison de sa stupeur? La façon qu'a la commission de la santé publique de déterminer la mise en œuvre de cette initiative.

Il s'agit également de savoir si les multinationales du tabac peuvent encore sponsoriser des manifestations auxquelles des mineurs peuvent assister. La commission de la santé du Conseil des Etats interprète cette interdiction de manière large. Ainsi, si les tentes restent discrètes, elles peuvent continuer d'exister. Et le personnel de vente mobile doit également pouvoir continuer à se déplacer. Pour Hans Stöckli, il s'agit d'une «astuce» inqualifiable. On édulcore et «on ne met tout simplement pas en oeuvre ce que le peuple a demandé».

Le Conseil fédéral a, d'ailleurs, proposé une variante nettement plus dure. Ce qui rend l'ancien conseiller aux Etats confiant:

«C'est devenu plus stricte. Nous avons gagné en soutien»
Hans Stöckli (PS/BE), ancien conseiller aux Etats

Vers une «interdiction de fumer»?

Pour Damian Müller (PLR/LU), président de la commission de la santé du Conseil des Etats, le projet a en revanche toujours été conforme à la Constitution. Selon lui:

«Il était clair que nous voulions appliquer ce projet de manière stricte, mais mesurée»
Damian Müller (PLR/LU)

L'objectif des initiateurs était de protéger les enfants et les jeunes de la publicité pour le tabac. «Ce qui est le cas aujourd'hui», argumente Damian Müller. Ceux qui veulent des interdictions encore plus étendues «devraient en fait admettre qu'il s'agit pour eux d'une interdiction de fumer», poursuit-il.

La liberté économique est également ancrée dans la Constitution. La branche a le droit de faire de la publicité pour son produit, «le groupe cible doit simplement être clair», explique le conseiller aux Etats lucernois. Et d'ajouter:

«En ce qui concerne la nourriture et l'alcool, nous respectons également la responsabilité individuelle des personnes majeures. On donne parfois l'impression que les gens sont forcés de fumer par la publicité, ce qui est tout de même ridicule.»

Damian Müller souligne que l'industrie du tabac s'est imposé des règles strictes depuis des années. Il critique le fait que le débat sur le tabagisme se déroule parfois de manière très émotionnelle. Les contributions de l'industrie du tabac sont justement importantes pour de nombreuses manifestations et permettent ainsi à de nombreux non-fumeurs de vivre une expérience de loisirs.

Risque d'augmentation du prix des billets

La version du Conseil des Etats est bien accueillie par les organisateurs. Selon Stefan Breitenmoser, directeur de l'association des organisateurs de concerts, de spectacles et de festivals (SMPA), la plupart des festivals pourraient «très bien vivre» avec la version de la mise en œuvre proposée.

Depuis des années déjà, les organisateurs et l'industrie du tabac s'en tiennent volontairement à ce que la politique exige désormais: pas de publicité visible, pas d'accès aux mineurs dans les tentes correspondantes, pas de mention des sponsors sur les sites web des festivals.

Stefan Breitenmoser parle du fait que les contributions de sponsoring des entreprises de tabac représentent parfois jusqu'à 15% des recettes totales de sponsoring. Il explique:

«De plus, il est actuellement extrêmement difficile de compenser la disparition des sponsors»

En d'autres termes, si le montant disparaît, le festival se retrouve avec un trou financier. Ce dernier peut être comblé par une réduction du programme ou, plus vraisemblablement, par une augmentation des prix d'entrée.

Et dans une année marquée par une météo exécrable, des préventes hésitantes et une concurrence avec le football et d'autres grands événements, les fonds issus du sponsoring peuvent éviter que les chiffres ne tombent dans le rouge. Sinon, certains organisateurs de festivals risquent de s'essouffler sans l'argent de l'industrie du tabac.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

L'autoroute A13 après les intempéries
1 / 7
L'autoroute A13 après les intempéries
L'autoroute A13 endommagée après les intempéries
source: keystone
partager sur Facebookpartager sur X
Après Rihanna, c'est Justin Bieber qui vient chanter au mariage d'Anant Ambani
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Des champignons «très toxiques» menacent de plus en plus nos assiettes
La hausse des températures risque d'augmenter l'exposition des hommes aux mycotoxines, de dangereuses substances formées par les moisissures. Alors qu'un rapport européen tire la sonnette d'alarme, nous avons interrogé la Confédération.

La plupart des fois, elles sont invisibles, inodores et n'ont pas de goût. Ce qui ne facilite pas les choses lorsqu'il s'agit de les détecter ou de les éliminer. D'autant plus que la cuisson, le séchage ou la congélation n'ont aucun impact sur leur prolifération. On parle des «mycotoxines», des substances produites naturellement par certains champignons pouvant contaminer la nourriture. Et qui, comme leur nom l'indique, sont tout sauf inoffensives.

L’article