«2 francs en plus par sac-poubelle»: ils veulent une nouvelle taxe en Suisse
Le secteur suisse des déchets s’est engagé à éliminer les ordures ménagères de manière climatiquement neutre d’ici 2050, un objectif fixé en 2022 en accord avec la Confédération.
Pour y arriver, la branche estime qu'une taxe solidaire sera nécessaire, car «il est exclu» que seules les communes situées dans le périmètre des sites d'incinération en assument les coûts. Comme le déclare dans la NZZ Robin Quartier, directeur de l’association des exploitants des usines d’incinération suisses:
A Berne, l'idée est en débat. Plusieurs élus de gauche se disent favorables à cette mesure. L'UDC et le PLR s'y opposent.
Une technologie novatrice qui a un coût
A l'heure actuelle, il n’existe pas d’alternative à l’incinération, et les usines doivent réduire leurs émissions en captant le CO₂ rejeté. La mise en service, d’ici 2030, d’une première installation de captage dans l’usine d’incinération du Linth, dans le canton de Glaris, constitue une étape centrale de cette stratégie.
Le CO₂ émis lors de l’incinération est filtré, séparé des fumées puis liquéfié. Ce gaz est ensuite transporté, dans un premier temps par train, vers des sites de stockage situés sous le plancher marin en Europe du Nord.
A terme, un réseau de pipelines permettrait d’acheminer plus efficacement ces volumes et d’en réduire les coûts. Cette technologie, dite de captage et stockage du carbone (CSC), doit contribuer de manière significative aux objectifs climatiques du pays.
Pourquoi une nouvelle taxe
Toujours selon les informations de la NZZ, le captage est cependant coûteux, soit environ 400 francs par tonne de CO₂ stockée. Pour l’installation de Linth, cela représenterait près de 40 millions par an. Comme mentionné plus haut, il n'est pas envisageable que les communes concernées assument seules cette charge, raison pour laquelle la branche demande une taxe climatique nationale.
Fixée à 10 francs par tonne dans un premier temps (soit à quelques centimes par sac de déchets), elle doit financer la mise en route et l’exploitation des premières infrastructures. La feuille de route prévoit une mise en œuvre de la démarche à horizon 2030, date à partir de laquelle la nouvelle taxe serait implémentée et augmenterait ensuite progressivement, à mesure que les coûts engendrés par les infrastructures et leur exploitation augmentent, tout comme les volumes traités.
Le prix de l’enfouissement est aujourd’hui de 400 francs par tonne de CO₂. Avec un réseau de pipelines, la Confédération estime qu’il pourrait tomber à 180 francs.
Le développement complet du système nécessiterait environ 16 milliards de francs, dont un tiers pour les pipelines en Suisse.
L'impact concret sur les prix
Si le captage est généralisé d’ici 2050, la taxe climatique représenterait à long terme environ deux francs supplémentaires par sac de 35 litres, précise la NZZ.
A Zurich, cela ferait passer le prix du sac de 1,60 à 3,60 francs; à Saint-Gall à environ 4,00 francs et à Bâle à 4,70 francs. Pour la Suisse romande, où le prix des sacs varie du simple au triple selon les cantons, l'évolution est encore sujette à spéculation. (ysc)
