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Berne veut développer le télé-travail pour faire des économies

La Confédération impose une façon de travailler que Trump déteste

Homeoffice Trend
Les employés de la Confédération bénéficient à la fois du home office et de salaires supérieurs à la moyenne.Image: Shutterstock
Les fonctionnaires suisses apprécient de pouvoir travailler à la maison. La Confédération en profite pour économiser des coûts d'infrastructure.
11.02.2025, 19:3411.02.2025, 19:34
Pascal Michel / ch media
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L'ordre de reprendre le chemin du bureau est venu d'en haut. Mario Greco, chef de la Zurich Assurance, a récemment instauré une présence obligatoire dans les locaux trois jours par semaine. Deux jours de home office restent donc autorisés, indique le site financier Inside Paradeplatz.

Le fabricant d'ascenseurs Schindler va plus loin. Il n'accorde plus qu'un jour de travail à domicile hebdomadaire à son personnel. Les entreprises américaines ont anticipé cette tendance. Elon Musk déclarait, il y a deux ans déjà, que rester à la maison n'était «pas une option.» Un avis que partage son parrain, Donald Trump. L'une des premières mesures du nouveau président a été de sommer les fonctionnaires de retourner au bureau.

Alors que le patronat helvétique rétropédale en la matière, l'administration fédérale maintient, elle, son cap: elle continuera à développer des modèles flexibles «afin d'attirer des spécialistes particulièrement recherchés et les personnes vivant dans les régions rurales.» C'est ce qu'on peut lire dans un rapport présenté récemment. La Confédération se dit convaincue qu'une organisation souple pourrait fidéliser les collaborateurs sur le long terme, car cela «tient compte des différents projets de vie et de l'évolution des situations.»

Ce document doit permettre de répondre à plusieurs interventions. Le conseiller aux Etats Hansjörg Knecht (UDC/AG) voulait savoir comment décentraliser les postes de travail de la Confédération et comment économiser des surfaces de bureaux grâce à des conditions plus modernes. Une requête de la Commission des finances du Conseil national allait dans le même sens. Enfin, Martin Candinas (Centre/GR) demandait comment mieux répartir proportionnellement les emplois administratifs dans tous les cantons.

Sur ces trois points, la Confédération estime être sur la bonne voie, et le souligne. Concrètement, elle s'est fixé des objectifs précis de réduction de surface de bureaux pour 100 équivalents plein-temps: 15,2 mètres carrés en moins d'ici à 2027, et le double un an plus tard. Cela doit par ailleurs servir à économiser massivement sur les loyers et le chauffage. L'Office fédéral des constructions et de la logistique ne dispose, toutefois, d'aucune estimation concrète quant au montant total que cela représente.

Pour y parvenir, il faut encourager le home office. L'employeur doit rester attractif, il n'a pas d'alternative, souligne encore le rapport fédéral. Cette organisation du travail vise, en outre, à réduire les nuisances dues au trafic et à préserver l'environnement. Il est en principe possible pour tous les collaborateurs de l'administration civile.

Mobilité très appréciée

Et ces derniers en font largement usage. Contactées, les autorités renvoient à l'enquête annuelle du personnel. Les résultats de l'année dernière viennent de paraître. 85% des employés fédéraux y indiquaient pouvoir travailler en mobilité. Le taux de réponse à ce sondage atteignait 69%. Les trois quarts de ceux qui peuvent travailler à domicile l'ont fait.

Résultat: moins de charges, chaque fonctionnaire avec une activité de bureau classique ne possédant plus de poste fixe. Le «ratio de partage de bureau» visé est de 0,8. Dans le cadre d'un essai pilote, la Confédération mise en outre sur les «hubs», c'est-à-dire des espaces proches des centres-villes qui peuvent être utilisés de manière flexible. Il en existe actuellement un à Zurich, d'autres devraient suivre à Genève et au Tessin.

Reste à savoir si cette offensive du home office parviendra par exemple à diminuer la charge de trafic. Dans son analyse, la Confédération livre plusieurs scénarios. Il se pourrait ainsi que travailler depuis la maison contraigne de nombreux employés à parcourir de plus longues distances lorsqu'ils se déplacent au bureau. Ou qu'ils parcourent davantage de trajets dans le cadre de leurs loisirs.

Pour Berne, il semble toutefois prouvé que le home office convainc un personnel qualifié de plus en plus rare à recruter. Le SonntagsZeitung le constatait récemment: la Confédération insiste à cet égard dans ses offres d'emploi.

L'employeur public devrait par conséquent continuer à alimenter un débat controversé. Depuis un certain temps déjà, on le critique pour avoir détourné du personnel bien qualifié de l'économie privée - et ce, surtout grâce à des salaires très attractifs. L'Institut de politique économique de l'Université de Lucerne a calculé que l'Etat verse des rémunérations 12% plus élevées que dans le secteur privé. Le salaire moyen, tous départements confondus, se situe autour de 130 000 francs par an.

(Traduit et adapté par Valentine Zenker)

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