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Terrorisme

Terrorisme en Suisse: voici le risque pour notre pays

Il est «extrêmement difficile» d'empêcher les attentats en Suisse

Le groupe terroriste qui a revendiqué l'attentat en Russie n'est pas un inconnu dans notre pays. Les cantons ont une nouvelle fois renforcé leur vigilance.
27.03.2024, 05:5327.03.2024, 08:26
Christoph Bernet et Julian Spörri / ch media
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En Europe, la crainte d'une attaque terroriste islamiste s'intensifie. A la suite de l'attentat revendiqué par le groupe Etat islamique de la province du Khorassan (ISPK) qui a causé plus de 130 morts vendredi soir à Moscou, plusieurs pays ont renforcé leurs dispositifs de sécurité.

Le gouvernement français a élevé le niveau d'alerte terroriste au maximum et déployé des milliers de forces de sécurité supplémentaires. La ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, a également déclaré dans une interview au Süddeutsche Zeitung que l'ISPK représentait actuellement la plus grande menace islamiste en Allemagne.

Pour les autorités suisses, le groupe terroriste n'est pas inconnu. Dans son rapport de juin 2023, le Service de Renseignement de la Confédération (SRC) a souligné que les capacités opérationnelles de l'Etat islamique (EI) pour perpétrer des attentats en Europe devraient probablement rester limitées dans les années à venir. En revanche, la branche de l'EI en Afghanistan, l'ISPK, présente depuis 2022 une nouvelle dynamique qui pourrait vraisemblablement avoir des répercussions sur la menace terroriste en Europe dans les prochaines années.

Le niveau de menace reste élevé

Interrogée lundi, une porte-parole du SRC a indiqué que la menace terroriste pour la Suisse n'avait pas changé après l'attentat de Moscou. Néanmoins, le SRC avait déjà classé cette menace comme élevée auparavant.

La porte-parole explique que pour les djihadistes, la Suisse fait partie du monde occidental, souvent perçu comme islamophobe, et est donc considérée comme une cible légitime pour des attentats terroristes. Cependant, selon l'évaluation du SRC, d'autres Etats sont plus exposés, notamment ceux qui ont participé militairement à des coalitions internationales contre l'Etat islamique.

Johannes Saal partage ce point de vue. Ce politologue et sociologue des religions fait des recherches sur les processus de radicalisation à l'université de Lucerne. Pour lui:

«La Suisse n'est pas une cible primaire pour les attentats coordonnés de l'Etat islamique et de ses filiales nécessitant une planification et une préparation importantes».

Selon lui, ce risque concerne plutôt des pays comme l'Allemagne ou la France, notamment dans la perspective de grands événements comme le championnat d'Europe de football ou les Jeux olympiques.

Le scénario le plus probable en Suisse serait des attentats commis par des individus isolés avec des moyens relativement simples — comme lors de l'attaque au couteau contre un homme juif début mars à Zurich.

Cependant, des attentats réussis tels que celui de Moscou pourraient être exploités à des fins de propagande. Selon Johannes Saal, des djihadistes agissant de manière indépendante pourraient être touchés et potentiellement encouragés à perpétrer d'autres attaques. L'attaque de Moscou a été célébrée sur des profils de réseaux sociaux associés à l'auteur de l'attaque au couteau à Zurich, souligne l'expert.

Tout est une question de ressources

Les cantons sont avertis.

«Dans le contexte de l'attaque terroriste à Moscou, mais aussi de l'attaque au couteau à Zurich, les cantons et leurs corps de police ont encore renforcé leur vigilance»
Karin Kayser-Frutschi, coprésidente de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP)

Plusieurs cantons interrogés ont refusé de s'exprimer sur leurs dispositifs de sécurité. Karin Kayser-Frutschi explique que chaque canton analyse désormais la situation sur son territoire en se basant sur l'évaluation de la Confédération et prend les mesures nécessaires. Cela pourrait inclure, par exemple, une augmentation des patrouilles en lien avec un événement particulier ou un renforcement de la présence aux abords d'un site potentiellement menacé.

Comme toujours, il est essentiel de gérer judicieusement les ressources disponibles. Reto Nause, directeur de la sécurité de la ville de Berne et conseiller national du Centre, souligne qu'il est «extrêmement difficile» d'empêcher des attaques perpétrées par des individus radicalisés en raison du faible niveau de préparation logistique et matérielle requis.

La radicalisation des délinquants se produit souvent à travers les réseaux sociaux. Les autorités bernoises ont précisé que le corps de police cantonal renforce ses effectifs et ses ressources dans le cyberespace pour cette raison. Cependant, les possibilités d'action sont limitées:

«En comparaison européenne, la Suisse dispose d'une densité policière par habitant relativement basse et de structures de renseignement plutôt rudimentaires»

C'est pourquoi il est désormais nécessaire d'engager une discussion sur la nécessité de combler les lacunes en matière de sécurité intérieure.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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