61% des Tessinois ont une bonne raison d'aller voter ce dimanche
Une fois de plus, ce sont les Tessinois qui sont les plus touchés: la prime moyenne dans le canton du Sud augmente de 7,1%, franchissant pour la première fois la barre symbolique des 500 francs. Le Tessin prend ainsi la tête du classement, aucun autre canton n'affichant des coûts moyens aussi élevés.
Ces dernières années déjà, les coûts de la santé au Tessin ont augmenté beaucoup plus fortement que dans le reste de la Suisse. Cette tendance s'explique par la proportion élevée de retraités, qui consomment davantage de prestations de santé et font ainsi grimper les primes. En 2024 et 2025, celles-ci ont augmenté de plus de 10% chaque année, soit l'équivalent de 40 à 45 francs supplémentaires par mois.
La pression sur les assurés augmente. D'où la grande déception lorsque le peuple suisse a rejeté en juin 2024 l'initiative du PS visant à alléger les primes, par une faible majorité: 55,5% de non. Le résultat du vote a, par ailleurs, révélé un net clivage linguistique: les six cantons romands ont accepté la proposition, tout comme Bâle-Ville et le Tessin.
Au Tessin, l'initiative du PS avait recueilli 57,6% de votes favorables. La gauche estime donc avoir de bonnes chances de succès dimanche prochain, lorsque sera soumise au vote une proposition quasi identique à l'échelle cantonale.
Le Tessin supporte lui aussi le fardeau des primes
La nouvelle forte augmentation des primes devrait donner un nouvel élan à l'initiative. Sous le slogan «Explosion des primes d’assurance maladie: ça suffit!», la gauche tessinoise fait campagne pour le oui. En effet, les primes pèsent particulièrement sur les ménages tessinois. Non seulement le Tessin enregistre depuis des années la plus forte croissance des primes, mais les revenus moyens y sont également bien inférieurs à la moyenne suisse. Cette combinaison entraîne une charge disproportionnée pour les foyers:
Lors d'une conférence de presse aux côtés de ses collègues Raffaele De Rosa aux Affaires sociales (Le Centre) et Christian Vitta aux Finances (PLR), il a néanmoins mis en garde avec fermeté contre l'initiative. Le canton ne peut tout simplement pas se permettre les coûts supplémentaires de 300 millions de francs par an qu'impliquerait une réduction accrue des primes. Actuellement, il soulage déjà les ménages à hauteur de 400 millions.
Le conseiller d'Etat PLR a averti que, en cas d'adoption de l'initiative, le canton serait contraint d'augmenter le taux d'imposition de 20%. Selon le directeur des finances, le canton de Vaud, qui reste jusqu'ici le seul à appliquer un plafond de 10% sur les primes d’assurance maladie, a lui aussi atteint ses limites.
Près de deux personnes sur trois en bénéficieraient
La gauche voit les choses tout autrement. Selon Laura Riget, co-présidente du PS cantonal, 61% de la population bénéficieraient du nouveau système, ce qui serait juste. En effet, les 300 millions de francs de dépenses supplémentaires de l'initiative sont actuellement supportés de facto par les familles et les personnes dont les primes représentent plus de 10% de leur revenu. En fin de compte, cela se traduit par une redistribution renforcée: l'allégement des primes serait financé par les impôts, ce qui ne passe pas du tout du côté de la droite.
Les primes d’assurance maladie sont également au centre d'une autre initiative cantonale, soumise au vote populaire dimanche. Proposée par le parti populiste de droite «Lega dei Ticinesi», elle prévoit une modification de la loi fiscale cantonale afin d'augmenter les montants déductibles au titre des primes d'assurance. Les déductions passeraient ainsi de 5500 à 9000 francs pour les personnes seules, et de 10 900 à 18 000 francs pour les couples mariés.
Des déductions plus élevées signifient moins de recettes fiscales. Le canton, ainsi que les grandes villes et les associations communales, s'opposent fermement à cette proposition. Lugano, par exemple, prévoit en cas d'adoption de l'initiative de la Lega une perte de revenus de 11 millions de francs et a annoncé qu'elle pourrait devoir augmenter le taux d'imposition de 4 points de pourcentage. Les opposants aux deux initiatives soulignent que celles-ci ne s'attaquent pas au problème des coûts dans le système de santé, mais uniquement à son financement et aux réductions de primes. L'augmentation de la déduction fiscale pourrait même inciter certains assurés à opter pour des modèles d'assurance plus coûteux, affirment certains.
Une chose est sûre: les votes sur ces deux initiatives populaires constituent au Tessin l'événement politique le plus important de la législature en cours. En effet, les conséquences financières d'une éventuelle adoption devraient mobiliser le canton bien au-delà des élections de renouvellement prévues en avril 2027.
Traduit et adapté par Noëline Flippe