Difficile de faire plus touristique que Lauterbrunnen. Le petit village de l'Oberland bernois agonise sous des hordes de touristes qui encombrent les rues, laissent des déchets derrière eux et étouffent les autochtones. C'est ce que l'on a pu lire dans d'innombrables articles de presse au cours des dernières semaines et des derniers mois.
Le problème de cette commune dotée de la célèbre chute de Staubbach est le suivant: elle ne peut pas profiter de ses hôtes d'un point de vue économique. Son tourisme se compose principalement de visiteurs d'un jour qui passent la nuit ailleurs. C'est ce que montrent les nouveaux chiffres de l'Office fédéral de la statistique.
Certes, il y a beaucoup d'hôtels. Mais le nombre de nuitées dans la commune est en baisse. Au cours des quatre premiers mois de l'année, elles se sont élevées à 151 000, ce qui les place en 15e position dans le classement des plus grandes stations touristiques de Suisse. Ce qui représente une baisse de 3,1% par rapport à la même période de l'année précédente, et même de 18,8% par rapport à 2019.
Lauterbrunnen se trouve donc dans la pire situation possible pour une commune. Elle doit affronter les conséquences négatives du tourisme sans pour autant que le commerce local ne profite des aspects positifs de celui-ci, à savoir les recettes sous forme de nuitées d'hôtel, de visites de restaurants ou d'achats sur place. Pour lutter contre cette tendance, les autorités envisagent d'imposer une taxe d'entrée.
Parmi les sites touristiques connus, Lauterbrunnen n'est pas le plus lésé. Fribourg a perdu 38,9% de nuitées hôtelières au cours des quatre premiers mois de l'année en comparaison avec 2019, Saas-Fee 30,5% et Leysin 23%.
Malgré ces chiffres en berne, tout le monde n'est pas perdant. Parmi les plus grandes destinations touristiques ayant enregistré plus de 50 000 nuitées entre janvier et avril, deux communes proches d'un aéroport ont connu la plus forte progression: Vernier, avec une augmentation de 101,4% par rapport à 2019, et Kloten, avec une augmentation de 80,7%. Cela s'explique aussi par la construction de nombreux nouveaux établissements hôteliers.
Meyrin (55,9%), Coire (+40%) ou Morschach (SZ) avec une hausse de 35,9% ont également connu une forte progression. Parmi les plus grandes villes, Zurich, Genève, Bâle, Berne et Saint-Gall dépassent les valeurs de 2019, tandis que Lucerne et Winterthour n'ont pas encore retrouvé leur niveau d'antan. En chiffres absolus, c'est la ville de Zurich qui a enregistré le plus grand nombre de nuitées hôtelières au cours des quatre premiers mois de l'année, suivie par Zermatt, Genève, Bâle et Davos.
On constate sans surprise que c'est la ville de Zurich qui propose le plus grand nombre de lits. En avril, 17 900 lits d'hôtel y étaient proposés, soit 8,4% de plus qu'en avril 2019. Ce chiffre a également fortement augmenté à Genève avec 11 700 lits (+11,1%). L'offre a été un peu moins développée à Bâle avec 9 000 nouveaux lits (+4,1%) ou à Zermatt avec 7 400 (+5,1%).
C'est à Vernier (+160,5%), Kloten (+152,7%), Kriens (LU) (+143,8%) et Morschach (SZ) (+124,3%) que l'offre de lits a le plus augmenté entre avril 2019 et avril 2024. Certaines stations touristiques plus connues proposent actuellement moins de lits d'hôtel qu'il y a cinq ans. Il s'agit notamment de Samedan (GR), où le nombre a diminué de 37,7%, de Saas-Fee avec une baisse de 30,9% ou de St-Moritz (GR) avec une diminution de 17,4% des lits d'hôtel.