Ce Valaisan tricote pour aider l'Ukraine
Rendez-vous à une vingtaine de minutes de Sion, dans le village de Daillon, en Valais. C'est ici que vit Guy Rossoz, un chauffeur de car postal bientôt à la retraite: «Je termine de travailler à la fin de l'année, se réjouit-il. J'ai fêté mon anniversaire le 14 décembre!» Je franchis la porte d'un charmant chalet et suis immédiatement accueillie par Michèle, sa femme, et deux de leurs trois chats. «La petite dernière a six mois et c'est une vraie terreur», plaisante le sexagénaire pendant que le félin grimpe et saute partout.
Une chipie à laquelle Guy Rossoz doit particulièrement faire attention lorsqu'il s'attèle à l'un de ses passe-temps favoris: le tricot. Et pour cause: depuis le début de la guerre en Ukraine, les couvertures qu'il confectionne sont destinées aux enfants et aux bébés de l'un des hôpitaux de Kiev.
Une centaine de couvertures par année
«J'ai appris à tricoter avec ma mère», retrace le valaisan lorsqu'on lui demande d'où vient ce hobby. «J'ai arrêté un certain temps. Et puis, il y a une vingtaine d'années, ma femme m'a dit qu'elle avait froid et qu'elle rêverait d'avoir un plaid. J'ai donc recommencé.» Jusqu'à récemment, il tricotait uniquement des couvertures pour ses proches ou pour les chats de son entourage. En février 2022, la guerre en Ukraine éclate:
Un lot dans lequel se trouvaient une vingtaine de couvertures en laine que Guy Rossoz avait en stock.
L'histoire ne s'arrête toutefois pas là:
Un passe-temps qui s'est, dès lors, transformé en quelque chose d'extrêmement motivant pour le bénévole: «Je sais à quoi servent mes couvertures», dit-il, ému, en sortant son téléphone pour me montrer les photos envoyées au fil des années par l'hôpital de Kiev. Sur les images, «des petits bouts», comme Guy Rossoz les appelle, emmitouflés dans la laine. Avec l'arrivée de l'hiver, les tricots sont d'autant plus nécessaires. Ils l'ont également été lorsque l'établissement hospitalier a été bombardé ou victime d'une coupure d'électricité.
«C'est encourageant de voir le sourire de ces dames», poursuit-il en regardant une employée devant un berceau qui tient l'une de ses créations ornée du drapeau suisse. Car Guy Rossoz tricote uniquement les étendards suisses et ukrainiens, principalement pour des questions de rapidité et de facilité. Depuis 2022, une centaine de couvertures ont été confectionnées et envoyées en Ukraine. D'ailleurs, les rouges à croix blanches ont énormément de succès. Et ce, «même si elles ne sont pas carrées, mais rectangulaires», plaisante-t-il.
Tricoter dans le car postal
Depuis bientôt quatre ans, le Valaisan consacre donc la majeure partie de son temps libre à ses pelotes de laine et ses aiguilles. Il rigole:
Car, son activité manuelle ne se limite pas aux frontières de son chalet. Guy Rossoz tricote partout, notamment dans le car postal. Dès qu'il a une pause de deux heures entre ses services, il en profite:
Pour l'instant, celles et ceux qui le croisent le verront uniquement travailler sur ses couvertures. Les choses pourraient néanmoins évoluer: «J'aimerais beaucoup apprendre à faire des chaussons», confie-t-il en ouvrant la photo de deux bébés aux pieds bien enveloppés dans leurs petites chaussettes tricotées. «Mais j'ai encore une bonne réserve de fil bleu, jaune, rouge et blanc pour continuer à faire mes drapeaux», raconte-t-il en ouvrant sa boîte remplie de pelotes.
Aider à la reconstruction
Plusieurs personnes ont voulu participé au financement de la laine, mais le sexagénaire refuse. L'un de ses souhaits futurs, lorsque le conflit s'arrêtera, est d'aller sur placer amener lui-même ses tricots. Car il en est convaincu:
