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Une Ukrainienne parle de la guerre et de son nouveau magasin

Svitlana Sys a travaillé jusqu'à 16 heures par jour dans son salon de manucure à Kiev. Elle a maintenant aménagé un studio dans le presbytère de Kirchberg.
Svitlana Sys travaillait jusqu'à 16 heures par jour dans son salon de manucure à Kiev. Elle a maintenant aménagé un studio dans le presbytère de Kirchberg.Image: Sibylle Ehrismann

Cette Ukrainienne a transformé un presbytère suisse en salon de manucure

En mars 2022, Svitlana Sys est arrivée dans notre pays après avoir fui la guerre à pied avec sa fille. Elle s'est installé un petit atelier de manucure dans un presbytère. Rencontre.
04.01.2024, 18:4905.01.2024, 07:54
Sibylle Ehrismann / ch media
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Son flyer est professionnel et coloré: «Manucure & pédicure avec Svitlana Sys d'Ukraine». Et un chaleureux «Gruezi! Je vis à Küttigen depuis mars et j'ai hâte de continuer à faire ce que j'aime en Suisse. Vous rendre belle et heureuse, avec ma manucure et pédicure».

Svitlana a l'air plus jeune qu'elle ne l'est. Et on ne voit pas sur elle les épreuves qu'elle a endurées.

En mars 2022, avec sa fille, elle fait partie des premiers réfugiés qui ont visité le presbytère de Kirchberg, vide à l'époque. Grâce à une initiative privée et à une intervention rapide de l'Eglise, la maison est dès lors devenue un lieu d'hébergement pour les réfugiés. Et lorsqu'on a demandé à la femme de quoi elle avait besoin, elle a simplement répondu: «De travail.» Aujourd'hui, c'est chose faite.

Apprendre l'allemand

Le presbytère est un peu isolé, mais le studio de Svitlana est lumineux et spacieux. L'étagère qui recouvre le mur est soigneusement garnie d'objets de décoration de bon goût trouvés dans des friperies.

Parmi eux, on retrouve justement des vernis à ongles. Svitlana Sys explique, en allemand:

«Je dois avoir beaucoup de couleurs et je veille à ce que les produits soient de bonne qualité. Les vernis à ongles viennent d’Angleterre, d’Amérique et d’Ukraine.»

Elle parle très bien allemand. Et pour cause: depuis son arrivée en Suisse, elle suit régulièrement des cours à Aarau et à Küttigen. «Apprendre correctement l'allemand est mon premier objectif», dit-elle avec une légère fierté.

Fuir l'Ukraine à pied

Svitlana Sys vient de Kiev. Elle a élevé trois enfants seule, car son mari russe est parti il y a 14 ans en Russie, sans lui laisser de pension alimentaire.

Son salon de manucure à Kiev marchait bien, elle travaillait 16 heures par jour. Elle aimait son métier, et les conversations avec ses clientes signifiaient beaucoup pour elle.

Mais quand la guerre a éclaté, elle n'a pas hésité longtemps et s'est enfuie. Son fils aîné voulait rester, alors elle est venue en Suisse avec sa fille et a pris le chat avec elle. Son fils cadet est venu plus tard.

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Elle est partie à pied, en passant par la Moldavie jusqu'à Cracovie. Le périple aura duré douze jours. Svitlana Sys se souvient:

«Nous étions assis par terre à la gare de Cracovie, fatigués et épuisés. Il y avait tellement de réfugiés là-bas. Nous avions faim et peu de place. Nous avons vu un homme âgé qui essayait de parler en anglais et en allemand avec les réfugiés. Beaucoup avaient peur de lui, mais pas nous. C’était Reto, de la paroisse réformée de Küttigen. Il nous a emmenés en Suisse. Nous avons eu beaucoup de chance. Ici, les gens sont si amicaux et serviables.»

Elles n’oublieront jamais la date de leur arrivée à Küttigen. C'était le 7 mars 2022.

Elle n'a jamais tenu son petit-fils

Pourtant, la fille de Svitlana Sys n'a pas souhaité rester en Suisse. Elle a eu le mal du pays et est retournée à Kiev, où elle a accouché pendant la guerre. Le premier petit-fils de Svitlana a maintenant sept mois, elle ne l'a vu que sur WhatsApp, mais ils sont en contact tous les jours. Svitlana explique:

«Je suis très stressée. Récemment, lors d'une attaque, ma fille a dû passer la nuit dans la salle de bain et la maison de ma mère a été détruite»

Son fils, Illya, va à l'école à Aarau depuis qu'il a appris l'allemand. Comme sa mère, il aime la musique classique, et à Kiev, ils appréciaient beaucoup la vie animée de l'opéra et des concerts.

Aujourd'hui, toutefois, leur vie est ici. Svitlana Sys se réjouit et voit la suite de manière positive. Elle va se réorienter. «La Suisse est le meilleur pays», s'exclame l'Ukrainienne. Elle aime la beauté de la nature.

Svitlana n'a pas encore beaucoup de clientes à Küttigen, mais quelques-unes sont fidèles. A côté, elle fait également du ménage et aimerait développer cette activité.

(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)

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