Rien qu'à l'université de Cluj-Napoca, en Roumanie, 122 Suisses étudient actuellement la médecine. Dans d’autres pays d’Europe de l’Est, des dizaines de compatriotes sont également inscrits dans des facultés de médecine. Cette information, révélée par des recherches publiées dans ce journal en septembre, a fait grand bruit.
Peu après, le Parlement suisse s’est prononcé en faveur de la suppression du numerus clausus pour les étudiants en médecine. L’objectif? Créer davantage de places de formation en Suisse. Environ 1200 médecins sont formés chaque année dans le pays. Mais ça reste insuffisant: l’an dernier, la Confédération a reconnu 3364 diplômes étrangers dans ce domaine.
Cédric Wermuth, coprésident du PS, en remet désormais une couche et a demandé, à travers une intervention parlementaire, des informations plus précises au gouvernement, à avoir combien de Suisses ont étudié la médecine à l’étranger depuis 2002 et combien la pratiquent aujourd’hui en Suisse.
Ce débat met en lumière une question brûlante: combien la Suisse devrait-elle verser à l’Union européenne dans le cadre des accords bilatéraux en cours de renégociation? Il est question de 350 millions de francs par an, en plus d’un paiement unique annuel de 130 millions de francs pour la période allant de 2025 à l’entrée en vigueur des nouveaux accords.
Les critiques jugent ces montants trop élevés. Ils avancent que la Suisse enregistre un déficit commercial avec l’Union européenne (UE) et que cette dernière bénéficierait économiquement davantage de la Suisse que l’inverse.
Cependant, l’intervention du coprésident du PS soulève une dimension souvent oubliée. Le rapport d’observation de la Confédération sur la libre circulation des personnes, publié en 2023, indique qu’en 2022, 176 000 travailleurs hautement qualifiés issus de l’UE exerçaient en Suisse. Plus de la moitié (56%) des migrants venus dans le cadre de cet accord travaillaient dans trois secteurs nécessitant les qualifications les plus élevées.
Cédric Wermuth évoque aussi une étude de l’UBS datant de 2014. Selon la banque, grâce à l’immigration de travailleurs hautement qualifiés, la Suisse économise chaque année entre six et neuf milliards de francs en coûts de formation. Pour lui, il est évident que les paiements de cohésion ne doivent pas être considérés comme une compensation de ces économies:
Le coprésident du PS insiste: il ne s’agit pas de remettre en cause la libre circulation des personnes.
Le système actuel force les pays les plus pauvres de l’UE à recruter leurs médecins en Europe de l’Est, tandis que ces derniers cherchent à leur tour des professionnels dans d’autres régions du monde.
Le coprésident du PS propose une solution claire selon laquelle la Suisse «doit investir beaucoup plus dans la formation et améliorer les conditions de travail dans le secteur de la santé.» Cela passe notamment par des efforts pour rendre les professions de la santé plus attractives.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)