Et si c’était par crainte d’une crue du Rhône? Benno Hildbrand, conseiller municipal à Gampel, n’écarte pas cette hypothèse. Elle expliquerait, en partie, pourquoi les autorités valaisannes ont déployé mardi de grands moyens policiers pour empêcher la colonne de 44 caravanes de gens du voyage de se rendre dans cette commune située le long du fleuve entre Sierre et Viège. Joint par watson, l'élu en charge de l’économie, de l’énergie et du tourisme à Gampel, l'affirme:
Quelque 150 nomades étaient partis plus tôt du Pré-Raguel, à La Vue-des-Alpes, leur précédent campement, dans le canton de Neuchâtel, à deux pas de La Chaux-de-Fonds. Arrivés au goulet de Saint-Maurice, qui marque l’entrée dans le Valais, les forces de l’ordre, déployées en nombre, ont bloqué leur avancée sur l’A9, comme on fait barrage à un envahisseur. L’autoroute est restée fermée pendant sept heures avant que les intrus n'acceptent de faire demi-tour. Aucune violence n’a été rapportée.
Dans ses explications, le service de communication de la police cantonale valaisanne n’évoque pas les risques de crue du Rhône. Plus banalement, il indique que la décision de stopper la progression du convoi des caravanes «a été prise selon les impératifs d’ordre et de sécurité publique».
Selon la police valaisanne, les gens du voyage en provenance du canton de Neuchâtel ont voulu «se rendre en Valais et s’y installer sans autorisation, la commune de Gampel et le propriétaire du terrain ayant signifié leur volonté de ne pas les accueillir». Les refoulés prétendaient en effet qu’un terrain privé les attendait dans cette localité du Haut-Valais. Le propriétaire, dont le nom n'a pas été divulgué, aura peut-être changé d’avis.
La police tient à préciser que «les gens du voyage sont les bienvenus en Valais», à la condition qu’ils s’installent «sur la place officielle de Martigny».
«Ils sont revenus sur la place qui leur est dédiée par le canton», a constaté, mercredi matin, le chef du Département de la sécurité du canton de Neuchâtel, Alain Ribaux, joint par watson. «Il y a de la place pour 45 caravanes, c’est donc plein», prévient-il.
Venant de France, les gens du voyage qui avaient quitté le froid de La Vue des Alpes pour le climat plus clément de la vallée du Rhône étaient arrivés dans le canton de Neuchâtel «il y a une semaine», rapporte Alain Ribaux. La durée maximale d’un séjour est de trois mois pour les étrangers, selon la réglementation Schengen.
«Le climat et le froid à cette saison, La Vue des Alpes étant à l’altitude de 1200 mètres, peuvent expliquer leur décision de mettre le cap ailleurs après seulement une semaine de présence dans les montagnes neuchâteloises», reprend le conseiller d’Etat. Qui avance une autre hypothèse à l'appui de ce déménagement soudain:
Le choix de rejoindre Gampel peut interroger, la préférence allant d’habitude à la région lémanique.
Pour les nomades suisses, le canton de Neuchâtel dispose d’une autre aire d’accueil, à Boudry. La durée de séjour y varie entre trois et quatre mois. Contrairement aux enfants des gens du voyage étrangers, ceux ayant la nationalité suisse vont à l’école.
Au Pré-Raguel, il n’y a pas de raccordement à l’électricité, les gens du voyage doivent être équipés de générateurs. L’eau courante est disponible, mais elle n’est pas chaude. L’emplacement est ouvert du 15 mars au 30 octobre. «L’hiver, les gens du voyage ne se déplacent pas», rappelle Alain Ribaux.