Le Conseil national et le Conseil des Etats ont adopté au printemps 2023 une révision partielle de la Loi sur la circulation routière (LCR), établissant les bases légales pour la conduite automatisée en Suisse. En décembre 2024, le Conseil fédéral a approuvé l’ordonnance correspondante, qui entrera en vigueur en mars.
Dès lors, les conducteurs de véhicules automatisés pourront utiliser le pilote automatique sur l’autoroute, à condition que le constructeur du véhicule ait obtenu l’autorisation nécessaire. Le volant pourra être lâché et il ne sera plus nécessaire de surveiller en permanence le véhicule et la circulation. Cependant, le conducteur devra être prêt à reprendre le contrôle du véhicule si le système l’exige.
L’utilisation de véhicules autonomes sur d'autres trajets autorisés par les autorités sera également permise. Ces véhicules devront être surveillés par un opérateur dans une centrale. De plus, le stationnement automatisé sans présence humaine sera possible dans certains parkings, signalés comme tels. La désignation des zones appropriées sera du ressort des cantons ou des communes.
La modification législative implique que les systèmes d’assistance et d’automatisation seront intégrés aux examens de conduite dès juillet 2025. Pour les moniteurs de conduite, cela implique un surcroît de travail. Marc Niklaus, propriétaire de Marc's Fahrschule à Rothrist (AG), explique:
A ses yeux, pour maintenir un degré de formation suffisant, il sera probablement nécessaire de prévoir davantage de leçons de conduite, du moins jusqu’à ce que la conduite entièrement autonome ou sans conducteur soit fiable et sans faille. Par la suite, une réduction du nombre de leçons pourrait être envisagée.
Cependant, l’Ordonnance sur la conduite automatisée (Office fédéral des routes) précise que la formation à la conduite ne doit pas être significativement prolongée ni renchérie. Pour Marc Niklaus, ce n'est pas réaliste.
Le moniteur insiste sur l’importance d’une formation solide pour améliorer la sécurité routière, au bénéfice de tous les usagers. Il appelle à un soutien accru de la part des autorités et de l’Association suisse des moniteurs de conduite, rappelant que les exigences imposées aux élèves augmentent avec la complexité croissante du trafic et des systèmes d’assistance.
Les systèmes d’assistance doivent être expliqués en détail aux élèves, et leur utilisation doit être pratiquée. Ces systèmes ne fonctionnent pas dans toutes les situations et existent sous différentes formes.
Par exemple, pour l’assistant de freinage d’urgence, de nombreuses questions se posent: le système freine-t-il jusqu’à l’arrêt complet ou faut-il également appuyer sur la pédale de frein soi-même? Détecte-t-il les piétons? Comment réagir en cas de freinage fantôme, lorsque le véhicule freine sans raison apparente? Comprendre les systèmes est crucial, selon Marc Niklaus, pas seulement pour les élèves, mais pour tous les conducteurs.
Malgré la charge de travail supplémentaire, Marc Niklaus soutient les nouvelles règles.
Selon le Bureau de prévention des accidents (BPA), les systèmes d’assistance pourraient prévenir jusqu’à 50% des accidents de la route. Toutefois, ces systèmes ne sont pas encore parfaits, ce qui pousse certains conducteurs à les utiliser avec précaution ou à les désactiver – une approche que Marc Niklaus juge problématique.
Avec l’intégration des systèmes d’assistance dans les examens, Marc Niklaus s’interroge sur la pertinence de la durée actuelle de l’examen, soit 60 minutes (dont environ 45 minutes de conduite).
Il souligne également la difficulté de déterminer quels systèmes évaluer et comment, compte tenu de la diversité des technologies et de leur évolution rapide. Marc Niklaus reste cependant optimiste: «Les systèmes d’assistance sont plus rapides et précis que les humains. Ils ne se fatiguent pas et ne se laissent pas distraire, ce qui, à terme, rendra nos routes plus sûres pour tous».
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder