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La Jeunesse socialiste met le patron d'UBS aux poursuites

Mirjam Hostetmann, Praesidentin JUSO, spricht beim Treffpunkt der Initianten der Umweltverantwortungsinitiative, am Sonntag, 9. Februar 2025, im Progr in Bern. Das Stimmvolk stimmt heute ueber die Umw ...
La présidente de la JS Mirjam Hostetmann lors d'un événement à Berne le 9 février 2025. La Jeunesse socialiste ne se contente pas de faire campagne pour son «initiative pour l'avenir» à l'aide d'affiches, elle s'en prend désormais aussi à un directeur de banque.Image: keystone

La Jeunesse socialiste met le patron d'UBS aux poursuites

La JS Suisse poursuit Sergio Ermotti, le patron d’UBS, et lui réclame 75 millions de francs. Par cette action symbolique, elle entend faire la promotion de son initiative sur l’impôt sur les successions. Un expert évoque un abus de droit.
25.07.2025, 11:5825.07.2025, 15:03
Hanna Hubacher
Hanna Hubacher
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Dans les jours à venir, un nom célèbre devrait apparaître dans le registre des poursuites du canton de Zoug, celui du patron d’UBS, Sergio Ermotti. Le montant réclamé: 75 millions de francs. La créancière: la Jeunesse socialiste suisse (JS).

Un montant qui ne sort pas de nulle part

Selon le document de poursuite envoyé mercredi à l’Office des poursuites de Zoug, que Watson a pu consulter, le motif indiqué est le suivant: «Facture en suspens du 19 mars 2023, frais liés à la pollution climatique».

«Les ultra-riches comme Ermotti doivent de l’argent à la société»
Mirjam Hostetmann, présidente de la JS Suisse

La présidente de la JS, Mirjam Hostetmann, explique:

«On poursuit une personne lorsqu’elle nous doit quelque chose. Nous estimons que les ultra-riches comme Ermotti doivent de l’argent à la société, car ils détruisent nos bases vitales.»

Le montant de 75 millions de francs n’a pas été choisi au hasard. C’est la somme que devraient verser les héritiers d’Ermotti si l’initiative pour un impôt sur les successions, lancée par la JS, était acceptée. Ermotti dispose d’une fortune estimée entre 150 et 200 millions de francs.

Voici le document de poursuite envoyé, en allemand:

Betreibungsschreiben Ermotti
La réquisition de poursuite a été envoyée le 23 juillet.Image: zvg

Une initiative fiscale pour financer le climat

Cette action s’inscrit dans le cadre de l’initiative de la JS pour un impôt national sur les successions, qui sera soumise au vote le 30 novembre. L’«Initiative pour l’avenir» demande que quiconque hérite d’une fortune supérieure à 50 millions de francs paie un impôt de 50% sur la succession. Les recettes ainsi générées seraient investies dans la lutte contre la crise climatique.

La date indiquée sur la facture ouverte n’est pas un hasard non plus: le 19 mars 2023, UBS reprenait Credit Suisse, et Sergio Ermotti était nommé PDG de la nouvelle mégabanque.

Pourquoi viser Ermotti?

Pourquoi la JS s’en prend-elle précisément à Ermotti, le patron d’UBS? Mirjam Hostetmann justifie l'action:

«Monsieur Ermotti est PDG d’une banque qui contribue de manière significative à la pollution climatique»

Elle critique également l’héritage potentiel que laisserait le banquier:

«Ses enfants n’ont rien fait pour mériter cet argent. Une partie de cette fortune doit au moins, à ce moment-là, servir à combattre la crise climatique.»

Si jamais Sergio Ermotti acceptait de payer, la JS a déjà une idée précise de ce qu’elle ferait avec l’argent, comme l'affirme Mirjam Hostetmann:

«Nous le remettrions à la Confédération pour financer la protection du climat»

Ermotti doit savoir tolérer les critiques

Pour Urs Saxer, professeur de droit des médias à l’Université de Zurich, une chose est claire:

«La poursuite est manifestement une action politique. Personne ne croit sérieusement que le patron d’UBS doive 75 millions de francs à la JS.»

En tant que PDG d’une grande banque, Ermotti est une figure publique, et doit donc accepter un niveau de critique plus élevé qu’un simple particulier. Une discussion publique sur la fortune et le salaire d’Ermotti serait toutefois légitime, car ces informations ne sont pas entièrement privées et présentent un intérêt public. Il n’y a donc ni atteinte à la personnalité ni diffamation, affirme Saxer.

La situation serait différente, précise-t-il, si une personne était visée de manière répétée par ce type d’actions. Dans ce cas, elle pourrait invoquer le harcèlement.

Sergio P. Ermotti, Group Chief Executive Officer of Swiss bank UBS, left, arrives next to Filippo Leutenegger, President FDP Canton Zurich, right, for a delegates' meeting of the FDP party of the ...
Sergio Ermotti, PDG d'UBS, lors d'une assemblée des délégués du PLR à Zurich, le 8 avril 2025.Image: keystone

Une action symbolique désagréable pour Ermotti

Pourquoi une telle poursuite est-elle possible sans preuve concrète? Samuel Baumgartner, professeur de droit des poursuites et faillites à l’Université de Zurich, l’explique simplement:

«En principe, n’importe qui peut engager une poursuite contre quelqu’un d’autre»

Il suffit de déposer une réquisition de poursuite au lieu de domicile de la personne concernée, en indiquant un motif. Une simple taxe est exigée, calculée selon le montant réclamé. Ensuite, un commandement de payer est délivré personnellement à la personne poursuivie, par la poste ou via l’office des poursuites.

«Le motif d’une poursuite peut être complètement inventé»
Samuel Baumgartner, professeur de droit des poursuites et faillites à l’Université de Zurich

La procédure peut toutefois être immédiatement arrêtée si la personne concernée fait opposition, c’est-à-dire qu’elle ne reconnaît pas la dette. Si le créancier souhaite poursuivre la procédure, il doit alors passer par le tribunal. Cela peut devenir complexe si des preuves claires de la dette font défaut, précise Samuel Baumgartner.

Une telle démarche reste néanmoins désagréable: une poursuite enregistrée apparaît dans le registre des poursuites, qui peut être consulté par des tiers ayant un intérêt économique.

C’est pourquoi il existe en jurisprudence des moyens juridiques pour faire supprimer ou annuler a posteriori une poursuite manifestement abusive. Dans de tels cas, il faut s’adresser à l’autorité de surveillance.

«Un cas typique d’abus de droit»

L’affaire Ermotti est marquante, car il ne s’agit pas d’une créance existante, mais d’un montant symbolique, explique Samuel Baumgartner:

«Ils utilisent la procédure de poursuite, non pas pour obtenir de l’argent, mais pour atteindre un objectif politique.»
«C’est un cas typique d’abus de droit»

Ermotti a désormais dix jours pour faire opposition et empêcher que la procédure n’aille plus loin. Contacté via UBS, il n’a pour l’instant pas réagi aux questions de Watson.

D’autres personnes fortunées doivent-elles désormais craindre une réquisition de poursuite de la part de la JS? «Nous ne poursuivrons pas d’autres ultra-riches pour l’instant», rassure Mirjam Hostetmann.

Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich

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