Les mines sont sinistres aux abords de la maison où s'est produit le drame, survenu tôt ce jeudi matin. «Je n'y crois pas. J'ai croisé la maman hier encore», nous lâche une femme du quartier voisin des Pugessies, âgée d'une soixantaine d'années, à la mi-journée. «Je me suis réveillée ce matin avec le bruit des sirènes, il y avait des pompiers et des policiers dans tous les sens», souffle-t-elle, appuyée sur l'une des barrières qui bouclent le périmètre.
A midi, les pompiers n'ont pas encore pu extraire toute la famille des décombres. «Quatre victimes ont été retrouvées, décédées, dans l’habitation. Un enfant est toujours recherché», indique peu après la police cantonale vaudoise dans un communiqué de presse.
Vers 14 heures, de la fumée s'échappe encore des ruines, de petites flammes lèchent le toit dont il ne reste bientôt plus que la charpente, les habitants murmurent entre eux en regardant, impuissants, pompiers, policiers, gendarmes et médecins légistes s'affairer au carrefour des rues du Midi et du Valentin. C'est dans une villa qui fait l'angle que vivait cette famille de cinq personnes. Seule bonne nouvelle à ce stade: l'incendie a épargné la chienne, un berger australien selon 24heures, qui a été confié à des proches.
Debora Di Fuorti était réveillée à l'heure où s'est produit le drame. La jeune femme, qui vit dans un immeuble proche de la maison incendiée, nous raconte qu'elle était chez elle lorsqu'elle a entendu une explosion.
La police confirme qu'une explosion a eu lieu vers 6h40, qui a été suivie d'un incendie. La jeune femme a filmé les flammes ravager la maison tandis qu'elle entendait des gens crier et appeler à l'aide.
Raphaël, qui habite la rue du Valentin, n'a, lui, pas entendu l'explosion. Ce sont les sirènes des véhicules des pompiers et de la police qui l'ont réveillé.
Des badauds s'arrêtent un instant pour regarder les pompiers, toujours à l’œuvre en début d'après-midi. Un homme d'une septantaine d'années nous raconte vivre sur les hauts de la ville et avoir vu la fumée depuis chez lui.
Au milieu des curieux qui parlent à voix basse en prenant des photos, un homme arrive avec des fleurs blanches. Il accroche le bouquet à une barrière, devant la maison dont des tuiles glissent du toit et s'écrasent dans un bruit assourdissant, et s'en va.
Les trois filles du couple étaient scolarisées dans trois établissements de la ville. Dans l'après-midi, à la sortie des classes au collège Pestalozzi où était scolarisée l'une d'elles, certains enfants se précipitent dans les bras de leurs parents. Des hommes et des femmes qui attendent, inquiets, devant le préau. Certains sont en grande conversation, d'autres le regard perdu dans le vide. Tous sont abattus et abasourdis par la nouvelle.
Un papa, venu pour récupérer son fils de 9 ans, nous dit espérer que les enfants auront été prévenus du drame par les psychologues des cellules dépêchées sur place.
Certains enfants ont l'air hagards, d'autres pleurent. «Elle est morte!», sanglote une fillette sur sa trottinette, que sa mère tente de consoler. «Comment explique-t-on à des enfants qu'une de leurs camarades ne reviendra pas?», souffle une maman émue aux larmes à d'autres parents avant de prendre sa fille dans ses bras et de s'en aller.
En quittant Yverdon, en fin de journée, le tragique incendie est toujours sur toutes les lèvres. Si certains semblent tristes, d'autres essaient de comprendre. «Comment une maison peut-elle partir en flammes, comme ça? Qu’est-ce qui a pu provoquer l'explosion?», entend-on sur une terrasse proche de la gare. Ce sera à la police de le déterminer. Elle appelle par ailleurs les éventuels témoins à s'annoncer.