«Je sais qu'il a été abattu, mais...»: Yverdon est sonné
Au lendemain de la prise d'otages dans un train reliant Sainte-Croix à Yverdon-les-Bains, c'est la consternation dans la cité thermale du Nord vaudois. Il faut dire que les prises d'otages sont rarissimes en Suisse, la stupeur en est d'autant plus grande. Sur le quai du train Travys, quelques passagers rencontrés ce vendredi à la mi-journée se disent effarés.
Une jeune utilisatrice de ce train, qui l'emprunte pour descendre à Yverdon où elle est en apprentissage, nous dit avoir été un peu moins tranquille que d'habitude en montant dans la rame ce matin.
Son amie, qui vit à Vuitebœuf, acquiesce. «J'avais congé hier, tant mieux, sinon j'aurais peut-être pris ce train...»
Elles ne sont pas les seules à se dire perturbées par les récents événements. Interrogés, deux employés de la compagnie de transport rencontrés à la gare nous renvoient vers le secrétariat. L'un d'eux lâche tout de même d'un ton hésitant que «ça ne laisse pas indifférent». Les visages sont fermés, la journée est encore longue.
«Il ne faut pas se laisser avoir par la peur»
Certains passagers sont en revanche plus détendus. «C'est un cas isolé, l'histoire est terminée, l'auteur a été tué, les otages sont sains et saufs. Il ne faut pas se laisser avoir par la peur!», lâche un homme d'une cinquantaine d'années qui s'apprête à monter dans le train. «Oui, mais...», lui rétorque un autre voyageur, qui espère que ce cas isolé n'en inspirera pas d'autres.
Une trentenaire travaillant dans le tourisme dans la région s'inquiète des éventuelles conséquences pour la fréquentation du Carnaval de Sainte-Croix, qui démarre ce vendredi soir.
Elle espère que les fêtards seront tout de même au rendez-vous, mais comprend que certains pourraient ne pas se sentir aussi à l'aise que d'habitude à l'idée de devoir monter en train au vu des événements de la soirée précédente.
Elle, en tout cas, continuera d'emprunter cette ligne ferroviaire.
«Les otages ont attendu presque 4 heures!»
Si certains habitants du Nord vaudois rencontrés tiennent à saluer le travail de la police, qui a donné l'assaut vers 22 heures 15, d'autres critiquent la lenteur de l'intervention. Il s'est écoulé près de quatre heures d'attente entre le début de la prise d'otages, dont certains étaient ligotés, et l'assaut de la police à la hauteur de la gare d'Essert-sous-Champvent.
Les otages ont été auditionnés durant la nuit, soutenus par des psychologues. Ils étaient quatorze, ainsi que le conducteur du train. L'un des passagers a pu filmer l'assaillant, armé d'une hache et d'un couteau.
La vidéo:
Les passagers du train n'ont pas été blessés, le preneur d'otages, un requérant d'asile iranien de 32 ans, a été touché par un tir mortel de la police. «J'espère en tout cas que cet événement ne va pas raviver la haine et la peur envers les requérants d'asile», soupire une Yverdonnoise d'une soixantaine d'années.
«C'est une situation où la police doit prendre du temps pour intervenir, il n'y a pas de nécessité d'intervenir immédiatement tant que les otages ne sont pas en danger. Tout le dispositif était là, avec les groupes d'intervention, les tireurs d'élite, de manière à pouvoir en tout temps garantir la sécurité des otages.»


