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Trump est-il bientôt à sec? On a fouillé dans son patrimoine

Donald Trump, du cash qui prend feu et son gratte-ciel du 40 Wall Street, à New York.
Donald Trump, du cash qui prend feu et son gratte-ciel du 40 Wall Street, à New York. images: getty, montage: watson

On a fouillé le patrimoine immobilier de Trump et c'est le foutoir

L'homme d'affaires doit trouver 464,5 millions de dollars pour payer l'amende qui lui est tombée sur la gueule. Si certains le disent ruiné, il pèserait encore 3 milliards de dollars selon Forbes. Nous, on a décidé de mettre un nez dans sa collection de buildings new-yorkais. Attention, c'est mal rangé.
25.02.2024, 10:0425.02.2024, 18:21
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Letitia James n'en a pas terminé avec Donald Trump. Alors qu'un tribunal de New York vient de lui infliger une amende particulièrement salée pour avoir surévalué ses actifs, la procureure en rajoute une couche en le menaçant de saisir ses bijoux de famille. Comprenez: ses immeubles. Ce n'est pas tant une nouvelle punition, mais la supposition, partagée loin à la ronde, que l'homme d'affaires sera dans l'impossibilité de payer son dû à temps. Qu'il ait la volonté de faire appel ne règlera pas son problème, puisque cette somme faramineuse devra être consignée au préalable et chaque jour sans règlement lui coûtera 90 000 dollars d’intérêts.

«S'il n'a pas les fonds nécessaires pour payer, alors nous rechercherons des mécanismes d'exécution du jugement devant le tribunal et nous demanderons au juge de saisir ses biens»
Letitia James, procureur de New York

A la décharge du candidat MAGA, remplir un sac de sport avec 464,5 millions de dollars, en quelques jours, ce n'est facile pour aucun milliardaire. Nul besoin d'être à deux liasses de la ruine. C'est d'ailleurs la rumeur qui se répand depuis le verdict de ce procès civil pour fraude, contre la Trump Organization: Donald Trump serait fauché.

En vérité, on entend tout et son contraire.

Alors que le dernier pointage de Forbes, réalisé début février, estime son poids financier à 2,6 milliards de dollars, ce montant est invérifiable et sa fortune reste un épais mystère. Rappelons-nous que la valeur de ses actifs fut précisément au cœur du procès. Entre la confiance dopée de Donald Trump et la cruelle réalité, il y a de quoi nager dans le flou. Forbes, encore lui, empilait malgré tout quelques chiffres, en novembre dernier. En comptant Mar-a-Lago, ses dizaines de greens ou encore son réseau social.

  • Clubs de golf et centres de villégiature: 870 millions.
  • Immobilier à New York: 690 millions.
  • Immobilier hors New York: 190 millions
  • Trésorerie et biens personnels: 640 millions.
  • Truth Social et diverses marques: 160 millions.

(Saviez-vous que Trump collectionne également les belles montres et les bolides de luxe?)

Quand bien même le milliardaire n'est probablement pas (encore) sur la paille, il y a fort à parier qu'il ne dispose pas d'une telle somme en liquide. Alors quand Letitia James affirme, la tête haute, que «nous sommes prêts à faire en sorte que le jugement soit payé aux New-Yorkais», la procureure sait manifestement où chercher.

«Et, oui, je regarde le 40 Wall Street tous les jours, quand je passe devant»
La procureur Letitia James, à ABC News, mercredi.

Letitia James parle ici du Trump Building. Cette tour de 72 étages, flanquée de son patronyme en lettrage doré (as usual), est l'un des bébés préféré de l'ancien président des Etats-Unis. C'est d'ailleurs pour cette raison que la procureure en a fait un exemple: tout le monde le connait.

Le 40 Wall Street, c'est lui:

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image: getty

Mais selon Bloomberg, il faut regarder ailleurs. «L'un de ses plus gros actifs est sa participation de 500 millions de dollars dans le 1290 Avenue of the Americas». Un immeuble composé de bureaux, dont Vornado Realty Trust (autrement dit son ami Steven Roth) est le principal propriétaire et dans lequel Trump détient des parts à hauteur de 30%.

Ce fut longtemps la seule bicoque vierge de toute inscription trumpienne. Cette anecdote a d'ailleurs fait marrer «un grand propriétaire de Manhattan», interrogé par le NY Post:

«Si Donald Trump parvient à s'en sortir grâce à un immeuble sur lequel son nom n'apparait pas, ce serait terriblement ironique»
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L'imposant 1290 Avenue of the Americas.

Sortons de New York brièvement, car un building érigé de l'autre côté du pays a une gestion identique en tous points au 1290 Avenue of the Americas. La Trump Org. possède également 30% d'une tour qui culmine à 237 mètres de hauteur, qu'on dit en piteux état, au cœur du quartier des affaires de San Francisco: le 555 California St. Surprise, c'est également le vieux copain Steven Roth qui possède le reste de ces 52 étages. Surnommé le «Triple Five», il fut construit dans le but d'afficher la richesse et la stabilité de Bank of America, dont c'était le siège mondial jusqu'en 1998.

Le 555 California St. de San Francisco est géré de la même manière que le 1290 Avenue of the Americas.
Le 555 California St. de San Francisco est géré de la même manière que le 1290 Avenue of the Americas.

Revenons à New York. Outre la célèbre Trump Tower, dont la Trump Org. détient les espaces commerciaux et Donald un triplex surévalué qui était le cœur du procès pour fraude, le milliardaire possède aussi la Trump World Tower, qu'il a fait sortir de terre en 2001. Un lingot de béton de 72 étages, qui fut durant quelques petites années le plus haut gratte-ciel résidentiel du monde. On raconte que Bill Gates, Harrison Ford ou encore Sophia Loren faisait partie des résidents de luxe.

Moins réputés, il y a également Trump Parc et Trump Parc East, que le 45e président des Etats-Unis s'est offert en 1981. Avant que son nom ne grave l'histoire de ses deux buildings contigus, ils étaient respectivement un hôtel art déco baptisé Barbizon-Plaza et un petit immeuble résidentiel de quatorze étages. Aujourd'hui, selon le site Curbed, il n'y posséderait qu'une poignée d'appartements.

Trump Parc et Trump Parc East, situés au croisement de Central Park South et de la Sixième Avenue.
Trump Parc et Trump Parc East, situés au croisement de Central Park South et de la Sixième Avenue.wikipédia

Le candidat à la présidentielle peut aussi compter sur le Trump Palace, un building conçu par «l'architecte des gratte-ciel» Frank Williams. Financé en grande partie par le papa de Donald (Fred, de son prénom), ce dernier offrira ses actions au fiston dans une transaction qui faisait mine d'être une vente, histoire d'échapper au fisc.

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capture d'écran d'une vidéo du site cityrealty

Le Trump International Hotel

Selon le New York Times, l'homme d'affaires n'en posséderait que le parking, la cahute du voiturier, les cuisines du room-service, un espace de restauration au rez-de-chaussée et, enfin, un appartement. Détail qui raconte parfaitement la chute de son aura à Big Apple: en 2019, les différentes copropriétaires ont demandé à ce que le lettrage doré de Trump soit retiré, arguant que cette devanture faisait dégonfler la valeur de la bâtisse.

Grâce à Donald Trump Jr., un compromis sera finalement trouvé: si la moitié de l'enseigne pouvait converser l'inscription Trump International Hotel, le reste s'appellerait désormais One Central Park West.

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Trump Park Avenue

On raconte qu'il ne serait propriétaire que de «certaines unités». Il y a une dizaine d'années, Donald Trump (mais aussi ses enfants) y possédait vingt-trois appartements. Cet immeuble a aussi eu sa part de gloire en salle d'audience. Alors que la famille Trump jurait que le tout pesait 350 millions de dollars, la bâtisse vaut en réalité beaucoup moins. Une évaluation réalisée en 2010 estimait la chose à 72,5 millions de dollars.

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Donald Trump x. Bernard Arnault

Jusqu'en 2017, au 6 East 57th St., on pouvait se payer des baskets dans une boutique d'une élégance rare. Son nom? Niketown. Si le bail de cette belle bâtisse est au nom de Donald Trump, le célèbre (et unique) locataire payait un loyer à une «entité connue sous le nom de 57 Street Associates, liée à une obscure société immobilière du centre-ville appelée Digby Management», selon New York Magazine.

Quand le 6 East 57th St. était encore occupé par Nike.
Quand le 6 East 57th St. était encore occupé par Nike.

Aujourd'hui, cet espace est loué par LVMH, pour une durée de sept ans et un loyer de 20 millions de dollars annuel. La raison? Y ranger le shop de Louis Vuitton, le temps que l'homme le plus riche de la planète lui construise un nouveau nid luxueux, à quelques mètres de là. Quand Nike avait retiré ses baskets de l'univers Trump, Bernard Arnault avait déjà profité d'y installer provisoirement la marque Tiffany & Co.

Trump Plaza

Une construction qui détonne parmi les érections crâneuses de Manhattan. Inspiré des châteaux de la Renaissance, le Trump Plaza, qui apparaît dans une trentaine de blockbusters hollywoodiens, a été acheté par le candidat républicain en 1988 et fut géré par sa fille Ivanka.

«Je n'ai pas acheté un immeuble; j'ai acheté un chef-d'œuvre»
Trump, en 1988, dans le New York Times
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En vérité, la gestion de cet hôtel par la famille Trump a été un fiasco. Au point que ses murs seront vendus en 2018 à la société dubaïote White City Ventures, pour 600 millions de dollars. Ce nouveau propriétaire compte notamment faire fructifier la marque «Plaza Hotel» dans les Emirats. On raconte que Donald Trump y possède encore quelques appartements.

Trump Place

Une vue imprenable sur la rivière Hudson et des rêves plein la tête. Enfin, à l'époque. Nous sommes au 140, 160, 180, 200, 220 et 240 Riverside Boulevard. Dans les années 80, Donald Trump a racheté les terrains pour un projet qui ne se fera jamais: «Television City».

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Dix ans plus tard, à deux doigts de la faillite, le milliardaire revendra une bonne partie de ses parts. Alors qu'ils ont tous porté le nom de Trump Place, les différents nouveaux propriétaires voteront pour effacer toute trace du président une fois élu en 2016 (décidément), sur trois d'entre eux. Aujourd'hui, la Trump Org. doit se contenter d'être la gestionnaire de trois buildings. Si le républicain, lui, ne possède même plus le moindre appartement, il fut un temps où Bruce Willis y dormait.

Trump SoHo

Une sale histoire, alors que Donald Trump n'a pourtant jamais été propriétaire de cet hôtel, aujourd'hui rebaptisé The Dominik. Le milliardaire avait simplement conclu, à l'époque, un accord avec le propriétaire pour y greffer son nom et en assurer (vaguement) la gestion. Un businessman dont on apprendra plus tard qu'il était un bandit lié à la mafia russe.

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image: wikipédia

Son nom? Felix Sater. C'est lui qui promettra au candidat de construire une Trump Tower à Moscou, pour notamment y loger un certain... Vladimir Poutine.

Trump Golf Links

Il y a encore un mois à peine, ce terrain de golf avec vue imprenable sur Manhattan était marqué du sceau de Trump. S'il n'a jamais été propriétaire de ce green construit par la ville de New York, il signera un contrat de bail qui sera particulièrement lucratif pendant une bonne dizaine d'années.

En toute modestie et discrétion, évidemment.
En toute modestie et discrétion, évidemment.

En septembre dernier, c'est Eric Trump qui se chargeait de céder le bail à Bally's Corporation «qui nous a fait une offre exceptionnelle, alors que nous n'avions pas l'intention de nous en séparer». La fin d'une époque qui a réjoui beaucoup de monde, en particulier Brad Lander, le contrôleur municipal de la ville de New York:

«Je suis ravi que le nom de Trump ne dégrade plus les parcs de la ville»

610 Park Avenue

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image: google map

Alors que l'immeuble trône en bonne place sur le site de la Trump Org., elle n'a pourtant jamais été propriétaire des murs. Comme souvent, Donald Trump s'est arrangé pour pouvoir devenir le gestionnaire de ce qui fut, jusqu'en 1998, le célèbre Mayfair Hotel. Selon le New York Times, Colony Capital, qui avait fait une bonne affaire en s'offrant cette bâtisse, avait «décidé d'embaucher Donald Trump pour développer 60 à 70 logements en copropriétés à prix élevé».

Tout cela est-il en danger?

Si l'âme et les activités commerciales de Donald Trump rôdent à de nombreuses adresses de Big Apple, il ne possède, au final, pas grand-chose. Mais le 45e président des Etats-Unis devra sans doute se séparer de quelques morceaux de béton s'il veut pouvoir s'acquitter de l'immense ardoise.

Ironie du sort, alors que le patriarche et ses enfants Eric et Donald Jr. n'ont plus le droit de faire du business à New York pendant deux ans, les autres magnats de l'immobilier commencent à trembler. Certains empruntent d'ailleurs les arguments du candidat républicain, qui considère encore aujourd'hui que tout cela ressemble à une «chasse à l'homme», alors que personne n'a jamais «été financièrement lésé».

«Si elle est maintenue, cette décision ne fera qu'accélérer davantage l'exode continu des entreprises de New York»
Un porte-parole de la Trump Org., le lendemain du verdict

«Si les procureurs peuvent imposer cela à l'ancien président, ils pourraient le faire subir à n'importe qui», disait notamment le milliardaire des supermarchés John Catsimatidis, dans le cadre de l'émission de radio new-yorkaise Cats Roundtable. Au point de faire sortir du bois la gouverneure Kathy Hochul, qui a tenté de rassurer ceux qui font pousser des gratte-ciel à Big Apple à grands coups de milliards.

«Les hommes d'affaires new-yorkais respectueux des lois et des règles n'ont rien à craindre, car ils sont très différents de Donald Trump et de son comportement»
Kathy Hochul, gouverneure de New York.

On en parle un peu moins, mais il se pourrait bien que l'amende de 464,5 millions de dollars ne soit pas la plus grande menace pour la dynastie Trump. «Quand vous êtes agent immobilier, vous avez besoin d'argent», rappelait l'avocat Evan Gotlob au Wall Street Journal, en début de semaine. Or, pour en avoir, il faut pouvoir en emprunter... ce qui leur est également interdit durant les vingt-quatre prochains mois. Et le hic, c'est que la plupart des grandes banques américaines ont enregistré leur raison sociale à New York. De quoi sérieusement handicaper les affaires et notamment à l'international.

Que Donald décide de faire appel importe peu: les Trump sont aujourd'hui contraints de repenser intégralement la gestion de leur caddie immobilier. Si la justice leur impose un contrôleur financier nommé par le tribunal, ils devront également engager un directeur totalement indépendant. Terminée, la tambouille familiale! Pour la plupart des observateurs, il est possible que l'empire fasse définitivement ses bagages et déménage ses liasses dans un autre Etat.

D'autant que le candidat est engorgé de projets. Dans le monde entier et en plus de celui qui consiste à s'offrir la Maison-Blanche une seconde fois. Quitte à trébucher sur une éthique politico-financière qui lui faisait déjà défaut en 2016. Quoiqu'il en soit, et malgré les amendes, son business est en train de s'étendre avec une facilité déconcertante. Pour ne citer que celui-là, depuis une petite année, la Trump Org. gère et promeut un nouveau projet de golf et de village de vacances à Oman, estimé à 1,6 milliard de dollars. Donald lui-même avait déclaré, en décembre dernier, que cette affaire lui avait instantanément rapporté cinq millions de dollars.

«Ce sont des endroits dans le monde où il est logique que nous soyons une marque cinq étoiles»
Eric Trump

Que ce soit en Europe, en Asie ou même Amérique du Sud, le républicain est bel et bien en train de faire voyager sa marque à grande vitesse et toujours avec la même astuce: s'associer financièrement pour y hisser son savoir-faire et son patronyme en toutes lettres, sans s'embarrasser du moindre acte de propriété. Si l'âge d'or des Trump est définitivement rangé dans un tiroir, le magnat ne s'est pas complètement départi de son talent pour drainer l'argent jusqu'à ses coffres-forts.

À Manhattan, le soleil s'est aligné avec les gratte-ciel
Video: watson
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