Il suffit de se poster au bord de la route, que ce soit à Zurich, Paris, Tokyo ou New York, les voitures se ressemblent toutes: des SUV, encore des SUV, toujours des SUV, en petit, moyen ou grand format. Devenue incontournable, cette silhouette a colonisé les gammes de quasiment tous les constructeurs. Reste alors à se démarquer.
Toyota, pionnier du genre avec son RAV4 en 1994, revient aujourd’hui avec une proposition inédite: un SUV compact, électrique et fidèle à l’ADN du «Sport Utility Vehicle». Comprenez, un véhicule familial, de loisirs, pratique et un brin baroudeur avec une garde au sol généreuse et la transmission intégrale, le tout dans un format contenu. Voici l’Urban Cruiser, que nous avons pu prendre en main dans une version de présérie.
Petit rappel: un premier Urban Cruiser avait vu le jour en 2008 en Europe, avec toutefois un succès mitigé à la clé. Le modèle avait disparu des radars 5 ans plus tard.
En 2025, changement de stratégie: le nouvel Urban Cruiser naît d’une collaboration entre Toyota, Suzuki et Daihatsu, épaulés par les équipementiers Aisin et Denso pour la partie électronique et le géant chinois BYD pour les batteries. L’assemblage, lui, est assuré en Inde, dans l’usine Suzuki de Gujarat, aux côtés du Suzuki e-Vitara, modèle dont l’Urban Cruiser est en fait le clone.
Avec ses 4,29m de long pour 1,80m de large et 1,64m de haut, l’Urban Cruiser vise les cadors du segment B-SUV, Alfa Romeo Junior, Peugeot e-2008, Hyundai Kona ou Mini Aceman en tête.
Son style n’a rien de timide: lignes tendues, épaules larges, protections en plastique brut façon baroudeur, et garde au sol élevée. Le tout compose une silhouette carrée, qui rappelle le Jeep Avenger, sans verser dans la caricature non plus.
L’intérieur joue la carte de la simplicité et de l’ergonomie. Fini les formes rondes: tout est anguleux, y compris le volant à méplat marqué. La planche de bord, dominée par deux écrans d’environ 10 pouces chacun, est sobrement agencée et conserve des commandes physiques pour la climatisation et le système audio.
La console centrale abrite la commande de sélection de boîte et les différents modes de conduite. En dessous, un espace pour smartphone avec ports USB et une prise 12V complète le tout.
Mention spéciale pour les sièges, confortables et bien dessinés. A l’arrière, la banquette coulissante sur 16 cm permet d’offrir un espace très généreux aux jambes. Les grands gabarits seront heureux. Le coffre, quant à lui, varie de 238 à 306 litres selon la position des sièges arrière et jusqu’à 562 litres banquette rabattue.
A son arrivée en concessions fin 2025, l’Urban Cruiser sera décliné en trois motorisations et autant de niveaux de finition. En entrée de gamme, la version «Comfort» dotée d’une batterie de 49 kWh alimentant un moteur de 144 ch/193 Nm.
Au-dessus, la version «Trend» reçoit une batterie de 61 kWh qui envoie ses électrons dans un moteur de 174 ch/193 Nm (traction avant) ou deux moteurs totalisant 184 ch/307 Nm avec la transmission intégrale. Ces deux motorisations sont reprises sur le niveau de gamme supérieur «Premium».
C’est la version 4x4 que nous avons testée, sans doute celle qui sera la plus diffusée en Suisse. Le 0 à 100 km/h est abattu en 7,4 secondes et l’autonomie annoncée s’élève à 395 kilomètres (cycle WLTP), soit des valeurs plutôt engageantes.
Côté recharge, les deux batteries à la chimie LFP (lithium-fer-phosphate) supportent une puissance de charge jusqu’à 53 kW pour la petite et 67 kW pour la grande. Il s’agira donc de se montrer patient à la borne avec près de 45 minutes pour passer de 10 à 80%. Cela dit, l’Urban Cruiser s’aligne avec les standards du segment.
Sur autoroute, l’Urban Cruiser surprend par son insonorisation soignée et le confort de ses suspensions. Le comportement reste néanmoins rigoureux grâce à une direction précise et un train arrière multibras. La plateforme de type «skateboard», intégrant la batterie sous le plancher, permet d’abaisser le centre de gravité malgré un poids à vide qui frôle les deux tonnes.
Sur le réseau secondaire, on enchaîne les virages avec plaisir. Le châssis filtre bien les défauts de la chaussée et le freinage se montre progressif, surtout si l’on active le premier niveau de récupération d’énergie.
En mode «Pedal», l’Urban Cruiser offre trois niveaux de décélération sans frein, dont le plus doux est le plus naturel. Et en dehors du bitume? Là aussi, c’est une jolie surprise. Il grimpe, il franchit et traverse les ornières avec une facilité déconcertante.
En conduite soutenue, la consommation atteint environ 20 kWh/100 km (contre les 16,6 kWh annoncés); ce n'est pas un record de sobriété, mais reste, ici aussi, raisonnable.
A la manière de Toyota, donc sans révolutionner la catégorie ni bouleverser les standards esthétiques ou technologiques, l’Urban Cruiser réussit son pari: celui d’un petit SUV électrique polyvalent, agréable à vivre et capable de s’extirper de la ville sans sourciller. Un vrai couteau suisse sur quatre roues, qui se négocie dès 32 900 francs et dont les livraisons débuteront autour de la fin de l'année.