La tragicomédie Anora de Sean Baker a remporté l'Oscar du meilleur film dimanche, une consécration en forme d'apothéose pour ce long-métrage déjà récompensé par la Palme d'Or à Cannes en mai dernier, et qui remporte au total cinq Oscars.
Sean Baker a notamment remporté celui de meilleur réalisateur, alors que Mikey Madison a été sacrée meilleure actrice.
La comédienne de 25 ans est la révélation de ce film. Elle surpasse Demi Moore (The Substance), Fernanda Torres (Je suis toujours là), Cynthia Erivo (Wicked) et Karla Sofía Gascón (Emilia Pérez).
Ce faux conte de fées, où une strip-teaseuse new-yorkaise s'amourache du rejeton d'un oligarque russe avant d'affronter le mépris de classe de sa belle-famille ultra-riche, est un film indépendant, tourné pour seulement six millions de dollars.
Adrien Brody a de son côté remporté l'Oscar du meilleur acteur pour son interprétation d'un architecte hongrois qui émigre aux Etats-Unis après avoir survécu à la Shoah, dans The Brutalist.
Le comédien remporte ce prix pour la deuxième fois, 22 ans après l'avoir gagné pour Le Pianiste, où il incarnait déjà un survivant de l'Holocauste. Il surpasse Timothée Chalamet (Un parfait inconnu), Ralph Fiennes (Conclave), Sebastian Stan (The Apprentice) et Colman Domingo (Sing Sing).
Le film brésilien Je suis toujours là a remporté quant à lui l'Oscar du meilleur film international, grâce à sa chronique du destin d'une famille déchirée par la dictature militaire brésilienne. Réalisé par Walter Salles, le long-métrage suit le combat existentiel d'une femme dont le mari disparaît sous le régime militaire qui a dominé le pays de 1964 à 1985.
Basé sur une histoire vraie, il devance «Emilia Pérez» de Jacques Audiard, Les Graines du figuier sauvage (Allemagne), Flow (Lettonie) et La jeune femme à l'aiguille (Danemark).
Kieran Culkin a remporté l'Oscar du meilleur second rôle masculin, pour son personnage de trentenaire juif à fleur de peau dans A Real Pain, à la fois charismatique et insupportable.
Adepte de la fumette, sorti d'une tentative de suicide, il embarque son cousin dans un voyage mémoriel sur les traces de leur grand-mère en Pologne. Un rôle qui a permis à l'acteur de surpasser Edward Norton (Un parfait inconnu), Jeremy Strong (The Apprentice), Guy Pearce (The Brutalist) et Yura Borisov (Anora).
Zoe Saldaña a remporté l'Oscar du meilleur second rôle féminin, pour son personnage d'avocate mexicaine désabusée dans Emilia Pérez, le drame musical de Jacques Audiard.
Kidnappée par un narcotrafiquant pour orchestrer sa disparition et sa transition de genre, elle devient son amie. Ce rôle lui a permis de devancer Ariana Grande (Wicked), Monica Barbaro (Un parfait inconnu), Isabella Rossellini (Conclave) et Felicity Jones (The Brutalist).
La production lettone «Flow» a remporté l'Oscar du meilleur film d'animation, grâce aux aventures bouleversantes d'un chat à la dérive, confronté à l'engloutissement de sa planète par la montée des eaux.
Sans paroles, cette odyssée où le félin outrepasse sa méfiance pour accueillir sur son voilier des animaux très différents a ému l'Académie. Elle surpasse Le Robot Sauvage, Vice-Versa 2, Mémoires d'un Escargot et Wallace et Gromit: La palme de la vengeance.
Le conflit israélo-palestinien s'est invité au programme, lorsque le film coup de poing sur la colonisation israélienne en Cisjordanie, No Other Land a remporté l'Oscar du meilleur documentaire.
Grand concurrent d'Anora, le thriller papal Conclave, du réalisateur austro-suisse Edward Berger, et son intrigue sur l'élection les arcanes mouvementées de l'élection d'un nouveau pape au Vatican, n'est finalement reparti qu'avec un seul Oscar, celui du meilleur scénario adapté.
The Substance, de la Française Coralie Fargeat, a remporté l'Oscar du meilleur maquillage et coiffure, pour la transformation physique impressionnante de Demi Moore en créature accro à un sérum de jouvence aux effets dévastateurs. (jzs/ats)