Le nouvel Avatar vous fera le plus grand bien
Comme chaque année, les blockbusters hollywoodiens sont pour remplir les salles et les poches des actionnaires. En 2025, les traditionnels films Marvel, le retour de Superman, les dinosaures de Jurassic World, ou encore la conclusion de la saga Mission: Impossible ont tous rencontré un beau succès. Cependant, il existe un blockbuster pour les gouverner tous et dans les dollars les lier: Avatar du réalisateur James Cameron (Titanic).
Sorti en 2009, Avatar avait tout écrasé sur son passage, générant 2,9 milliards de dollars au box-office, soit à ce jour, le film le plus rentable de tous les temps. Fer de lance des films en relief et pinacle de la performance capture, où des capteurs placés sur le visage et le corps des acteurs permettent de reproduire virtuellement chacun de leurs mouvements et toute leur palette d’émotions, Avatar était un miracle de technologie. La planète Pandora et son peuple indigène représentaient un chamboulement technique dans l’histoire du cinéma, au même titre que le T.Rex en images de synthèse de Jurassic Park.
Une suite directe
Quatre années d’écriture et une décennie d’innovations techniques plus tard (nécessaires pour rendre possible la performance capture sous l’eau), Avatar: La Voie de l’eau finit par sortir en 2022. Et c’est ce 17 décembre que paraît son troisième volet, intitulé De Feu et de Cendres. Si trois ans séparent la sortie des deux films, seules quelques semaines se sont écoulées dans la chronologie entre le deuxième et le troisième opus: il s’agit d’une suite directe, contrairement aux quinze ans qui séparaient le premier film de La Voie de l’eau.
Ceux qui s’attendent à un dépaysement total, comme celui vécu en 2022 en passant de la jungle bioluminescente à la beauté des fonds marins, devront donc ronger leur frein: Avatar : De Feu et de Cendres conserve son cadre maritime. L’histoire demeure en effet implantée au sein de la tribu Metkayina, ce peuple lacustre vivant en osmose avec les Tulkuns, ces gigantesques baleines chassées par les humains de la RDA pour leur «Amrita», une substance permettant de ralentir le vieillissement, vendue à prix d’or sur Terre.
Quant à Jake Sully (Sam Worthington), dont la famille est en deuil après la mort de leur fils aîné, il reste activement recherché par la RDA et le colonel Miles Quaritch (Stephen Lang). La compagnie coloniale est bien décidée à retrouver celui qui a mené le soulèvement des autochtones, provoqué de nombreuses pertes humaines et forcé la RDA à quitter Pandora pendant plus d’une décennie.
Quaritch, mort et ressuscité sous forme de Na’vi dans le deuxième volet, demeure tiraillé entre sa soif de vengeance envers Jake et son rôle de père depuis la découverte de sa filiation avec Spider (Jack Champion), un adolescent humain adopté par la famille Sully.
Des étoiles dans les yeux
Comme cité plus haut, le long-métrage est donc dans la parfaite continuité du précédent, et se présente donc comme un «Avatar 2,5.» Une volonté de la part de James Cameron de vouloir boucler les enjeux mis en place par La Voie de L'eau. Au micro du podcast CrewCall, le réalisateur et scénariste James Cameron a affirmé qu’un nouvel arc narratif devrait bientôt débuter dans la franchise avec le quatrième et cinquième volet, prévu respectivement pour 2029 et 2031.
La véritable nouveauté viendra d'une nouvelle tribu, le Peuple des cendres, menée par la fougueuse Varang (Oona Chaplin). Une performance d'actrice impressionnante, rendant les Na'vi que l'on avait connus pacifistes réellement terrifiants. Un choix qui rend l'univers d'Avatar moins manichéen et beaucoup plus crédible.
Le film fournit son lot d'images hallucinantes de réalismes, tant au niveau des décors que du jeu des acteurs, nous faisant parfois oublier qu'il ne s'agit que de pixels. Avatar: De Feu et de Cendres reste un sommet de divertissement familial au-dessus de la majorité des blockbusters actuels. L'écocide, thème central de cette fable écologique, résonne toujours autant, et devrait continuer à sensibiliser ses plus jeunes spectateurs.
Voyage en terre plus si inconnue
Cependant, les haters devraient une fois de plus trouver de quoi y casser du sucre, tant ce troisième volet recycle largement ce qui a déjà été vu précédemment. Le dernier tiers du film est littéralement un mélange du premier et du deuxième volet, et l'ensemble peine à se renouveler en dehors d'une impressionnante séquence mettant en scène un peuple de marchands nomade se déplaçant à bord d'une étonnante créature à mi-chemin entre le ballon dirigeable et une gigantesques méduse volante.
Quant à l’aspect mystique, le bouchon est poussé un cran plus loin, avec des séquences dignes d’une consommation d’ayahuasca. Kitsch, certes, mais pas illogique: Avatar s’inspire ouvertement des peuples autochtones, notamment des aborigènes et de leurs diverses cultures, qui ont toutes pour point commun un rapport profond à la nature et aux esprits.
Bien qu’on puisse regretter ce manque de renouvellement, on ne s’ennuie pas une seule seconde devant ce troisième volet, et ce malgré sa durée gargantuesque de trois heures et quinze minutes. Le rythme est mené tambour battant, avec un équilibre parfait entre action, scènes intimistes et odes à la nature foisonnante de Pandora.
Le film déploie toute la maestria de James Cameron ainsi que celle des centaines d’artisans et techniciens ayant travaillé sur ce projet. Mais au-delà des prouesses techniques, ce sont les comédiens qui restent le véritable cœur du film, comme le prouve une fois de plus Zoe Saldaña, bouleversante en Neytiri endeuillée, interprétée avec une justesse remarquable.
Malgré le sentiment un peu frustrant d’évoluer dans un univers désormais familier, Avatar: De Feu et de Cendres offre une épopée grandiose, portée par des personnages et un univers d’une richesse surprenante. A l’heure où les blockbusters ont tendance à proposer des films génériques, James Cameron continue de livrer un cinéma universel, ambitieux et épique, porté par le désir d'émerveiller. Et par cette grisaille hivernale, croyez-moi: ce petit séjour sur la lune de Pandora vous fera le plus grand bien.
Avatar: De Feu et de Cendres de James Cameron est à voir au cinéma depuis le 17 décembre. Durée: 3h15.
