Dans les années 1960, rien ne va aux USA, la guerre froide a frôlé l'apocalypse nucléaire, les Etats-Unis s’enlisent au Vietnam et la Russie a déjà envoyé un homme dans l'espace. Pour redorer le blason du pays, John F. Kennedy en a fait la promesse: «l'homme va marcher sur la lune». Ce que fera l'équipage d'Apollo 11 le 21 juillet 1969. Enfin, c'est ce qu'on veut vous faire croire, diront certains…
Eh oui, car une des plus fameuses théories du complot raconte que les images du Buzz Aldrin et Neil Amstrong foulant le sol lunaire auraient été tournées en studio, par Stanley Kubrick lui-même, afin de servir les Etats-Unis durant la course à l'espace avec la Russie.
C'est donc de cette rumeur que part le postulat de To the Moon (dont le titre original est Fly Me to the Moon en comme la chanson de Frank Sinatra). Si le voyage sur la lune a été abordé des dizaines de fois au cinéma, cette comédie a l'intelligence d'aborder avec humour l’une des théories conspirationnistes les plus populaires tout en la torpillant de l’intérieur.
Le long-métrage prend donc place en 1969 et raconte comment Kelly Jones (Scarlett Johansson), une experte en communication sans scrupules, est engagée dans l'ombre du gouvernement américain pour redorer le blason de la Nasa à quelques mois de la première tentative d’alunissage.
La voilà partie pour Cap Canaveral, où ses méthodes de marketeuse vont considérablement agacer le directeur de la mission Apollo 11 (Channing Tatum), un éternel idéaliste. Alors que la vraie mission se prépare, elle se retrouve chargée d'organiser en urgence et en cachette le tournage secret d’un faux alunissage, au cas où le vrai se déroulerait mal.
Aux commandes de cette comédie romantique faussement historique, on trouve Greg Berlanti, le réalisateur de deux bonnes comédies, Bébé mode d'emploi (2010) et Love, Simon (2018).
Devant la caméra, le duo que campent Scarlett Johansson et Channing Tatum est bourré de charme, tiraillé entre leur attirance mutuelle et leurs relations de travail que tout oppose. Si le potentiel comique de Channing Tatum n'est plus à démontrer (je vous invite à voir les excellents 21 Jump Street et sa suite), voir Scarlett Johansson incarner un personnage espiègle est un vrai plaisir à tous les étages.
Si la plupart des comédies romantiques sorties dernièrement tenaient plus de la guimauve que d'une bonne comédie, To The Moon a le mérite d'être un film vraiment drôle. Par son duo principal et leurs joutes verbales, où par certains personnages cocasses, tels que le réalisateur mégalo qui pastiche Stanley Kubrick, chargé de filmer l'entourloupe.
Ce qui saute aux yeux lors du visionnage de To the Moon, c'est sa reconstitution exemplaire de l’époque. Le long-métrage semble avoir été réellement tourné dans les installations de la Nasa à Cap Canaveral et Huston, tant le moindre détail a été pensé. Les amateurs des séries Mad Men, ou de la première saison de For all Mankind apprécieront particulièrement ce retour à l'âge d'or du design, que ce soit par les décors ou les costumes.
Il faut savoir que la Nasa a énormément collaboré avec l’équipe de production du film pour que la réalité colle à la fiction.
Une volonté d'authenticité étonnante de la part de l'agence américaine de l'aérospatiale, puisque le film prend le parti de semer le doute dans la tête du spectateur quant à la véracité des faits, quitte à faire croire aux plus crédules à l'un des plus gros hoax de l'histoire en mettant en scène cette affaire de faux alunissage filmé en parallèle.
Car si le film joue, avec intelligence, d'une légende urbaine encore d'actualité dans les sphères complotistes, To the Moon est avant tout un très bon film sur la conquête spatiale, axé sur ce moment historique qui a été retransmis en direct sur les télévisions du monde entier. Un petit pas pour l'homme, mais un grand pour l'humanité que le film reproduit de manière particulièrement émouvante. Un petit rappel que le passé n'a jamais été aussi présent.
>> To the Moon de Greg Berlanti est sorti sur les écrans le 10 juillet 2024. Durée: 2h 11m